Cette nouvelle prison hybride,
faisant partie du plan des 15 000 places lancé par le ministère de la Justice,
accueillera ses premiers détenus à partir du mois de juillet. Elle proposera
des programmes d'accompagnement personnalisés aux personnes en fin de peine,
dans le but de faciliter leur réinsertion dans la société.
« Je suis toujours
content d’inaugurer, c’est le signe que les choses bougent », c’est un
Éric Dupond-Moretti relativement enjoué qui s’est rendu à Noisy-le-Grand, jeudi
2 mai, dans le cadre de l’inauguration de la toute première structure
d’accompagnement vers la sortie (SAS).
Ce nouveau type d'établissement s’inscrit dans le cadre du plan 15 000 places lancé en 2018 par le ministère de
la Justice et promis par le président de la République, un programme immobilier
pénitentiaire visant à réduire la surpopulation carcérale pour garantir une
meilleure prise en charge des détenus.
Les cellules de cet établissement sont notamment composées d'un bureau, d'une petite salle de bain et de toilettes @ JSS
C’est d’ailleurs la raison de
l'ouverture de cette SAS, destinée à être un centre de réhabilitation pour les
personnes condamnées à des peines de moins d’un ou deux ans à des condamnées à
de longues peines dont le reliquat de peine est inférieur à deux ans afin de
lutter contre la récidive. Certains détenus pourront par ailleurs bénéficier d’une
mesure de semi-liberté, leur permettant de sortir de la prison selon des
horaires fixées par le juge.
La SAS de Noisy-le-Grand,
tout comme les quatorze autres structures d'accompagnement à venir, seront « rattachées
aux centres pénitenciers les plus proches », avec lesquels elles
partageront le même personnel. Budget alloué à la
réalisation du bâtiment : près de 32 millions d'euros, dont 22,86 millions
d'euros rien que pour les travaux.
« Repenser les codes pénitentiaires »
Pour concrétiser ce projet de
prison hybride, aucun détail n'a été négligé dans la conception de cet
établissement que le Garde des Sceaux considère comme « un lieu de passage
et de transition pour les détenus ». D’après le ministre, l'objectif est de
revoir « les codes pénitentiaires traditionnels afin d’intégrer le bâtiment
dans le tissu urbain avec l’objectif d’optimiser les partenariats avec le monde
civil ».
Une approche qui se reflète
dans l'accessibilité de la SAS, située à proximité de la station de RER de
Noisy-le-Grand, ce qui devrait faciliter la venue des intervenants «
attendus dans le cadre des projets individuels de réinsertion des personnes
détenues », a expliqué le ministre de la Justice.
D’autres dispositifs devraient
par ailleurs être mis en place en partenariat avec France Travail, la CAF, les
services sociaux et la mission locale, dans le but d’aider ces personnes à
trouver un logement ou un emploi, afin d’éviter les risques de récidive élevés liés
à la sortie « sèche », selon Éric Dupond-Moretti,
En ce qui concerne les
formations, Sadia Medjbour, responsable de la SAS de Noisy-le-Grand, est
catégorique : les détenus seront suivis dès le début de leur incarcération
jusqu'après leur libération. « Nous avons prévu plusieurs formations qui
débuteront à partir de septembre 2024. Des formations en écriture, en
mathématiques, en informatique » a-t-elle informé. Certaines formations
seront également dispensées par des partenaires privés pour aider les détenus à
rédiger leur CV ou leurs lettres de motivation.Haut du formulaire
Des inquiétudes au sujet de
la sécurité de Noisy-le-Grand
Lors de l’inauguration, le
Garde des Sceaux a souligné que la nouvelle infrastructure, qui, à ses yeux,
rappelle « un peu la Provence », a été conçue pour offrir « un
environnement serein, autant pour le personnel sur place que pour les détenus
». Même la couleur de l’édifice - le rose - a été choisie pour évoquer
l'apaisement et la réduction des tensions, a affirmé le ministre de la Justice.
En 2022 toutefois, la maire
(LR) de Noisy-le-Grand Brigitte Marsigny s'était opposée au projet, le
qualifiant de « Club Med de Marrakech », rapportait alors Le Parisien.
L’édile exprimait également des craintes concernant la proximité de la prison
avec les habitants de Noisy, surtout avec des détenus ayant la possibilité de
sortir en journée.
Le ministre
de la Justice a annoncé que le personnel de la SAS serait notamment composé de 34 surveillants et 4 CPIP @ JSS
Répondant aux préoccupations
des Noiséens, le ministre de la Justice a indiqué qu'il « compren[ait] bien
les inquiétudes » mais qu'il n'y avait « pas de risque réel
». Quant à la comparaison avec un « Club Med », Éric Dupond-Moretti l’a
qualifiée de « ridicule », arguant que les personnes en voie de
réinsertion, qui bénéficient donc d’un accompagnement, sont les moins
susceptibles de récidiver. Et d’ajouter que les « abords d'un établissement
pénitentiaire sont le lieu le plus sécurisé, grâce à la présence constante des
forces de l’ordre ».
Sur un éventuel impact sur
l'immobilier, autre argument régulièrement avancé, Éric Dupond-Moretti a assuré
qu'il n'y aurait pas de conséquence négative sur les prix, notamment du fait de
son « intégration dans le paysage », mais aussi car l’infrastructure
ne se trouve pas réellement au cœur du centre-ville mais sur le Boulevard du Rû
de Nesle, proche de la sortie vers l’autoroute A4.
Un projet qui lance définitivement
le programme des 15 000 places de prison
Le projet s'inscrit dans le
cadre du déploiement du plan des 15 000 places de prison
souhaité par le gouvernement. Cette SAS, la première à être inaugurée, devrait
être suivie par deux autres centres cette année : l'un à Colmar et l'autre à
Toulon.
En 2024, la moitié des
établissements prévus dans cette programmation immobilière devraient être
opérationnels « sur les 50 opérations prévues » renseigne le
ministre de la Justice.
D'ici la fin du quinquennat,
une nouvelle maison d’arrêt avec 705 places en Seine-Saint-Denis, à
Tremblay-en-France, devrait également voir le jour, « ce qui permettra
de diversifier la typologie des établissements pénitentiaires pour mieux
adapter les régimes de détention des détenus selon leur parcours, leur peine et
leur projet de réinsertion ».
Des ouvertures que le garde
des Sceaux juge « capitales » pour que la justice française
soit « moderne, ferme mais humaine, et qu’elle ait du sens pour le détenu et
notre société ».Haut du formulaire
Romain
Tardino