Conférence, projection,
expositions… A l’occasion de la journée nationale des mémoires de la traite de
l’esclavage et de leurs abolitions, la commune organise tout un mois de
manifestations diverses et variées.
Si la journée nationale des
mémoires de la traite de l’esclavage et de leurs abolitions sera célébrée le 10
mai prochain, comme chaque année depuis 2006, la ville de Corbeil-Essonnes a quant
à elle choisi le 23 du mois pour commémorer cette date. La municipalité s’est
en effet entourée de plusieurs associations afin de « faire de ce
moment de mémoire un temps fort autour du souvenir mémoriel ».
Au programme, une série de
rendez-vous pour rendre hommage à l’adoption puis à la promulgation, il y a 23
ans de cela, de la loi tendant à la reconnaissance de la traite et de
l'esclavage en tant que crime contre l'humanité ; loi dite aussi « Taubira »,
du nom de sa rapporteuse à l'Assemblée nationale de l’époque, Christiane
Taubira, alors députée.
Le Code noir décrypté
La ville invite notamment ses
habitants à venir découvrir deux événements en lien avec le fameux « Code
noir », recueil de lois auxquelles étaient soumis les esclaves noirs des
colonies françaises ainsi que leurs maîtres, définitivement abrogé lors de
l'abolition de l'esclavage par la France en 1848, et dont la commune possède un
exemplaire dans son fonds patrimonial. « Texte emblématique de l’esclavage dans les colonies
françaises, il fait l’objet de toutes sortes de mythes ou d’interprétations », met-elle en exergue.
La médiathèque Chantemerle accueillera
à ce titre une conférence sur « son origine, les intentions de ses
rédacteurs et [sa mise] en pratique », animée par Frédéric Régent,
historien et maître de conférences à Paris I Panthéon-Sorbonne, spécialiste des
sociétés esclavagistes dans les colonies françaises du XVIIe au XIXe siècle, jeudi
2 mai à 19h30, mais également une lecture de textes, vendredi 3 mai, à 19h30.
« Elus, agents
communaux, acteurs associatifs mêlent leur voix au service des textes entrant
en résonnance avec les grands thèmes du Code noir : l’histoire du déracinement,
la condition d’esclave, les châtiments corporels, les actes de résistances et
l’espoir… De Léopold Sédar-Senghor à Patrick Chamoiseau, Edouard Glissant et
bien d’autres, est ici restituée la mémoire de l’esclavage », indique
la ville, qui précise qu’une mise en musique sera également proposée par Abou
Diara, joueur de n'goni (harpe-guitare malienne).
Des manifestations jusqu’au
23 mai
Par ailleurs, d’autres dates
sont à retenir :
·
Du
2 au 17 mai au conservatoire de musique et de danse Claude-Debussy, pour l’exposition
« De l’esclavage à la gloire », proposée par l’association Le concert de Monsieur de
Saint-George. 15 panneaux résumeront la vie de Joseph Bologne de Saint-George,
plus connu sous le nom de « Chevalier de Saint-George », né esclave
en 1745 en Guadeloupe, indique la ville de Corbeil-Essonnes. « Compositeur,
escrimeur et musicien français, il développa une carrière artistique et
sportive exceptionnelle dans la société de la cour au siècle des Lumières ».
·
Vendredi
10 mai à 20h à l’église Saint-Etienne, pour un concert autour des œuvres du
Chevalier de Saint-George.
·
Samedi
4 mai, de 16h à 20h, à la MJC Fernand-Léger, pour une projection du
documentaire « Citoyens bois d’ébène » (2016), suivie d’un
débat. Ce film de Franck Salin retrace la « mission »
d’Emmanuel Gordien, scientifique guadeloupéen engagé pour la réhabilitation de
la mémoire des esclaves des anciennes colonies françaises, en particulier à
travers une plongée dans des archives afin de mieux restituer leur histoire à
leurs descendants.
·
Du
14 au 23 mai, à l’Hôtel de Ville, pour l’exposition « Les noms de
l’abolition » organisée par l’association Zanmi Tanbou, en
partenariat avec les associations CM 98 et Karib’K 91, dédiée à la fondation de
l’état civil des esclaves libérés et inaugurée en 2017 par Annick Girardin, ancienne
ministre des Outre-Mer. « Cette exposition nous présente à travers ces
tableaux réalisés un fait fondateur pour un individu : l’attribution d’un
patronyme qui va constituer la base d’une filiation. Cette filiation va
permettre à ces anciens esclaves, privés si longtemps de l’accès à leur
histoire, de construire pour l’avenir une identité qui sera transmise aux
générations futures », comme l’avait souligné, citée par linfo.re,
la ministre à l’époque.
Bérengère
Margaritelli