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« Taxe lapin » : le Sénat souhaite facturer les patients qui n’honorent pas leurs rendez-vous médicaux

« Taxe lapin » : le Sénat souhaite facturer les patients qui n’honorent pas leurs rendez-vous médicaux
Publié le 22/11/2024 à 18:53

Les sénateurs se sont prononcés aujourd’hui en faveur de cette mesure, à l’occasion des débats publics sur le financement 2025 de la Sécurité sociale. La rapporteuse Corinne Imbert a défendu un amendement visant à « responsabiliser davantage les patients dans la prise de rendez-vous » médicaux.

Pour les sénateurs, c’est un grand « oui ». Ce vendredi 22 novembre, lors des débats publics sur le financement 2025 de la Sécurité sociale, la chambre haute s’est prononcée à la majorité pour l’adoption d’une « taxe lapin ». Un amendement adopté en avril 2024 et remis au goût du jour par les parlementaires, lors des discussions autour du budget.

Au-delà des difficultés de mise en œuvre pointées par les sénateurs d’opposition et contre l’avis du Gouvernement, cette mesure permettrait de faire payer aux patients indélicats leurs rendez-vous manqués et ainsi, selon la Commission des affaires sociales, de mieux « réguler le système » et d’« aller au bout de la logique » lancée en janvier 2024 par le Premier ministre d’alors, Gabriel Attal.

Si elle a rappelé que « faire de la pédagogie » restait nécessaire, la rapporteuse Corinne Imbert (Les Républicains) a défendu un amendement visant à « responsabiliser davantage les patients dans la prise de rendez-vous » médicaux. La sénatrice a également souligné et salué « la baisse des rendez-vous non honorés », ainsi que la « constance » du Sénat à se prononcer sur ce thème.

Le texte prévoit de soumettre les patients visés à une somme forfaitaire, fixée par décret, au bénéfice de l’Assurance maladie et dont une partie pourrait servir d’indemnisation aux professionnels de santé concernés. Il permettrait de « réduire la proportion de rendez-vous annulés au dernier moment ou auxquels les patients ne se présentent pas permettrait, en outre, de redonner du temps utile aux professionnels de santé. Selon l’Académie de médecine et le conseil national de l’ordre des médecins, 6 à 10 % des patients ne se présenteraient pas à un rendez-vous ».

« L’Assurance maladie n’est pas dans les cabinets médicaux »

Geneviève Darrieussecq, ministre de la Santé, a admis la nécessité de « lutter contre les rendez-vous non honorés », mais a réprouvé la méthode et alerté sur les « difficultés » dans la mise en œuvre : « Vous faites passer ça par l’Assurance maladie. Or, elle n’est pas dans les cabinets médicaux. »

Plusieurs sénateurs de gauche et de la majorité présidentielle se sont également élevés contre cet amendement déjà polémique, qu’ils ont jugé « tiré par les cheveux » et « pénalisant ». « Il n’y a pas de consensus sur le nombre de rendez-vous non honorés, a insisté Bernard Jomier, médecin et sénateur (PS) de Paris. Les comportements d’irrespect se gèrent. (…) Vouloir taxer, prendre 1 ou 2 euros, finira par rater sa cible. »

De son côté, la sénatrice Emilienne Poumirol de la Haute-Garonne (groupe socialiste, écologiste et républicain) a fustigé un amendement qui « n’engendre aucune économie pour la CNAM », et qui « n’est pas demandé par les médecins. »

Adopté à 214 voix contre 127, le dispositif pourrait néanmoins être abandonné lors d'une commission mixte paritaire entre députés et sénateurs sur le budget de la Sécurité sociale.

Mylène Hassany

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