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(93) Agression de l’élue de Saint-Denis Oriane Filhol : trois ans de prison ferme pour le commanditaire

(93) Agression de l’élue de Saint-Denis Oriane Filhol : trois ans de prison ferme pour le commanditaire
Trois jeunes hommes qui ont mené l'attaque ont déjà été condamnés dans cette affaire
Publié le 27/06/2024 à 15:32
L’entrepreneur Mouloud Bezzouh, absent à son procès, a été reconnu coupable par le tribunal correctionnel de Bobigny d’avoir commandité le tabassage de la 6e adjointe au maire de la ville.

La peine est exemplaire. Le tribunal correctionnel de Bobigny a condamné, le 27 juin, lentrepreneur dyonisien Mouloud Bezzouh à cinq ans de prison dont deux avec sursis pour avoir commandité lagression en fin dannée dernière de la 6e adjointe au maire de la ville. Une peine supérieure aux réquisitions du parquet.

Dans un contexte de hausse des violences contre les élus, laffaire avait provoqué un vif émoi au sein du milieu politique local. Le 20 décembre 2023 au soir, Oriane Filhol, 6e adjointe au maire de Saint-Denis chargée des solidarités et des droits des femmes, est violemment attaquée par deux hommes alors quelle rentre chez elle après une réunion du conseil dadministration du bailleur social de la ville. L'élue, qui se sent suivie, tente de fuir mais est rouée de coups dans le hall dun immeuble où elle sest réfugiée. 

Lors du procès du 11 juin, le procureur avait requis quatre ans de prison dont un de sursis probatoire. Le tribunal de Bobigny est allé au-delà de ces réquisitions. Absent le jour du délibéré comme tout au long des audiences, Mouloud Bezzouh, 57 ans, a donc été reconnu coupable davoir envoyé des jeunes, contre une promesse de rémunération, passer à tabac l’élue alors quelle se rendait à son domicile. Arrêté début mars par les policiers de la Sûreté territoriale puis placé sous contrôle judiciaire, la justice a émis un mandat de dépôt à lencontre du chef dentreprise.

« Un moment important » et un « soulagement »

« Une condamnation à la hauteur de lagression dune femme élue locale dans lexercice de son mandat », a posté sur son compte X (ex-Twitter) dans la matinée, Katy Bontinck, première adjointe (PS) au maire de Saint-Denis et vice-présidente de lÉtablissement public territorial Plaine Commune. Pour celle qui était présente à la sortie de laudience, ce jugement « marque un moment important sur la question de lagression des élus locaux en France, cest vraiment un soulagement », a-t-elle exprimé auprès de lAFP.

« Cette réponse ferme vient marquer cette nécessité douvrir les yeux sur le fait que demain la démocratie représentative naura plus de représentants, notamment à l’échelon local », a-t-elle rajouté. Après cette attaque, sans motif clairement établi, lensemble des élus de Saint-Denis ont apporté leur soutien à leur collègue Oriane Filhol. « Lengagement des élus de Saint-Denis pour mener à bien leur mandat est total. Rien ne fera reculer leur détermination. Les auteurs de cette agression lâche doivent être appréhendés le plus rapidement possible et sanctionnés par la justice » mentionne un communiqué délivré le lendemain de lagression de l’élue.

Cette dernière, fortement marquée psychologiquement, n'aura pas eu durant le procès toutes les réponses à ses questions quant aux motivations premières du commanditaire de lagression. « Jai perdu une partie de ma liberté, de mon indépendance, auxquelles je tiens beaucoup. Je ne peux plus me déplacer après une certaine heure seule, jai besoin que des collègues me raccompagnent jusqu’à mon domicile », avait-t-elle confié au tribunal lors de laudience du 11 juin.

Trois jeunes hommes déjà condamnés

Dans un message transmis à l’AFP, Oriane Filhol se dit « particulièrement soulagée que les violences envers les élu(es) soient reconnues, jugées et condamnées. Je suis soulagée pour tout(es) mes collègues et pour que l’investissement de chacun(e) dans nos mandats ne soit jamais entravé. C’est un enjeu de bon fonctionnement de la démocratie. »

En janvier, trois jeunes hommes originaires de Saint-Denis ont été arrêtés et condamnés à des peines allant de 8 mois de prison avec sursis probatoire à 18 mois de prison dont six avec sursis probatoire. Agés de 18 à 22 ans, ils ont expliqué à leur procès qu’une mystérieuse personne - qualifiée parfois de « daron » ou « blédard » - leur a promis la somme de 2500 euros pour frapper quelqu’un qu’ils ne connaissaient pas. Lors de sa garde à vue en mars, Mouloud Bezzouh a reconnu avoir été présent sur les lieux de la réunion de travail à laquelle a assisté Oriane Filhol mais a toujours démenti tout lien avec l’agression.

Yslande Bossé

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