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(91) Département de l’Essonne : un budget 2025 sous le signe de l’austérité

(91) Département de l’Essonne : un budget 2025 sous le signe de l’austérité
Publié le 05/02/2025 à 12:55

Le conseil départemental a adopté, lundi 3 février, son budget primitif pour l’année à venir. Face à une baisse de recettes importante, la majorité prône des économies indispensables, qu’elle est allée chercher dans toutes les strates de ses compétences. Ce budget, qualifié de « tsunami » par l’opposition de gauche, suscite de vifs débats, alors que la situation financière des départements français continue de se fragiliser.

Des choix drastiques. Cette année, l’élaboration du budget primitif 2025 a été contrainte par des « difficultés budgétaires majeures liées à la structure même de financement de tous les départements et des chocs externes particulièrement forts en Essonne », justifie François Durovray, président (LR) du Département, en amont de l’assemblée de ce 3 février 2025.

« 40 millions d’euros d’économies à réaliser » : c’est ce chiffre qui a guidé les élus dans l’élaboration de leurs choix budgétaires. Un montant qui devrait permettre de « préserver un service public de qualité tout en continuant de préparer l’avenir. Le conseil départemental assume ainsi sa responsabilité envers le territoire et ses partenaires, en leur donnant la visibilité nécessaire pour leur action au quotidien ».

Collèges, petite enfance, prévention spécialisée, seniors, culture, sport… De nombreux dispositifs, services publics et compétences du département ont vu leur enveloppe diminuer, voire disparaître pour les facultatives. Citons la disparition du festival RTL 2 Essonne en scène, la fermeture de l’agence Essonne développement, la fin de la prise en charge de la téléassistance pour les personnes âgées ou encore la réduction de moitié des subventions aux associations les plus importantes du territoire.

Les chantiers des collèges ont été reportés : à 2026 pour celui de Fleury-Mérogis et sine die pour celui de Gif-sur-Yvette. En bref, le conseil départemental a voté 35 « mesures fortes » qui doivent permettre à la collectivité de « préserver l’essentiel » et de ne garder que les dépenses obligatoires, appliquées au strict minimum. Un « sursaut » en 2025 pour « s’en sortir » en 2026, défendent les élus essonniens.

Des difficultés budgétaires liées à des chocs externes

Comme tous les départements et plus particulièrement ceux d’Ile-de-France, l’Essonne traverse des difficultés financières « sans précédent », déplore la majorité : en première ligne, la crise de l’immobilier et la baisse des recettes liées aux droits de mutation à titre onéreux (DMTO), qui a participé, depuis 2022, à la chute de 200 millions d’euros de recettes.

« Plus durement frappée » que ses voisins, l’Essonne est aussi confrontée à une « très forte hausse de ses dépenses sociales obligatoires, de l’ordre de 150 millions d’euros entre 2022 et 2025 » ; d’autre part, l’Etat a plus fortement réduit ses dotations – 50 % pour la dotation générale de fonctionnement entre 2015 et 2023, soit, à l’heure actuelle, 60 euros par habitant.

En 2015, la majorité nouvellement élue avait fortement communiqué sur la dette « très élevée » dont elle disait avoir hérité de la précédente ; dette qui a depuis été « réduite de 200 millions d’euros, tout en augmentant considérablement l’investissement au service du territoire – mais qui contraint toujours ». François Durovray poursuit : « Les marges de manœuvre sont très faibles, puisque la part des dépenses (…) a déjà été considérablement réduite, de 8 % en 2015, elle ne s’élève plus qu’à 4 % de son budget total – contre 20 % dans un département comme les Yvelines – et que les départements ne disposent plus de fiscalité ».

Des efforts compensés par les communes ?

« Auparavant, des leviers étaient possibles. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas, lance Nicolas Samsoen (UDI), vice-président du conseil départemental en charge des finances et de l’efficacité des politiques publiques. Nous faisons toujours partie des départements les plus endettés et nous ne pouvons pas, juridiquement, dépenser plus ».

