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(93) À la Courneuve, la pépinière d’entreprises est parée pour le programme Entrepreneuriat quartiers 2030

(93) À la Courneuve, la pépinière d’entreprises est parée pour le programme Entrepreneuriat quartiers 2030
Le président d'Initiative France, Guillaume Pépy (à gauche) a rencontré des entrepreneurs du 93
Publié le 02/05/2024 à 17:12
En déplacement à La Courneuve le 29 avril, le président du réseau Initiative France, Guillaume Pépy, est venu présenter aux entrepreneurs et à la presse ce dispositif visant à soutenir les quartiers prioritaires de la ville, dont 35 sont situés en Seine-Saint-Denis. Les acteurs du département comptent sur ce plan pour faire reculer les difficultés sociales et économiques qui minent le territoire.

Faire des quartiers prioritaires des « territoires dopportunités ». Cest lune des principales ambitions du programme national « Entrepreneuriat quartiers 2030 » lancé le 28 mars par BpiFrance avec le soutien de lÉtat et de la Caisse des dépôts. Dans ce contexte, la branche séquano-dionysienne du réseau national Initiative France, spécialisé dans le soutien et laccompagnement de créateurs et repreneurs dentreprises, organisait à la Courneuve le 29 avril une rencontre dédiée à l'entrepreneuriat dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville.

Implantée depuis 2005 au cœur de la cité des 4000, la pépinière dentreprises de la Courneuve, gérée par la Maison économique de l’initiative locale (Miel), est la vitrine de cette dynamique entrepreneuriale qui se tisse progressivement dans cette zone, en pleine rénovation urbaine. Cest là que tout a commencé pour Madame la présidente, Quelle crèche, Le beau thé ou encore Leviathan Dynamics. Ces quatre structures ont toutes été financées et accompagnées par le réseau national Initiative France, en particulier sa branche locale, Initiative Seine-Saint-Denis. Les six entrepreneurs à lorigine de ces sociétés ont reçu la visite de plusieurs acteurs et partenaires locaux du réseau associatif – Guillaume Pépy, président d’Initiative France a fait le déplacement.

Le réseau accompagne les créateurs et repreneurs dentreprises tout au long de leur projet, mais leur apporte surtout un soutien financier, via des prêts dhonneur. Une enveloppe de 150 millions deuros sera dédiée à ce dipositif dans le cadre du plan Entrepreneuriat quartiers 2030. Entre 2019 et 2023, le précédent projet de stimulation de l’entrepreneuriat de BpiFrance, intitulé « Entrepreneuriat pour tous », a permis la création de plus de 32 000 entreprises grâce à un budget de 500 millions d’euros.

« On accompagne absolument tout le monde, peu importe le secteur, la formule juridique, la taille de lentreprise ou le cursus de lentrepreneur, assure Baptiste Journet, directeur d’Initiative France Seine-Saint-Denis. On suit les personnes qui viennent de quartiers prioritaires de la politique de la ville ou qui sont éloignés de lemploi. Ce fameux prêt à taux zéro que nous distribuons apporte un complément dapport personnel, que les entrepreneurs des quartiers prioritaires ont un petit peu moins par rapport à dautres endroits. »

« Notre boussole, cest créer de lemploi »

Amis d’enfance, Souheil Ben El Fekih et Joan Lelong ont fondé Quelle crèche en 2020, une plateforme qui simplifie laccès aux crèches privées pour les familles et accompagne également les entreprises à la mise en place dun mode de garde pour leurs collaborateurs. « Aujourdhui, on dispose dune équipe dune dizaine de personnes, dont on est fier », se félicite Souheil Ben El Fekih. Les deux entrepreneurs qui « connaissaient le monde de lentreprise mais pas celui de l'entrepreneuriat » ont su tirer un avantage de laccompagnement apporté par Initiative Seine-Saint-Denis. « Le maillage sest bien fait. Il y a vraiment de lentraide. »

Avec Madame la présidente, gamme de produits capillaires élaborés avec des produits naturels, Meriem Khali-Malone, maman de trois enfants, a pu se verser un salaire au bout de deux ans dactivité. Et la société a été « rentable au bout de six mois », a précisé lentrepreneure, qui a embauché 20 salariés depuis son arrivée dans la pépinière il y a six ans.

 « Le réseau Initiative France sinscrit dans une dynamique de création demplois et aussi dimpact social, détaille Baptiste Journet. On a par exemple créé le label Initiative remarquable qui vient labelliser ces entreprises engagées dans cette typologie de recrutement. Si on accompagne les entreprises, cest avant tout pour créer de lemploi, cest notre boussole. Si une entreprise du territoire nous prouve quelle va créer plus demplois, on sera capable dintervenir et de mettre plus de prêts dhonneur sur la table. »

Le réseau est aussi attentif à l’ancrage pérenne des entrepreneurs sur le territoire. « La Seine-Saint-Denis est une terre daccueil avec des talents qui viennent de partout. Et à Plaine Commune [établissement public territorial qui regroupe neuf villes de Seine-Saint-Denis, ndlr], on est ouverts à tout le monde, assure Shems El Khalfaoui, président de la Miel et second adjoint au maire de Saint-Denis. Peu importe doù viennent les créateurs, du moment quils amènent dans la pépinière une activité qui serait capable de créer de lemploi, une dynamique, ainsi quune attractivité territoriale, car cest un enjeu important. Un de nos combats est d’être dans un équilibre. »

Comment attirer les investisseurs de lautre côté du périph ? 

À laune des Jeux olympiques, attirer les investisseurs dans ce territoire demeure un défi. Avec 35 quartiers prioritaires de la ville recensés dans le département, la Seine-Saint-Denis reste lun des territoires de lHexagone qui concentre le plus de difficultés économiques et sociales, selon la dernière cartographie de l'État, actualisée en décembre dernier. D’après une enquête de la Cour des comptes datée de 2022, la diversité des dispositifs mis en place pour favoriser lemploi dans les quartiers prioritaires de la ville - emplois francs, garanties jeunes, etc. - ne permet pas de réduire les inégalités avec les autres quartiers. Ou avec la capitale adjacente.

Le directeur dinitiative Seine-Saint-Denis, Baptiste Journet, reconnaît que la dernière étape de financement est celle où il constate une « énorme différence entre ce qui se fait à Paris intra-muros et de lautre côté du périphérique, en particulier dans le 93 ».  « Pour les banques, il ny a pas de problème, précise-t-il. Mais il y a cette problématique de levée de fonds, sur laquelle on travaille.  Le chemin est long mais en tant quacteur local, on essaie de faire changer les mentalités en montrant quici on a de très belles boîtes, qui créent de lemploi, qui font du chiffre daffaires et qui sont rentables. » L’horizon pourrait bientôt s’éclaircir. Sans préciser lesquels, Shems Al Khalfaoui, président de la Miel, annonce travailler en ce moment sur des partenariats de levée de fonds avec des grands noms.

Yslande Bossé

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