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La vice-bâtonnière du barreau de Paris, Nathalie Roret, nommée directrice de l’École nationale de la magistrature

La vice-bâtonnière du barreau de Paris, Nathalie Roret, nommée directrice de l’École nationale de la magistrature
Publié le 19/10/2020 à 12:06

Le 7 octobre dernier, la vice-bâtonnière de l’Ordre du barreau de Paris, Maître Nathalie Roret, a été nommée, en conseil des ministres, 17e directeur de l’École nationale de la magistrature. Elle succède à ce poste à Olivier Leurent, désormais président du tribunal judiciaire de Marseille.



Une chose est sûre, le nouveau ministre de la Justice, Éric Dupond Moretti, n’a pas peur de bousculer les codes. Suite à la nomination de l’ancien directeur de l’École nationale de la magistrature (ENM), Olivier Leurent, à la présidence du tribunal judiciaire de Marseille, il a fallu désigner un remplaçant. Et c’est une remplaçante que l’ancien avocat pénaliste, désormais garde des Sceaux, a proposée au président de la République le 21 septembre dernier, en la personne de Nathalie Roret, avocate et vice-bâtonnière du barreau de Paris. Une proposition qui, deux mois seulement après la prise de fonction d’Éric Dupond-Moretti, n’a pas manqué de faire réagir les magistrats.


En effet, la nomination de Nathalie Roret à la tête de la prestigieuse école est inédite à deux titres : d’une part, c’est la première fois qu’une femme prend la direction de l’ENM ; d’autre part, jusqu’ici, seul un magistrat avait été nommé à ce poste.


Alors que le garde des Sceaux fait déjà face à la fronde de la profession – laquelle dénonce, dans le cadre d’une enquête menée par le Parquet national financier, un conflit d’intérêts du ministre de la Justice dans l’affaire dite des « fadettes » –, cette décision fait grincer des dents l’Union syndicale des magistrats.


Toutefois, en réaction à cette annonce, l’ENM a rappelé dans un communiqué le lien qui relie avocats et magistrats : « la formation des magistrats privilégie et entretient au quotidien les échanges interprofessionnels avec l’ensemble de leurs partenaires, au premier rang desquels les avocats ».


 

« JE VEUX RAPPELER QUE CETTE ECOLE N’EST PAS L’ECOLE DES MAGISTRATS, MAIS CELLE DE LA MAGISTRATURE »


Expliquant son choix le 21 septembre dernier, le ministre de la Justice s’est appuyé, lors de son annonce, sur les propos du « grand directeur » qu’a été Olivier Leurent. Fraîchement nommé à la tête de l’ENM, celui-ci avait déclaré : « l’avocat n’est pas l’adversaire du magistrat, mais un partenaire qui concourt à l’œuvre de justice ». Car pour le ministre aussi, « Une justice de qualité ne peut être rendue sans le concours des avocats ». « Je veux rap peler que cette école n’est pas l’école des magistrats, mais celle de la magistrature », a-t-il martelé dans son discours.


Alors que l’ancien avocat avait annoncé, dans son ouvrage Le dictionnaire de ma vie paru en 2018, plaider pour la suppression de l’école au profit d’une formation commune entre avocats et magistrats, ce dernier prône l’ouverture de l’ENM : « Jai dit lors de mon installation que je naurai pas le temps d’opérer une refonte totale, mais je ne renonce certainement pas à ouvrir davantage cette école », a-t-il déclaré. Le locataire de la place Vendôme entend donc proposer des pistes d’amélioration dans l’intérêt national, et a ainsi annoncé vouloir « rompre avec des traditions surannées », « rompre avec la tentation du vase clos et de l’entre-soi », en renforçant l’apprentissage chez les futurs magistrats « d’une vraie culture du contradictoire ». C’est désormais à Nathalie Roret, « une femme d’exception », a souligné le garde des Sceaux, et avocate, donc, que revient cette lourde tâche.


 


QUI EST NATHALIE RORET ?

Nathalie Roret a prêté serment en décembre 1989. Spécialisée en droit pénal, « notamment sur les questions de conformité et responsabilité pénale en droit des affaires et en matière de santé publique, d’environnement et de cybercriminalité », précise l’ENM sur son site, elle est formée aux modes alternatifs de règlement des différends. D’abord collaboratrice puis associée, elle a créé sa structure en 2020. En plus de sa fonction d’avocat, elle intervient aussi régulièrement en qualité de médiateur.


Élue vice-bâtonnière de l’Ordre du barreau de Paris fin 2019 aux côtés du bâtonnier Olivier Cousi, Maître Nathalie Roret a été membre du Conseil de l’Ordre (2010-2012) et du Conseil national des barreaux (2015-2017). Elle est par ailleurs membre du Comité d’éthique du barreau de Paris, du conseil d’administration du Fonds de garantie des victimes du terrorisme et autres infractions, ainsi que du conseil d’orientation de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP). 


« La richesse de son parcours, son appétence pour l’enseignement, son engagement aux côtés du justiciable notamment dans le domaine de la médiation, sont les garants des qualités qu’elle exprimera à la tête de cette école », a déclaré le ministre de la Justice le 21 septembre. Ce dernier compte désormais sur elle pour « mettre en œuvre, avec le conseil d’administration, les nouvelles orientations de l’école ». Pour rappel, l’ENM accueille environ 500 élèves magistrats en formation initiale et a contribué à former en 2020 plus de 10 000 personnes (juges consulaires, magistrats exerçant à titre temporaire, conseillers prud’hommes, conciliateurs, délégués du procureur, assesseurs des pôles sociaux…).


Se disant « très honorée » par sa nomination, Nathalie Roret a, de son côté, annoncé sur Twitter, le 8 octobre dernier, avoir « hâte de rejoindre les équipes de l’ENM afin de contribuer, ensemble, à l’œuvre de justice ».


Constance Périn


 


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