Modulation des dépenses obligatoires, baisse de l’investissement (de 100 millions d’euros), coupes dans la gestion du quotidien (certains départs à la retraite ne seront pas remplacés, des postes supprimés, par exemple) : ce n’est « pas de gaieté de cœur » que ces choix ont été faits, assure-t-on. Mais « plus de 80 % de nos engagements pris devant les Essonniens aux dernières élections départementales sont déjà tenus ou en cours de réalisation. Nous continuerons de les mettre en œuvre », fait valoir François Durovray, décrivant un budget « contraint » mais « utile aux habitants », tout en balayant les « postures » des opposants.

Avec cet argument comme exemple phare, avancé par Nicolas Samsoen : « La priorité, ce sont les dépenses sociales, l’aide aux personnes âgées, aux personnes en situation de handicap, à l’enfance en danger… Nous augmentons ces dépenses de 32 millions d’euros, alors qu’au total, nos dépenses n’augmentent que de 15 millions d’euros. » Par ailleurs, la majorité dit réaffirmer « son soutien » au SDIS, aux communes et EPCI, et à l’apprentissage de la citoyenneté.

Tous dans le même bateau ? Lors d’une séance très tendue (conclue par le brusque départ de plusieurs élus de gauche, en réaction aux propos du vice-président Alexandre Touzet, comparant leurs interventions à « un débat entre racailles »), l’opposition départementale a regretté le manque de transparence de la majorité, « seule à la barre » d’un vaisseau dont elle aurait pris les commandes sans l’avis des Essonniens et sans prendre en compte les amendements et les propositions d’en face pour répondre à ce besoin d’efforts budgétaires.

Des mesures qui « auraient évité de faire de nos politiques de solidarités la variable d’ajustement du budget départemental qui ubérise des pans entiers de la politique sociale ». « Si c’est vrai que l’Etat fait porter aux collectivités des efforts qui se reportent sur les habitants, argumente Olivier Thomas, conseiller départemental (DVG) du canton des Ulis, vous faites la même chose vis-à-vis des communes ! » Communes qui vont devoir prendre à leur charge la prévention spécialisée, les manquements de la protection de l’enfance et l’aménagement du territoire, déplore le groupe Naturellement Essonne (14 élus).

« Face à cette casse des services publics, notre département sera moins attractif ; ne vous plaignez pas ensuite de la baisse des DMTO ! Vous sciez la branche sur laquelle tous les Essonniens sont assis », se désole Olivier Thomas. « Vous assumerez les colères et les mobilisations que votre budget ne manquera pas de susciter », rebondit Marie-Claire Arasa, élue du canton de Sainte-Geneviève-des-Bois. Déjà, un rassemblement est organisé à Sainte-Geneviève-des-Bois, lundi 10 février, contre la « destruction de nos services publics ».

Un contexte national tendu

Ce débat budgétaire n’est pas propre à l’Essonne. Partout en France, les départements font face à des contraintes financières croissantes, exacerbées par l’inflation et la réduction des dotations de l’État. Selon l’Assemblée des départements de France (ADF), près de 70 % des départements s’attendent à devoir réduire leurs investissements en 2025 pour maintenir leur capacité à financer les dépenses sociales.

Certains départements, comme ceux de la Seine-Saint-Denis ou du Pas-de-Calais, envisagent ces mêmes mesures drastiques, telles que la fermeture de services publics ou la réduction de leurs aides, pour faire face à cette situation. « Les départements sont au bord du gouffre financier », alertait récemment sur X Christophe Ramond, président du Tarn et membre de l’ADF. L’association déplore aussi, dans un communiqué, que « le soutien aux départements les plus en difficulté par le biais du fonds de sauvegarde [soit] absent du projet de loi de finances ».

Mylène Hassany

 

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