Alors que 14
suicides ont eu lieu dans la prison de Fleury-Mérogis (91) en 2018, des détenus
ont été formés tout l’été pour aider et détecter les prisonniers en souffrance,
dans le cadre d’un plan national de prévention du suicide initié par
l’administration pénitentiaire. Le 3 septembre dernier, certains volontaires
ont ainsi reçu un diplôme de « codétenu de soutien ».
La maison d’arrêt de Fleury-Mérogis, dans le
département de l’Essonne, est la plus grande d’Europe, avec plus de 4 000
détenus. Ici, le taux de surpopulation est moins élevé que dans de nombreuses
autres prisons en France. Pourtant, le nombre de suicides, et tentatives de
suicide a explosé en 2018. Ainsi, 14 personnes, 13 détenus et un gardien se
sont donné la mort au sein de l’établissement, contre seulement 3 en 2017. Et
80 autres personnes ont été sauvées in extremis.
Pour lutter contre ce fléau, un plan national
de prévention suicide a été lancé par l’administration pénitentiaire. Après
Villepinte (Seine-Saint-Denis) en 2010, Poissy (Yvelines) et Fresnes (Val-de-Marne),
Fleury a mis en place cet été un dispositif de « codétenus de soutien ».
Huit volontaires du bâtiment D1 ont été
formés tout le mois de juillet par la Croix-Rouge, pour prodiguer les gestes de
premiers secours, mais aussi à écouter et aider – grâce à des jeux de rôles –
les personnes à risque. Le 3 septembre dernier, les huit détenus volontaires
ont reçu un diplôme de « codétenu de soutien » des mains de Nadine
Picquet, cheffe d’établissement de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis,
rapporte Le Parisien. D’ici les prochaines semaines, deux des huit
codétenus de soutien iront, par roulement, se présenter aux nouveaux arrivants.
Pour la direction de l’administration pénitentiaire
(DAP), les codétenus de soutien sont une « aide humaine supplémentaire »,
mais « ne viennent pas remplacer le travail du personnel ». La
prévention du suicide en milieu carcéral passe d’abord par la formation des
employés qui effectuent, notamment, des rondes régulières, au moins toutes les deux
heures la nuit.
En outre, de nombreuses mesures de prévention
du suicide sont mises en place dans les maisons d’arrêt. Ainsi, lors de leur
arrivée en prison, les détenus sont placés dans le « quartier arrivants »
pendant huit jours. Ils passent alors une visite médicale pour faire le point
sur leur profil psychologique, indique un article publié dans l’hebdomadaire La
Vie.
Les détenus les plus fragiles peuvent
bénéficier d’un « codétenu de soutien », sur avis de l’établissement pénitentiaire
ou si le codétenu se propose de lui-même.
Lorsque la situation est jugée critique, les
détenus peuvent également être placés en cellule de protection d’urgence. Tout
ce qui se trouve dans cette pièce a été pensé pour éviter le suicide (meubles aux
bords arrondis, pyjama et linge de maison en papier…). Cependant, malgré ces
préventions matérielles et humaines, les suicides ne sont jamais inévitables.
C’est pourquoi le plan de prévention du suicide dans les prisons françaises
initié par l’Administration pénitentiaire est en constante évolution.
À Fleury-Mérogis le dispositif de « codétenus
de soutien » devrait être prochainement étendu au bâtiment D2, le plus
touché par des suicides en 2018, avant d’être généralisé sur l’ensemble de la
maison d’arrêt.
Maria-Angélica Bailly