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Les jeunes, une priorité pour relancer l’économie

Les jeunes, une priorité pour relancer l’économie
Publié le 27/07/2020 à 10:05



En conclusion de trois jours de débats animés, les Rencontres économiques Aix en Seine ont publié une déclaration présentant leurs propositions pour relancer l’économie. La jeunesse, population particulièrement fragile, en est à l’avant-poste, avec des mesures très ambitieuses.


« Notre jeunesse doit être la priorité de cette relance », insistait Emmanuel Macron, le 14 juillet, lors de son interview télévisée. Une priorité partagée par le Cercle des économistes et relayée lors des Rencontres économiques Aix en Seine dès le dimanche 5 juillet. L’urgence est bien là, car ce sont 700 000 à 800 000 étudiants qui vont arriver sur le marché du travail à la rentrée et qui risquent de rester sur le carreau sans un coup de pouce du gouvernement. En effet, on sait qu’en période de crise, le chômage des jeunes augmente plus fortement que celui du reste des actifs. Et en avril, la tendance s’est à nouveau confirmée : la hausse record observée sur ce mois (+22,6 % de personnes inscrites en catégorie A) a été encore plus marquée chez les moins de 25 ans, qui étaient 149 800 de plus à n’avoir eu aucune activité, soit une hausse de 29,4 %. Mais comment aider ces jeunes à trouver un emploi ? Et comment inciter les entreprises à embaucher alors que la conjoncture économique est défavorable ?


 


Obligation de recruter un jeune en fin d’études


Au terme de trois jours de débats lors des Rencontres économiques Aix en Seine, 15 propositions ont été formulées pour contrer l’envolée du chômage et ce, principalement chez les jeunes. La Fage (1er syndicat étudiant) et l’Unef se sont d’ailleurs joints à cette déclaration exprimant le point de vue de plus de 300 personnalités du monde académique, économique, politique et social de toutes sensibilités pour un plan de relance ambitieux.


Les mesures pour la jeunesse sont résumées dans l’axe n° 1. La principale demande est que tous les chefs d'entreprise s'engagent, avant la fin juillet, à recruter au moins un jeune en fin d'études. « Ce recrutement sera pris en charge totalement ou partiellement par l'État pour une durée d'un an », propose la déclaration finale des Rencontres, également signée, entre autres, par le cabinet de recrutement Mozaïk RH ou la fondation catholique Les apprentis d'Auteuil. Selon leurs calculs, cela coûterait entre 5 et 6 milliards d'euros à la collectivité.


Mais le gouvernement, lui, préfère miser sur l’incitation plutôt que sur l’obligation. En effet, le 23 juillet, il présentait son plan « Un jeune, une solution », assorti d’une enveloppe globale de 6,5 milliards d’euros sur deux ans. Ce paquet de mesures comprend une aide pour l’apprentissage offrant aux entreprises 5 000 euros si elles embauchent un apprenti ou un contrat de professionnalisation mineur, et 8 000 euros si la personne est majeure. D’autre part, pour aider les entreprises qui hésitent à embaucher, le gouvernement va instaurer une prime pour tout jeune de moins de 25 ans recruté entre août et janvier sur un contrat d’au moins trois mois jusqu’à deux Smic. Cette « compensation de cotisations » sera de 1 000 euros chaque trimestre pendant un an maximum. Le gouvernement préfère donc faciliter l’embauche des jeunes que de l’imposer comme le recommande la déclaration  des Rencontres économiques.


 


Formations rémunérées au RSA


Pour les jeunes qui, malgré ces mesures, n’auraient pas trouvé d’emploi, les Rencontres préconisent qu’ils suivent une formation pour une durée d'un an tout en étant rémunérés au RSA. Et s’ils sont peu qualifiés, il faudrait multiplier par dix toutes les formations de requalification, afin de les orienter vers les secteurs créant de l'emploi.


Sur ce point, le chef de l’État rejoint les Rencontres et met également l’accent sur la formation. Il veut permettre à un jeune « qui n'a aucune perspective d'embauche » de poursuivre un peu ses études, avec un accompagnement social, pour faciliter son insertion dans le monde du travail. Le 14 juillet, il a annoncé : « On va permettre à des jeunes qui devaient rentrer sur le marché du travail de, peut-être, compléter leur formation, d'avoir un semestre ou une année d'études en plus. » Ce sont donc 100 000 formations qualifiantes ou pré-qualifiantes qui seront proposées « dans les métiers d’avenir » (transition écologique, santé, numérique, secteurs prioritaires du plan de relance). Les moins de 25 ans sans qualification pourront de plus accéder d’ici la fin de l’année à une offre de formation qualifiante entièrement financée par le service public. Cependant, la possibilité de rémunérer ces jeunes en formation, comme le recommande les signataires de la déclaration, n’a pas été évoquée.


 


Des mesures pour le logement d’Aix en Seine


Autre point majeur pour la jeunesse selon les Rencontres économiques Aix en Seine : le logement. Les signataires réclament une « garantie de logement » alors que « la difficulté à se loger bloque la mobilité géographique des salariés », a expliqué l'économiste Patrick Artus. Les Rencontres veulent pour cela « baisser ou au minimum lutter contre la hausse des prix de l’immobilier en régulant le prix du foncier en allongeant la durée des prêts immobiliers, en supprimant la TVA pour la première acquisition et en organisant des opérations de démantèlement entre foncier et bâti, et/ou entre usufruit et nue-propriété ». Une thématique que l’exécutif n’a pas abordée dans ses annonces. En revanche, le président a prévu des « mécanismes nouveaux », comme la création de 300 000 contrats d’insertion pour aider les jeunes les plus éloignés de l’emploi dont 60 000 contrats aidés dans le secteur marchand. Il souhaite aussi ajouter 100 000 services civiques aux 140 000 déjà existants afin de donner aux jeunes une solution de repli et tenter de n’en laisser aucun sur le carreau. Espérons que ces mesures, bien que moins ambitieuses que celles portées par les Rencontres économiques, porteront leurs fruits.


 


Maïder Gérard


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