Les conditions de sécurité pendant les Jeux olympiques, du 26 juillet
au 11 août, s’annoncent drastiques dans la capitale. Si ces mesures sont
justifiées par la préfecture de Paris par l’ampleur de l’événement, elles vont
grandement perturber l’organisation des entreprises. Télétravail, décalage
d’horaires, cybersécurité… Tour d’horizon des sujets à anticiper.
« Vous avez aimé les
Gilets jaunes ? Vous allez adorer les Jeux olympiques ! » Cette petite
provocation, entendue lors du salon Workspace expo fin mars à Paris, peut faire
sourire. Elle traduit pourtant bien l’inquiétude qui monte dans l’esprit des
managers et autres responsables RH parisiens. Certes, le « JO-bashing »
est à la mode dans la capitale, mais l’événement va bel et bien bouleverser le
quotidien des entreprises pendant l’été. « Il faut se féliciter
d’accueillir cet événement mondial, c’est une chance formidable, accorde Pierre Grard, président de
l’Institut européen d’études en sûreté-sécurité pour les entreprises (IEESSE). Mais
il faut aussi se préparer à des conséquences très importantes sur
l’organisation du travail. »
L’anticipation est le maître-mot pour les entreprises, mais les
conditions de sécurité évoluent régulièrement. Derniers changements en date :
la réduction de la jauge du public lors de la cérémonie d’ouverture, le 26
juillet, l’élévation du plan vigipirate à son plus haut niveau, ou encore
la mise en place d’un QR code pour circuler au sein du périmètre de sécurité
des JO. « Malgré le flou, la communication est faite mais il ne faut
rien prendre pour acquis », conseille Pierre Grard. L’un des
principaux points d’attention repose sur la mobilité. En effet, certains
quartiers vont être très affectés, avec en premier lieu les abords de la Tour
Eiffel, du Trocadéro et le bas des Champs-Elysées. Pour ces secteurs, les
restrictions de déplacements seront importantes et affecteront les salariés. « Tout
doit être réfléchi, y compris les échanges avec les prestataires, avertit
le président de l’IESSE. La question de la possibilité de se déplacer va se
poser pour toutes les personnes susceptibles de venir dans votre entreprise.
Votre réparateur d’ascenseur peut-il venir ? Et avec son camion. »
Quatre
catégories de restrictions
Pour aider à s’y repérer, le site de la préfecture de police de Paris
informe des différentes zones de sécurité. Mais attention, celles-ci peuvent
changer. Quatre types de périmètres sont prévus avec plus ou moins de
restrictions de passages. Les zones grises correspondent aux sites de
compétition et seront très régulées avec notamment un accès interdit aux
véhicules motorisés sauf ceux accrédités pour les JO. Elles seront encerclées
par des zones noires dédiées aux fouilles et aux contrôles. Enfin, des zones
rouges et bleues autoriseront piétons et cyclistes mais seulement certains
véhicules motorisés. Il faudra pour ces derniers un laissez-passer spécial et
différent pour l’une et l’autre des zones, la rouge étant la plus restrictive.
Une plateforme devrait être mise en ligne pour enregistrer les demandes dans
les prochaines semaines. A noter aussi pour les véhicules la fermeture d’une
partie des quais et de la place de la Concorde à partir du mois de juin. Côté
transports en commun, plusieurs fermetures de stations sont à prévoir.
Face à ces perturbations, il est recommandé aux entreprises de préparer
un plan de continuité de l’activité à même de traiter toutes les questions
d’organisation. Sur le sujet des effectifs, Laurence Breton-Kueny,
vice-présidente de l’Association nationale des DRH, rappelle quelques principes :
« Il est possible d’imposer des congés aux salariés mais dans la limite
de quatre semaines et avec un préavis de deux mois. Quant au télétravail, il
peut être refusé par le salarié. » L’adaptation horaire est quant à elle autorisée dans
des circonstances exceptionnelles. « Les blocages dans Paris vont
fluctuer selon les moments, il est donc possible d’adapter les journées de
travail pour contourner au maximum les créneaux les plus difficiles »,
explique celle qui dirige les ressources humaines du groupe Afnor. La même
disposition est recommandée pour les livraisons et visites de prestataires.
Autre piste : délocaliser certaines activités. L’idée ne s’adresse qu’aux plus
grosses structures qui peuvent mettre en place le déplacement de
salariés d’un site à un autre pour une certaine durée. La mesure est
particulièrement adaptée aux commerces qui peuvent déporter des salariés sur un
autre magasin de l’enseigne.
Le risque
cyber
Reste un autre point important sur lequel insiste Pierre Grard : la
sécurité des entreprises elles-mêmes. « Les recrutements pour la
sécurité des JO se poursuivent et les besoins sont encore immenses avec
plusieurs milliers de postes non pourvus », prévient-il. La
main-d’œuvre pourrait être trouvée avec des personnels déjà en poste, et donc
créer des manques dans les entreprises concernées. « Certaines vont
peut-être devoir faire appel à des intérimaires pour pallier les départs »,
estime Pierre Grard. Le sujet sensible de la cybersécurité sera aussi décisif.
En 2021, lors de la précédente olympiade à Tokyo, plusieurs centaines de
millions d’attaques informatiques avaient été recensées dans le pays autour de
la période des Jeux, d’après le président de l’IESSE. « C’est un enjeu
majeur : les cyberattaques vont se multiplier et il faudra pouvoir y répondre.
Par exemple, en cas d’attaque, le directeur des services informatiques doit
être autorisé à se rendre sur place. » L’anticipation s’annonce donc
comme un chantier dense pour les entreprises, sans oublier qu’après les JO se
dérouleront les Jeux paralympiques du 28 août au 8 septembre. Les restrictions
autour des infrastructures de compétition seront sensiblement les mêmes et les
Parisiens seront rentrés de vacances. Programme sportif !
Louis
Faurent