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(75) Pourquoi le bâtonnier de Paris Pierre Hoffman tourne le dos au CNB

(75) Pourquoi le bâtonnier de Paris Pierre Hoffman tourne le dos au CNB
Pierre Hoffman, bâtonnier de Paris ©Barreau de Paris
Publié le 24/06/2025 à 11:08

Alors que des discussions devaient s’engager en faveur d’un débat sur la gouvernance du Conseil national des barreaux, un sondage de dernière minute au sein du bureau a fini d’enterrer le sujet. La « goutte de trop » pour Pierre Hoffman.

C’est décidé, désormais, ce sera sans lui. Dans une interview exclusive publiée jeudi dernier par Le Point, le bâtonnier de Paris Pierre Hoffman pèse ses mots : il ne remettra plus les pieds au Conseil national des barreaux.

Une décision radicale qui résiderait dans une succession de déconvenues et de déceptions, confirme le barreau, contacté par le JSS.

La gouvernance du CNB en question

Tout commence avec une volonté du bâtonnier fraichement installé, le 1er janvier 2024, et avec l’appui d’anciens bâtonniers et de certains avocats, de mettre sur la table le sujet de la gouvernance du CNB.

Objectif : discuter de la représentativité au sein de l’institution, alors que le barreau de Paris, qui regroupe près de la moitié des avocats français, réaliserait 70 % du chiffre d’affaires de la profession et contribuerait à près de la moitié du budget annuel du CNB, estime que ses intérêts ne sont pas suffisamment pris en compte lors des assemblées générales de l’institution. Mais aussi redéfinir les contours de l’organisation nationale et recentrer ses missions sur les préoccupations jugées « quotidiennes » de la profession.

Dans la foulée, en mars 2024, le professeur Christophe Jamin est mandaté par le Conseil de l’ordre de Paris pour dresser un état des lieux de la gouvernance du CNB, sorte d’audit de ses missions.

Des espoirs du côté du barreau

Le rapport choc est présenté au Conseil de l’Ordre en novembre 2024. Selon cet état des lieux, l’institution se serait transformée en « prestataire de services » et porterait « l’essentiel de son attention sur les questions d’accès au droit et de promotion d’une certaine conception de l’État de droit ». Une « mutation » du rôle exercé par le Conseil national des barreaux qui aurait « tendance à privilégier (...) les intérêts d’un barreau social, au détriment d’une conception plus libérale de la profession ».

Le professeur Jamin y formule une série de mesures, parmi lesquelles insuffler plus de démocratie directe, et privilégier le sujet des avocats. Des mesures que le barreau estimait alors « concrètes et réalistes, applicables rapidement ».

Dans une interview, la présidente du CNB Julie Couturier se dit alors favorable pour engager des discussions sur ces sujets. D’autant que quelques mois plus tôt, en juin 2024, une Grande consultation a été lancée pour demander aux avocats quels étaient, selon eux, les chantiers prioritaires. Au sein du barreau de Paris, l’espoir est permis.

Le bureau du CNB propose également au Conseil de l’ordre parisien, qui a voté en décembre une série de propositions pour réformer le CNB, de débattre de ces mesures, avant de voter le 23 mai 2025 en AG le principe de discussion de la gouvernance.

« Le sujet a été enterré »

Mais le 3 juin, à l’issue d’une réunion, le bureau prend la décision de réaliser un sondage, au sein des membres de l’AG, sur les chantiers prioritaires repris de la Grande consultation ; ce, « malgré le vote du 23 mai ». Au terme de ce vote, il ressort que la gouvernance n’est finalement pas au titre des priorités et ne sera donc jamais discutée.

Pour le bâtonnier de Paris, c’est la douche froide. « On a attendu tout ce temps pour pouvoir au moins discuter du sujet, même si l’issue n’était pas favorable. Et au final, le sujet a été enterré », fustige-t-on du côté du barreau.

De quoi motiver Pierre Hoffmann à boycotter, à l’avenir, les assemblées générales de l’organisation nationale. Une décision qui, toutefois, n’engage que lui, les autres membres ordinaux parisiens étant libres de s’y rendre, aucune contre-indication n’ayant été donnée de sa part.

Si pour le bâtonnier c’est « la goutte de trop » - après le sujet du legal privilege, notamment -, il poursuivra tout de même l’ensemble des travaux pour la profession, assure le barreau.

Allison Vaslin

1 commentaire
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Cédric Fischer
- hier
Des avocats qui refusent un débat contradictoire. Ils ont dû oublier les fondamentaux de la profession et préférer la politicaillerie à la petite semaine. Le CNB ne peux plus prétendre représenter tous les avocats.
CNB

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