Selon le classement établi par le groupe de
presse The Enonomist en mars
dernier, la Ville Lumière est devenue l’an dernier l’une des trois villes les
plus chères du monde, ex-aequo avec Singapour et Hong Kong. Elle est ainsi
passée de la 7e place à la 1re place. Une réalité à nuancer toutefois.
En
deux ans, il semblerait que Paris soit passée de la 7e place à celle
de la ville la plus chère du monde. Elle surclasse ainsi les villes de Zurich,
Genève, Osaka, Séoul, Copenhague, New York, Tel Aviv et Los Angeles.
La méthodologie
C’est en
tout cas le résultat de l’enquête de The Economist, hebdomadaire
britannique qui publie chaque année le coût de la vie dans 130 villes dans le monde. Dans
chacune des métropoles étudiées, ont été passés en revue 160 produits et services sur
différentes gammes (logement, supermarché, coiffeur, vêtements…). Le prix dans
chaque domaine a été relevé sur la gamme supérieure de chaque produit. Ainsi,
selon l’étude, un costume haut de gamme pour homme coûterait 2 000 dollars à Paris et « seulement »
1 160 dollars à Singapour. Un bon pain,
lui, coûterait 5,66 dollars le
kilo, soit 6 fois plus
cher que dans une des villes de la fin du classement. On apprend également
qu’une coupe féminine est estimée à 119 dollars en moyenne à Paris, ce qui, bien évidemment, ne signifie
pas qu’on ne peut pas trouver de coiffeur moins cher. « Ce prix
comprend la coupe de cheveux, le brushing et la coiffure dans un salon de
qualité, et ça inclut aussi d’éventuels conseils à la cliente »,
justifie Roxana Slavcheva, l’auteure du classement, interrogée par Le
Parisien-Aujourd’hui en France.
Un
classement à destination des multinationales
L’étude prend seulement en compte les tarifs les plus élevés de la gamme
de chaque produit : les paniers de dépenses ne s’adressent donc pas aux
classes populaires, mais au mode de vie d’hommes et de femmes d’affaires
américains. Ainsi, le coût du logement dans un palace ne reflète pas le coût du
logement pour un habitant « lambda », même s’il est devenu très
coûteux de se loger dans la Ville lumière. En réalité, ce classement est
destiné aux entreprises multinationales pour permettre à leurs services des
ressources humaines d’adapter les salaires de leurs personnels expatriés, et
donc le coût de leurs employés. « Il s’adresse aux responsables des
ressources humaines et aux cadres expatriés pour qu’ils puissent comparer le
coût de la vie dans plus de 130 villes de
près de 90?pays, et ainsi calculer la rémunération juste
pour ceux qui sont mutés à l’étranger », explique ainsi Roxane Slavcheva. En
effet, « Un expatrié a le droit de vivre sur le site de la mission de
la même manière et avec le même type de produits et de services qu’il
trouverait chez lui. »
Les limites de cette étude
D’abord,
l’intitulé du classement « Coût de la vie dans le monde »
semble indiquer que le rapport s’applique à tout le monde, or ce n’est pas le
cas. En outre, un grand nombre de secteurs n’est pas pris en compte dans ce
classement, comme le domaine de la santé (très avantageux en France), et celui
de la scolarité (gratuité de l’enseignement public). Une des principales
limites est aussi que tous les prix sont automatiquement convertis en dollar.
L’effet de change est donc significatif. Ce classement est par conséquent sujet
à l’évolution des devises mondiales, mais aussi à l’hyperinflation dans des
pays où la monnaie nationale n’a plus de valeur.
Enfin, ce classement n’est pas le seul à trier les villes selon « le
coût de la vie ». Deux autres, réalisés par les cabinets spécialisés
Mercer et ECA International, existent également.
Et dans ces deux-là, la capitale de l’Hexagone n’arrive même pas dans le top
10, affirme l’économiste éric
Heyer, lui aussi interrogé par le Parisien. Certes, Paris est un endroit
où la vie est très chère, mais le quotidien des habitants modestes n’est-il pas
aussi difficile à New York et Zurich par exemple ? Et les Vénézuéliens qui
subissent quotidiennement des pénuries alimentaires ont-ils l’impression de
vivre dans des villes bon marché ? Selon le site
La finance pour tous, il serait en fait plus pertinent de mesurer le
coût de la vie en calculant le nombre d’heures de travail nécessaire à un
salarié pour acquérir un panier de produits représentatifs de son quotidien.
Maria-Angélica Bailly