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Antoine Armand s’adresse aux entrepreneurs : « Il vaut mieux un budget imparfait, mais qui évolue »

Antoine Armand s’adresse aux entrepreneurs : « Il vaut mieux un budget imparfait, mais qui évolue »
Publié le 29/11/2024 à 17:30

Le nouveau ministre de l’Économie et des Finances a pris la parole jeudi 28 novembre lors de la 5e édition du salon Impact PME, organisé par BFM Business et la CPME. Les entrepreneurs attendaient des réponses, dans un contexte de tensions générées par les débats autour de l’adoption du PLF 2025.

Entrepreneurs et dirigeants d’entreprises étaient réunis ce jeudi à la Station F, à Paris, à l’occasion du salon Impact PME, dans l’espoir d’obtenir des réponses concrètes. Notamment à propos du projet de loi de finances 2025, qui alimente toujours de vifs débats. L’événement a également été marqué par la visite controversée du Premier ministre Michel Barnier, venu annoncer que les allègements des cotisations patronales sur les salaires jusqu’à 2,25 SMIC (soit 2 800 euros brut par mois) seraient maintenus. Après son intervention, le ministre de l’Économie, Antoine Armand, est monté sur scène pour répondre aux questions du journaliste économique Nicolas Doze. Prévu sous le format « 10 questions à… », l’échange s’est vite transformé en un dialogue « je t’aime, moi non plus », entre le ministre, le journaliste de BFM et François Asselin, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME).

D’emblée, Antoine Armand a cherché à apaiser les inquiétudes autour de la fragilité des comptes publics et de la réduction de la dette nationale. « Je serai le garant des 5 % de déficit en 2025 », a-t-il assuré, tout en mettant en avant l’objectif de redresser la note de crédit de la France. Une référence directe à la décision récente de l’agence de notation Moody’s, qui a maintenu la note du pays à Aa2 tout en dégradant sa perspective, passée de stable à négative, accentuant les défis économiques à venir.

« On dépense trop, on taxe trop, on ne travaille pas assez »

D’autant plus que des défis économiques, il y en a. Mais Antoine Armand, ancien député de la 2ème circonscription de la Haute-Savoie, s’est montré confiant, soulignant sa « vision claire » de la situation. « On part d’une situation qui est double : d’un côté, on a des fondamentaux économiques solides, avec la croissance moyenne la plus élevée de la zone euro, un pays attractif, et le taux de chômage le plus bas depuis 40 ans. Je sais d’où je pars économiquement. De l’autre, sur le plan financier, on est à 7 % de déficit public, hors crise. Et si on tient la trajectoire, on sera le seul pays de l’Union européenne à ne pas être sous les 3 % ».

Le ministre a également esquissé des perspectives de désendettement à partir de 2028, expliquant que ces efforts reposent sur deux impératifs majeurs : préserver la crédibilité de la signature française et, une fois le budget adopté, rouvrir les débats sur les questions de fond. « On dépense trop, on taxe trop, on ne travaille pas assez », a-t-il martelé, appelant à s’attaquer aux « tabous dont on crève ».

Des ambitions que Nicolas Doze n’a pas manqué de contester, évoquant la situation actuelle du pays. « Je ne vais pas vous incriminer, vous êtes arrivé il y a un mois, mais il y a de quoi se sentir dérouté », a-t-il lancé au ministre.

D’abord le vote du budget, puis les actions

« Il faut arrêter de chercher des responsables individuels ou collectifs », s’est défendu Antoine Armand, avant de poursuivre : « Ce qu’il faut se dire, c’est que l’on a un Premier ministre très courageux, qui n’a pas pris la tête du Gouvernement pour faire carrière mais pour donner un budget à la France. Et je vous le dis, il vaut mieux un budget imparfait, mais évolutif, qui offre un cadre financier à la nation pour 2025, qu’une dislocation budgétaire aggravant la fiscalité et menant, quelques mois plus tard, à une situation encore pire, a-t-il alerté. Si cela se produit, le prochain budget sera encore plus dur ».

« Quand je vous entends, je vois la clairvoyance dans les mots mais pas dans les actes. Je me dis que vous avez raison mais ce n’est pas ce que l’on fait ! » s’est insurgé l’éditorialiste. « Mais là, c’est le temps du budget » a répondu le ministre, confirmant son soutien à une « politique de l'offre » qu’il ne faut pas opposer à la stratégie de « rétablissement des comptes ».

Antoine Armand a également évoqué le maintien des allègements des cotisations patronales sur les salaires inférieurs à 2,25 SMIC, une mesure destinée à ne pas alourdir le coût du travail. « Les très bonnes économies prennent du temps », a-t-il enfin indiqué.

« Certains font de la politique en jouant avec la vie de nos entreprises »

Des propos qui ont trouvé un écho favorable auprès de François Asselin, président de la CPME, lequel a exprimé son soutien tout en reconnaissant les difficultés actuelles.

« Nous, entrepreneurs, savons bien que tout est dicté par le poids de notre dette. Nous ressentons la gravité de la situation dans laquelle se trouve le pays, mais nous faisons avec vous le pari de voter ce budget, parce que c’est la voie de la sagesse. J’espère qu’il sera adopté », a-t-il déclaré. François Asselin n’a pas manqué de pointer du doigt certains parlementaires : « Nous sommes conscients que, dans l’hémicycle, certains font de la politique en jouant avec la vie de nos entreprises. Mais ce budget, à bien des égards, est perfectible ».

L’invité a néanmoins salué les arbitrages favorables aux PME annoncés lors du salon, ajoutant : « Nous avons eu de bons signaux alors que nous avions très peur. Mais pour être totalement rassurés, il faudra que le Gouvernement s’engage dans une réforme de l’action publique, même dans ce contexte difficile. Si vous vous lancez, vous aurez tous les entrepreneurs à vos côtés, Monsieur le Ministre » ; propos généreusement applaudis par les entrepreneurs assistant au débat.

Un Guichet unique « vraiment unique »

Sur la question de la simplification, Antoine Armand s’est montré formel : « Elle est indispensable, il faut la faire ». Et d’ajouter que « l'État ne peut se substituer à tout ». Le nouveau ministre a par ailleurs évoqué la continuité des réformes initiées par son prédécesseur, notamment le Guichet unique. Alors que le dispositif, entré en vigueur en janvier 2023 pour remplacer les centres de formalités des entreprises (CFE), a connu des débuts difficiles, le ministre a annoncé la fin de la procédure de secours gérée par Infogreffe à partir du 1er janvier 2025. Le Guichet unique « sera vraiment unique », a précisé Antoine Armand.

Le ministre a également annoncé la mise en place d’un test PME dès le mois de décembre 2024 pour mesurer l'impact des normes sur les entreprises, en particulier celles concernant la facturation électronique et les seuils d'effectifs. « Lorsque vous embauchez un 11e ou un 51e salarié, le poids de la norme pour changer de seuil est trop lourd », a-t-il expliqué. Enfin, Antoine Armand a promis de présenter chaque mois à ses collègues ministres « un paquet de normes à supprimer et non pas à simplifier ».

« Il est temps de donner des signes de réelle volonté de simplification, et on vous rendra des comptes », a-t-il conclu. Pris par le temps, le ministre a dû quitter le salon plus tôt que prévu pour se rendre au Sénat, où il avait une dernière mission à accomplir : discuter du budget.

Romain Tardino 
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