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(94) L’accès au parloir de la prison de Fresnes, un parcours du combattant ?

(94) L’accès au parloir de la prison de Fresnes, un parcours du combattant ?
Publié le 09/07/2025 à 18:22

Alors que l’attente des visiteurs peut s’avérer inconfortable aux abords de la prison, les fouilles et les injonctions vestimentaires finissent de rendre l’accès au parloir compliqué, quand il n’est pas tout simplement refusé.

Un état des lieux peu flatteur. Sur la base de plusieurs témoignages, l’Observatoire international des prisons (OIP) affirme : « le parcours jusqu’au parloir [de la prison de Fresnes] est semé d’embûches ».

Dans un article, publié le 9 juillet, l’OIP évoque l’attente en extérieur des usagers, parfois pendant plus d’une heure, sans abri contre la pluie et avec seulement deux bancs. Un avant-goût de ce qui attend les proches de détenus.

A commencer par le contrôle du linge apporté pour les personnes détenues, « qui réserve souvent des surprises », commente l’OIP. En effet, selon les surveillants, un même vêtement peut être accepté mais refusé la semaine suivante.

Des injonctions vestimentaires contradictoires pour les femmes

Même rengaine pour l’étape des portiques de sécurité, que les femmes appréhendent.

Toujours selon les témoignages recueillis par l’OIP, celles-ci feraient face à de « multiples contraintes vestimentaires » pour avoir le droit de franchir le portique, devant adapter leur tenue en prévision.

Faute de pouvoir mettre des soutien-gorge à cause des baleines qui bipent, des femmes doivent alors s’en passer ou s’en débarrasser sur place, voire même trouver un moyen de les couper aux ciseaux, rapporte l’OIP.

Les femmes sont également sommées de porter des vêtements « moulants » de sorte que les surveillants puissent s’assurer qu’elles ne cachent rien sous leur tenue. Et quand bien même elles respecteraient ces contraintes, certaines femmes se voient refuser l’accès au motif que « leurs tétons étaient apparents ». Des « exigences contradictoires [qui] plongent les visiteuses dans une situation inextricable », souligne l’Observatoire.

Côté fouille, les témoignages rapportent la gêne des femmes d’être palpées en public, et plus précisément en présence d’hommes, visiteurs comme personnels pénitentiaires. Un passage obligatoire inconfortable qui n’assure pourtant pas l’accès au parloir.

Soupçonnée de cacher quelque chose dans sa serviette hygiénique, une femme n’a pas pu aller plus loin, illustre l’OIP. Quant aux femmes portant le voile, « elles feraient l’objet d’une suspicion particulière » et seraient contraintes de le retirer devant tout le monde, « parfois alors même que les portiques n’ont pas sonné ».

Autant de contraintes et d’inconfort qui engendrent chez certains visiteurs « beaucoup d’angoisse autour des parloirs », au point d’y renoncer. Une double peine pour les personnes incarcérées qui sont privées de la visite de leurs proches, alors même qu’il s’agit d’un droit fondamental, comme le rappelle le guide sur les droits des personnes détenues publié fin 2024 par le Défenseur des droits.

Allison Vaslin


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