DROIT

Legal ops, digital ethic officers… ces nouveaux métiers juridiques qui offrent des perspectives dans les entreprises

Legal ops, digital ethic officers… ces nouveaux métiers juridiques qui offrent des perspectives dans les entreprises
Publié le 04/05/2024 à 14:30

Apparus à la faveur de la transformation des directions juridiques, ils sont désormais une alternative aux débouchés plus classiques du droit. Mais si ces professionnels sont reconnus comme des alliés de taille, le recrutement n’est pas encore massif.

Selon un rapport de Gartner, cabinet de conseil et de recherche spécialisé dans les nouvelles technologies, l'intelligence artificielle devrait créer aux alentours de 500 millions d'emplois d'ici 2033, sans compter la proportion de nouveaux métiers qui devraient émerger pour répondre à de nouveaux besoins. Une tendance qui devrait affecter pratiquement tous les secteurs du milieu professionnel, y compris le domaine juridique.Haut du formulaire

Au sein de ce dernier, le legal operations officer, ou « legal ops » pour les intimes, chargé d'optimiser l’organisation et les performances des directions juridiques pour permettre aux juristes de se concentrer sur les tâches à forte valeur ajoutée, est apparu en France il y a quelques années et fait de plus en plus parler de lui. « Il y a une volonté d’efficacité et de simplification », assurait ainsi Alexia Delahousse, directrice juridique chez Qonto, startup spécialisée dans le domaine des paiements, lors du Forum des carrières juridiques, le 28 mars dernier, au Carrousel du Louvre.

Legal ops, un métier reconnu… mais pas si répandu

En effet, les directions juridiques sont aujourd’hui en pleine transformation, notamment face au développement des technologies juridiques et en raison de la quête de positionnement stratégique par les entreprises. Chez Qonto, au sein de la direction juridique qui compte une vingtaine de personnes, une legal ops a été recrutée pour être également référente juridique sur les questions liées à l'intelligence artificielle, témoigne Alexia Delahousse. « C’est intéressant de faire fusionner ces deux expertises juridiques en matière d'intelligence artificielle, des synergies évidentes pour les deux postes ». Haut du formulaire

Cependant, si 90 % des juristes d’entreprise s’accordent sur l’efficacité de ce nouvel allié au rôle grandissant, selon une étude Dilitrust menée avec l’Association française des juristes d’entreprise (AFJE) en juillet dernier, pour un tiers des répondants à l’enquête, cette fonction existe déjà sous d’autres formes au sein de la direction juridique et seules 3, 6 % des entreprises projettent de recruter un Legal Ops.

Des statistiques confirmées par Alexia Delahousse : « Le besoin d'avoir spécifiquement un legal ops n'est pas encore très répandu. Une majorité d'entreprises recherchent notamment des personnes polyvalentes qui peuvent s'occuper de plusieurs tâches », regrette-t-elle. Sur ce point, la France accuserait un certain retard, en comparaison avec certains de ses voisins comme l'Angleterre, estime la directrice juridique.

Le digital ethic officer, futur DPO de l’IA

Parmi les professions émergentes liées au juridique, le digital ethic officer intervient, comme son titre l’indique, sur les « problématiques d'éthique digitale ». Ce métier, qui vise à « mettre en place des normes au niveau de l’entreprise pour que l’usage que l’entreprise fait de l’intelligence artificielle et, de manière générale, ses outils, soient conforme à certaines pratiques d’éthique », explique Alexia Delahousse, « n’existait pas il y a dix ans », et commence lui aussi à se faire une place.

En raison des nombreuses questions éthiques soulevées par l'IA,  cette fonction devrait, selon la directrice juridique, continuer à se développer dans le futur, pour devenir « le DPO (délégué à la protection des données) de l’intelligence artificielle et de la digitalisation ».

De quoi le qualifier, selon Big média, de « prochain poste indispensable ». Dans un article d’août 2022, le média de Bpifrance évoque un rôle de « chef d’orchestre », puisque le digital ethic officer est chargé de diffuser une culture éthique au sein de chaque service digitalisé – soit « dans presque tous les départements ». « L’éthique du numérique, on commence à en parler quand il est trop tard. Pourtant, cela représente un risque d’image très fort. Toute entreprise devrait s’assurer que les valeurs qu’elle défend se retrouvent dans ses pratiques digitales. » rapporte ainsi Candice Van Lancker, directrice confiance et éthique du numérique au sein du groupe VYV.

Des passerelles entre les métiers du droit

Pour Alexia Delahousse, le domaine du droit offre donc une grande diversité de carrières. « On n'est pas du tout enfermé dans un seul métier car les passerelles entre les métiers du droit sont multiples », témoigne-t-elle.

Si la directrice juridique a travaillé comme avocate dans des cabinets pendant une dizaine d'années, elle n’a jamais caché son désir de diversification : « Je n'avais pas envie de rester indéfiniment avocate, ce qui, quand on fait des études de droit, est souvent le premier choix. Aujourd’hui, il y a de nombreux métiers, très riches, intéressants, nouveaux et porteurs ».

Le domaine du droit est par ailleurs « un terreau fertile pour l'innovation », estime-t-elle. Selon Alexia Delahousse, alors que l’IA est déjà moteur de changement dans le monde juridique, il devrait continuer à bouleverser ce secteur ces prochaines années, offrant de nouvelles opportunités professionnelles.

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Romain Tardino

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