François Asselin,
président de la CGPME (Confédération générale du patronat des petites et
moyennes entreprises), et Hervé Novelli, ancien Ministre et entrepreneur,
étaient les invités de Denis Le Bossé, président du cabinet ARC, lors du
petit-déjeuner débat du cabinet animé par Jean-Marc Sylvestre. Ce rendez-vous
fut l’occasion de commenter les résultats de la 6e édition du
Baromètre annuel cabinet ARC/IFOP sur la situation économique des entreprises
et l’évolution de leur trésorerie. Ainsi, non seulement les délais de paiement
auront été abordés mais il aura aussi été question de faire un point cette
année sur la perception par les entreprises des amendes administratives, du
prêt inter-entreprises, de la dématérialisation des factures et sur leurs
relations de travail avec le secteur public.
Denis Le Bossé, président du cabinet ARC, a ouvert
ce petit-déjeuner en partageant un premier constat : un an après les
annonces d’Emmanuel Macron pour réduire les délais de paiement, via l’augmentation
et la publication des amendes administratives mais aussi l’attestation du
commissaire aux comptes, la situation ne s’est pas véritablement améliorée sur
ce front d’après le Baromètre cabinet ARC/IFOP. Alors que la politique du Name
& Shame se révèle objectivement efficace, Denis Le Bossé a déploré que
les mesures prévues n’aient pas été suffisamment appliquées : seules 22 amendes ont été publiées
en 2016 pour
2 500 contrôles de la DGCCRF et
le décret sur le rôle du commissaire aux comptes, très attendu par les
entreprises, a tardé à être publié. Dans ce contexte, les TPE et PME manquent
toujours de fonds propres et continuent de rencontrer des difficultés pour
financer leur trésorerie du fait du désengagement des banques constaté par 70 % des entreprises, qui,
pour 41 % d’entre elles, ne sollicitent même plus l’aide de leur
partenaire bancaire tant elles sont convaincues d’un retour négatif de leur
part. Pour remédier à leur manque de trésorerie, les TPE et les PME allongent
donc toujours et encore leurs délais de paiement fournisseurs et alimentent
ainsi une spirale, à l’origine de 25 % des faillites.
Kérine Tran, juriste au cabinet ARC, a ensuite
exposé l’ensemble des chiffres issus de la 6e édition du Baromètre
cabinet ARC/IFOP.
Quelques tendances :
• Le retard moyen de paiement est en recul :
11,8 jours
pour les PME, 10,4 pour
les grands groupes ;
• Les petits retards (1 à 10 jours) augmentent
significativement : 58 % pour les PME (41 % en
2015) et 57 %
pour les grands groupes (44 % en 2015) ;
• 96 % des dirigeants pensent que le non-respect des délais de paiement met en
danger la santé des entreprises pouvant aller jusqu’au dépôt de bilan ;
• 89 % des dirigeants pensent que le prêt inter-entreprises risque d’engendrer
une relation de dépendance ;
• 54 % des PME refusent de répondre aux appels d’offre émis par le secteur
public par crainte de ne pas être payées ou de subir des délais trop longs.
• 49 % des entreprises pensent qu’il est possible de réduire les délais de
paiement en publiant les amendes administratives alors qu’elles ne sont que 25 % à penser que
l’augmentation des amendes réduirait ces délais ;
• 59 % des entreprises pensent que la
dématérialisation des factures aura un effet positif sur la réduction des
délais de paiement.
Réagissant
au Baromètre du cabinet ARC, François Asselin a dénoncé un véritable problème
culturel en France en matière de délais de paiement dont les conséquences
peuvent pourtant être dramatiques. « Pourquoi en France, a-t-on toujours
autant de mal à payer en temps et en heure ? Il en va pourtant du
règlement des salaires, dans de nombreuses PME. » En tant
qu’entrepreneur, il a estimé que « 5 % de son chiffre d’affaires était
payé entre 120 jours et 1 an » avant de suggérer une sensibilisation à
ces enjeux dès la formation initiale des écoles d’ingénieur ou de commerce.
Interrogé par Jean-Marc Sylvestre, Hervé Novelli a défendu la LME, dont il est
l’auteur, souvent critiquée par les dirigeants pour son impact modéré. Pour
l’ancien ministre, le problème se situe dans son application qui n’a pas été
suffisamment suivie. Afin d’aller plus loin, il a suggéré la mise en place
d’une LME 2 avec une réduction du délai légal à 30 jours. Présent dans la
salle, le médiateur des Entreprises, Pierre Pelouzet, a quant à lui présenté le
rôle et le fonctionnement de la médiation.
Cabinet ARC