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Une mobilisation exceptionnelle pour rebâtir Notre-Dame de Paris

Une mobilisation exceptionnelle pour rebâtir Notre-Dame de Paris
Publié le 17/04/2019 à 12:07

Dans la nuit du 15 au 16 avril, un brasier a éclairé, jusque tard dans la nuit, la capitale française. Peu avant 19 heures, un incendie a éclaté sous la charpente de la Cathédrale Notre-Dame de Paris. Une heure après, le célèbre édifice perdait sa flèche qui s’écroulait dans les flammes. Alors que l’incendie a été maîtrisé dans la nuit grâce à l’intervention de 400 pompiers, les mobilisations se sont multipliées afin de participer financièrement à la reconstitution de l’un des édifices les plus connus au monde. 

 



Notre-Dame a résisté. La cathédrale n’a pas succombé à l’incendie qui l’a assaillie peu avant 19 heures, le lundi 15 avril. La Brigade des Sapeurs Pompiers de Paris – ces « soldats du feu », comme les a appelés le président de la République –, mobilisée toute la nuit, a annoncé dans la nuit, à 3h30, que le feu était maîtrisé, et que la Cathédrale était sauvée. Mais les dommages occasionnés dans le monument historique le plus visité d’Europe sont considérables.
Sa charpente de bois du XIIIe siècle, dite « la forêt », a été ravagée par les flammes. La toiture a été détruite aux deux tiers et sa flèche, qui culminait à 93 mètres, s’est effondrée sur elle-même. « L’incendie de la Cathédrale Notre-Dame de Paris est un drame pour tous les Français », a affirmé le ministre de la Culture Franck Riester, assurant de « la totale mobilisation de l’État ».


Place maintenant à la reconstruction. « Il y a plus de 800 ans nous avons su l’édifier, et à travers les siècles la faire grandir et l’améliorer. Alors je vous le dis solennellement ce soir, cette cathédrale Notre-Dame, nous la rebâtirons. Tous ensemble. C’est une part de notre destin français. Je m’y engage : dès demain, une souscription nationale sera lancée, et bien au-delà de nos frontières. (…) et nous rebâtirons. Nous rebâtirons Notre-Dame » a annoncé le président de la République, Emmanuel Macron, sur le parvis de Notre-Dame, dans la nuit.


Sur Twitter, les messages de solidarité affluent, notamment du monde du droit : « Nous sommes tous bouleversés ! Nous participerons tous à sa reconstruction » annonçait le barreau de Paris. La présidente du Conseil national du barreau, Christiane Féral-Schuhl, appelait elle aussi « tous les avocats de France à participer à la souscription nationale annoncée par le président de la République ». Car en effet, alors que l’étendue des dégâts n’est pas encore connue, rebâtir la cathédrale va demander du temps, mais aussi beaucoup d’argent. 


 


La nef de Notre-Dame de Paris - @ Etienne Madranges



Une collecte nationale lancée par la Fondation du patrimoine


Une collecte nationale pour Notre-Dame de Paris a été lancée par la Fondation du patrimoine qui, exerçant une mission d’intérêt général de soutien au patrimoine confiée à Stéphane Bern, contribue à la sauvegarde du patrimoine français. Tous les dons reçus – déjà 1,6 million mardi 16 avril, à midi – seront intégralement versés pour la cathédrale Notre-Dame – sans frais de gestion. Comme le précise la fondation, ces dons sont en effet déductibles :


de l’impôt sur le revenu des personnes physiques à hauteur de 66 % du montant du don et dans la limite de 20 % du revenu imposable ;


de l’impôt sur la fortune immobilière à hauteur de 75 % du montant du don dans la limite de 50 000 euros. Cette limite est atteinte lorsque le don est de 66 666 euros ;


de l’impôt sur les sociétés, à hauteur de 60 % du montant du don, dans la limite de 0,5 % du chiffre d’affaires HT.


Face à l’afflux des connexions, la Fondation a du prévoir un site dédié accueillant les dons.


 


Les collectivités mobilisées


Pour participer à la reconstruction de la Cathédrale, la Ville de Paris a prévu une contribution à hauteur de 50 millions d’euros. Sa maire, Anne Hidalgo, a également annoncé vouloir tenir une conférence internationale des donateurs à Paris.
La présidente de la Région Île-de-France, Valérie Pécresse, a rapidement annoncé le déblocage de 10 millions d’euros d’aide d’urgence. Le président du département de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, a lui aussi déclaré son soutien : « Parce que Notre-Dame c’est l’Histoire de toute la France, parce que la Seine-Saint-Denis c’est Paris, je proposerai à l’assemblée départementale de voter dès ce jeudi une subvention pour participer à rebâtir », affirmait-il sur Twitter, lui qui a récemment dû faire face à des actes de vandalisme
dans la basilique de Saint-Denis.


L’Association des maires de France est elle aussi touchée par l’incendie qui a ravagé la Cathédrale, et lancera une souscription de solidarité des communes de France pour aider à la reconstruction de ce bâtiment emblématique de Paris.


