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Il n'y a pas une, mais des inflations

Il n'y a pas une, mais des inflations
Publié le 09/05/2024 à 16:00

Les inflations, en choisissant le pluriel pour le titre de ce stimulant opus collectif de la Revue d’économie financière, n°153, les directeurs de publications Hans Helmut Kotz* et Jean-Paul Pollin** soulignent le point commun des réflexions des contributeurs de l’ouvrage : l’inflation, comme son surprenant retour, est loin de se résumer à un phénomène univoque.

En effet, ce qui, de ces analyses, parait le plus dominant reste, à la fois, l’hétérogénéité des « Histoires d’inflations », et les différences entre les pays et les catégories de revenus. La dispersion des situations des États membres est une autre manifestation de la multiplicité du problème (l’écart type de l’inflation sous-jacente passant de 1,7 en moyenne historique à 6,5 en 2023 !).

L’inflation ainsi que les discussions sur ses origines reste un sujet récurrent qui continue d’entretenir de nombreuses polémiques entre les économistes les plus éminents. Cette nouvelle parution de la REF apporte de précieux éclairages en quatre chapitres particulièrement documentés.

Après un rappel du contexte historique et des différences entre les pays de l’Union monétaire européenne, les États-Unis, et les économies émergentes, sont exposées les raisons du retour de l’inflation d’un point de vue analytique. Aux termes de leurs thèses, les auteurs ouvrent des perspectives sur des politiques à mettre en œuvre pour revenir à la stabilité des prix. Ce qui demeure le principal objectif des banques centrales.

« […] Rares sont ceux qui ont vu revenir l’inflation : la hausse soudaine et brutale des niveaux de prix dans le monde entier a été sous-estimée tant par les intervenants de marché, les analystes, que les banques centrales elles-mêmes ». Les experts, de leur côté, continuent à débattre sur le caractère transitoire ou permanent de la situation comme sur ses causes profondes : demande, offre, changements structurels ?

En revanche, pour tout le monde, apparait comme inexorable – eu égard aux tensions géopolitiques, comme à l'ampleur que prennent les sujets liés à la sécurité nationale, à la transition verte et numérique – une tendance lourde vers une inflation sous-jacente plus élevée.

Avec une prolongation de la crise du coût de la vie et des coûts politico-économiques qui l’accompagnent et bien qu’il s’agisse d’un phénomène monétaire, l’inflation est : « un symptôme de difficultés économiques, sociales et politiques réelles. » (Toblin 1987). Une évolution que Pascal Blanqué*** a qualifiée de son côté de « changement de régime ».

Jean-Louis Chambon
Président d’honneur du Prix Turgot

* Hans Helmut Kotz : Harvard University, resident fellow
** Jean-Paul Pollin : Professeur émérite université d’Orléans
*** Pascal Blanqué : Les aventures de l’inflation, Calmann Lévy 2024

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