Acteur majeur de la télémédecine en France,
MEDADOM est une application de téléconsultation qui entend lutter contre les
déserts médicaux en France, en offrant aux patients un accès aux soins non
programmés, partout sur le territoire. Depuis sa fondation en 2017, cette
entreprise familiale a le vent en poupe ! Après avoir levé
40 millions d’euros en novembre dernier, MEDADOM a récemment intégré la
Frenchtech, le label officiel des start-up françaises. Entretien avec son
cofondateur, Elie Dan Mimouni.
MEDADOM a été fondée en 2017.
Pouvez-vous revenir sur sa création et nous présenter ses services ?
MEDADOM
est née d’un triple constat. D’abord, la problématique liée à l’accès aux
soins. Certains territoires souffrent gravement de déserts médicaux, et leurs
habitants rencontrent des difficultés à se soigner. Ensuite, l’engorgement des
urgences, qui apparaissent pour certains comme l’unique réponse, alors qu’elles
sont censées répondre à une urgence médicale. Enfin, le souhait, chez les
jeunes médecins surtout, d’exercer autrement, notamment en utilisant les outils
numériques.
Face
à ce constat, nous avons fondé MEDADOM en 2017, qui proposait initialement des
outils visant à faciliter la planification des visites à domicile. Puis, en
2018, MEDADOM a évolué avec le lancement des téléconsultations. Nous continuons
notre déploiement, avec la création de bornes et cabines dans les officines,
service lancé en 2019. Car en effet, quand un médecin n’est pas disponible, le
premier réflexe du patient est alors de se rendre dans les pharmacies pour
obtenir un diagnostic. Notre service de bornes est destiné à tous, aussi, les
patients sont naturellement accompagnés dans leur utilisation.
Aujourd’hui,
nous continuons à nous déployer : 1 000 bornes ont été installées sur le
territoire national, et 125 collaborateurs travaillent chez MEDADOM.
Vous
êtes trois à avoir fondé MEDADOM. En quoi vos profils
sont-ils apparus complémentaires dans cette aventure ?
Tout
à fait, nous sommes trois co-fondateurs. Il y a mon père, Charles Mimouni,
médecin et président de MEDADOM. Son expertise du milieu médical a été
précieuse lors de la création de la société. Il y a aussi Nathaniel Bern, un
ami de longue date spécialisé dans les nouvelles technologies. II nous a
particulièrement apporté ses connaissances techniques. J’ai, pour ma part, fait
des études de médecine et m’intéresse spécifiquement à la e-santé. Chacun de
nous a apporté sa pierre à l’édifice dans la fondation de MEDAMOM, avec ses
expériences propres. Nos profils sont très vite apparus complémentaires.
« Le Covid a accéléré les
choses : il a mis en évidence la pertinence de la télémédecine et a ouvert
d’autres horizons sur les perspectives de cette pratique. »
Quels
sont, selon vous, les avantages à entreprendre en famille ? Vous êtes-vous imposés des règles ?
Il
était important, voire primordial pour nous, de travailler avec des personnes
de confiance, avec lesquelles nous partageons la même vision.
Nous
connaissons nos modes de fonctionnement respectifs. Cela fait gagner un temps
précieux dans le travail et la prise de décision. On se connaît par cœur. Nous
sommes aussi assez proches pour se dire les choses honnêtement, sans avoir peur
de se froisser. Cela fait grandement avancer une entreprise.
Nous
n’avons pas établi de règles à proprement parler, mais nous travaillons dans
l’entente et le respect, comme avec tout collaborateur.
Quels
impacts la pandémie de Covid a-t-elle eu sur votre activité ? Comment vous êtes-vous adaptés ? Avez-vous modifié votre façon de
travailler ?
La
crise est apparue comme un catalyseur pour la téléconsultation, tant du côté
des médecins qui ont plus facilement, connu, reconnu et accepté cette pratique,
que des patients ; et même auprès des pouvoirs publics eux-mêmes qui ont
fortement développé ce service. La téléconsultation a en effet connu un large
déploiement depuis le début de la pandémie. Elle est apparue comme une
solution, une réelle réponse.
Le
Covid a accéléré les choses : elle a mis en évidence la pertinence de la
télémédecine et a ouvert d’autres horizons sur les perspectives de cette
pratique.
Au
niveau de nos modes de Travail en interne, nous avons également dû nous
adapter, comme l’ont fait toutes les entreprises. Nous avons mis en place des
mesures pour limiter la propagation du virus.
Il y
a quelques mois, MEDADOM a rejoint le bastion de la Frenchtech, regroupant les
120 start-up les plus prometteuses en France ! Qu’est-ce que cela vous a
apporté ?
La
Frenchtech est un label national référençant les jeunes entreprises les plus
innovantes et prometteuses. Nous sommes très fiers que notre candidature ait
été retenue et de pouvoir porter cette année ses couleurs !
Cela
nous offre indéniablement une meilleure visibilité, mais aussi de
meilleurs échanges avec les pouvoirs publics qui posent un regard attentif sur
la digitalisation dans le secteur de la santé. Nous souhaitons co-construire,
main dans la main avec les pouvoirs publics, la santé de demain, tout en
restant en phase avec le cadre dans lequel on évolue.
Enfin,
quels sont vos projets à venir ?
MEDADOM met aujourd’hui
en relation des patients avec des médecins généralistes. Les médecins sont
partenaires et référencés sur la plateforme. À terme, nous souhaiterions
développer d’autres spécialités pour répondre à la désertification médicale en
ouvrant notre offre aux médecines spécialisées.
Dans le cadre de notre
mission de rendre accessibles les soins au plus grand nombre, nous ambitionnons
aussi de disposer de 25 000 bornes et cabines d’ici 2024, sur tout le
territoire national.
Propos recueillis par Constance Périn