Douze maires de gauche du
département viennent d’être déboutés par la cour administrative d’appel de
Paris. Les édiles avaient mis en demeure l’État pour son inaction dans le
secteur éducatif, exigeant « des moyens à la hauteur des besoins éducatifs
».
Dur revers pour les édiles du
93 ! Depuis avril, les maires de Bagnolet, Bobigny, La Courneuve, Les
Lilas, Le Pré-Saint-Gervais, L’Île-Saint-Denis, Montreuil, Noisy-le-Sec,
Pantin, Romainville, Sevran et Stains se battaient pour obtenir un financement
accru de l’État en matière l'éducation dans leur département. Malgré leurs
efforts concertés, la cour administrative d’appel de Paris a rejeté le 17
juillet les requêtes des 12 élus de gauche.
Ces élus avaient mis en
demeure l’État pour qu'il garantisse « dans les plus brefs délais l'égalité
devant le service public d'éducation » d’après un communiqué commun publié
le 2 avril. Toutefois, dans un premier temps, leurs arrêtés - qui ordonnaient
notamment à l’État de leur verser 500 euros par jour jusqu'à ce qu'un plan
d'urgence pour l'éducation en Seine-Saint-Denis soit appliqué -, avaient été
suspendus dès le 26 avril par le tribunal administratif de Montreuil.
Une décision loin de faire
l’unanimité
Si la décision du 17 juillet
a fait le bonheur de certains, à l’instar du préfet de la Seine-Saint-Denis Jacques
Witkowski, qui, dans un tweet, s’est dit « réjoui » soulignant
que « l'État n'a pas à rougir de ses investissements en matière d'éducation
en Seine-Saint-Denis où chaque année plus de 2 milliards d'euros y sont
consacrés », elle a en revanche suscité l'indignation de nombreux organismes.
En particulier, la Fédération
syndicale unitaire du 93 (FSU) a vivement rétorqué : « D’où le préfet
de la Seine-Saint-Denis se permet de commenter une décision de justice ? Qu’il
lise le rapport parlementaire de Stéphane Peu et C. Decodts sur la rupture
d’égalité vécue par le 93 : L’État y dépense 2 600 € de moins par élève que
dans le reste du pays ! Les habitant-es voient rouge ». Et en effet,
plusieurs internautes dyonisiens ont partagé leur mécontentement, déplorant que
« le préfet se réjoui[sse] du manque d’enseignants et des 2500 postes
d’AESH manquant ».
Une baisse de 2,3 des
enseignant en Seine-Saint-Denis
Au soutien de leurs requêtes,
les maires réclamaient non seulement « des moyens à la hauteur des besoins
éducatifs », mais aussi la création de 5 200 postes de professeurs, de 175
conseillers principaux d’éducation, de 650 assistants d’éducation, de 320
assistants pédagogiques et de 1 700 accompagnants d’élèves en situation de
handicap. Les élus soulignaient dans un rapport le manque flagrant
d'accompagnants pour les élèves en situation de handicap et l'absence de
remplacement des enseignants absents, ce qui se traduisait par une réduction de
15 % du temps de classe dans l’année pour les étudiants.
A la rentrée 2023, le 93
comptait près de 355 085 élèves scolarisés, selon les chiffres de l’Académie de
Créteil, soit environ 30 000 de plus que les 325 000 recensés en 2015. Une
problématique d’autant plus préoccupante que le département connaît une baisse
de ses effectifs de 2,3 % dans l’enseignement, selon le rapport des députés Stéphane
Peu et Christine Decodts, tandis que sa démographie ne cesse de croître : en
2015, le département comptait 1,59 million d’habitants, un chiffre qui est
monté à 1,67 selon l’Insee.
Romain Tardino