 


les dons des grandes fortunes et entreprises françaises 


La famille Pinault, à la tête du groupe de luxe Kering, a annoncé qu’elle débloquerait 100 millions d’euros pour la reconstruction de l’édifice. Le groupe LVMH et la famille Arnault, mobilisés pour Notre-Dame, s’associent eux aussi « à la reconstruction de cette extraordinaire cathédrale, symbole de la France, de son patrimoine et de son unité » en promettant un don de 200 millions d’euros au fonds dédié à la reconstruction de cette œuvre architecturale. Le groupe a également déclaré mettre « à la disposition de l’État et des instances concernées toutes ses équipes, créatives, architecturales, financières, pour aider au long travail de reconstruction d’une part, et de collecte de fonds d’autre part, qui s’annonce ». Le président-directeur général du groupe Total, Patrick Pouyanné, a lui aussi annoncé sur son compte Twitter que Total, « 1er mécène de la Fondation du patrimoine, depuis plusieurs années », faisait un « don spécial de 100 millions d’euros pour la reconstruction de Notre-Dame de Paris ». Martin Bouygues a déclaré vouloir faire un don de 10 millions d’euros, tout comme l’homme d’affaires et mécène Marc Ladreit de Lacharrière (Fimalac). Bettencourt et l’Oréal, Duval et Cap Gemini, entre autres, promettent eux aussi leur participation. Plus largement, le MEDEF « appelle les entrepreneurs à se mobiliser pour contribuer à la reconstruction de Notre-Dame de Paris ». Et la liste des donateurs ne cesse de s’allonger…


 


Les cagnottes et les mobilisations se multiplient




La première cagnotte apparue sur Internet est celle lancée par le site Dartagnans, plateforme de financement participatif exclusivement dédiée au rayonnement et à la préservation de patrimoine, de l’art et de la culture en France, appelée « Notre-Dame de Paris Je t’aime ». Elle avait déjà récolté plus de 40 000 euros au lendemain midi de l’incendie, avec plus de 887 contributions venues de 40 pays.


Une autre intitulée « Financement des réparations de Notre Dame », hébergée par la plateforme Leetchi, atteignait presque les 20 000 euros la même heure, avec 845 participations. « L’intégralité de la cagnotte sera reversée directement au recteur de Notre-Dame de Paris », assurent les organisateurs.


L’Observatoire du Patrimoine Religieux a lui aussi lancé sa cagnotte sur le site « Le pot commun ». Celle-ci dépassait au même moment les 11 000 euros, avec plus de 220 participants. L’Observatoire précise cependant qu’il est « encore trop tôt pour mesurer l’ampleur des dégâts » mais qu’ « on peut considérer qu’il s’agit d’une catastrophe patrimoniale d’une ampleur que ni les guerres, ni les révolutions, ni les attentats n’avaient jamais obtenu ».


La présidente de la Ligue de Football Professionnel, Nathalie Boy de la Tour, a elle aussi annoncé le 16 avril que le football français allait se mobiliser pour aider financièrement à la reconstruction de Notre-Dame. « C’est une aide que nous allons coordonner avec l’ensemble des acteurs du football français », a-t-elle expliqué.


 


Et à l’étranger ?


À l’étranger, les messages de soutien et les Unes de journaux consacrées à l’incendie dévastateur témoignent du rayonnement de la Cathédrale à travers le monde.


Le roi de Krindjabo, capitale du royaume du Sanwi, dans le sud-est de la Côte d’Ivoire, a annoncé vouloir faire un don pour participer à la reconstruction de la Cathédrale, laquelle avait accueilli, dans les années 1700, le baptême d’un prince du royaume. Szeged, petite ville hongroise de 160 000 habitants, victime d’une inondation il y a plus d’un siècle, avait reçu à cette occasion un soutien financier de la ville de Paris pour sa reconstruction. À son tour de venir en aide à la capitale française, avec un don de 10 000 euros. Henry Kravis, co-fondateur du fonds d’investissement américain KKR, et son épouse Marie-Josée Kravis, se sont dits « attristés par l’incendie » et ont annoncé un don de 10 millions de dollars (8,85 millions d’euros). La French Heritage Society, qui s’engage à défendre le patrimoine architectural et culturel français, à New York, a elle aussi créé un fonds permettant d’accepter des dons pour les travaux de restauration nécessaires. Enfin, la directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, s’est dite elle aussi « aux côtés de la France pour sauvegarder et réhabiliter ce patrimoine inestimable ».


Le chef-d’œuvre de Victor Hugo, et la « grande flamme furieuse » qu’il décrivait, auraient-ils été dramatiquement prémonitoires ? Alors que Stéphane Bern annonçait que la reconstruction pourrait s’étaler sur quatre décennies, la Cathédrale, grâce à une mobilisation exceptionnelle, renaîtra bien de ses cendres.


 


Constance Périn


 


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