POLITIQUE

Après la dissolution, de nombreux textes de loi mis à l’arrêt

Après la dissolution, de nombreux textes de loi mis à l’arrêt
Parmi les textes en suspens, le projet de loi fin de vie ou la proposition de loi sur les pfas
Publié le 20/06/2024 à 11:38
Alors que la nouvelle composition de l'Assemblée nationale ne sera connue que le 7 juillet, quels sont les projets et propositions de loi dont l'examen a été stoppé ? Le JSS fait le point.

Avec l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale, nombre de textes de loi se retrouvent suspendus à un avenir incertain. Pour revenir au Parlement, et alors que le gouvernement aura changé, ils devront de nouveau être inscrits à l'agenda. Toutes les modifications apportées aux textes en cours d’examen à l’Assemblée seront alors caduques, leur examen devant repartir de zéro – si tant est que le nouveau gouvernement et le nouvel hémicycle qui sortira des urnes le 7 juillet le souhaitent.

En parallèle, le Sénat a annoncé la suspension de ses travaux dans l’attente de la constitution de la chambre basse. Les textes en gestation à la chambre haute pourraient continuer leur navette parlementaire à partir du 18 juillet prochain – encore une fois, seulement si la nouvelle majorité à l’Assemblée y consent.

Le projet de loi sur la fin de vie

Sous les feux de l'actualité ces derniers mois, le PJL sur la fin de vie a vu son examen en première lecture stoppé par la dissolution. Présenté comme la grande réforme sociétale du second quinquennat Macron, le texte prévoyait notamment la création de maisons d'accompagnement pour les personnes en fin de vie, et une aide à mourir pour les personnes atteintes d'une maladie incurable avec un pronostic vital engagé.

Les débats en séance publique avaient débuté à l'Assemblée nationale le 27 mai, et devaient faire l'objet d'un vote le 18 juin. Pour que le texte puisse être soumis de nouveau au Parlement, et à l'instar des autres textes « arrêtés » par la dissolution, il devra disposer d'un accord de la conférence des présidents, instance du palais Bourbon qui inscrit les textes à l'agenda.

La proposition de loi sur la réforme de l'assurance-chômage

Face à l'annonce du gouvernement de durcir à nouveau, le 1er juillet, les conditions d'accès à l'assurance chômage, le groupe LIOT a présenté une proposition de loi visant à protéger le modèle d'indemnisation des demandeurs d'emploi qui avait pour but de détricoter une bonne partie des dernières réformes gouvernementales.

Soutenu par les quatre principaux syndicats (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC), ce texte, qui devait être discuté le 13 juin à l'Assemblée, proposait de remplacer le document de cadrage (introduit par la loi Avenir professionnel du 5 septembre 2018) remis en amont des négociations sur l’assurance chômage par un document d’orientation, « moins contraignant », visant à faciliter les accords entre les partenaires sociaux.

Il avait aussi pour objectif de sanctuariser la durée d’indemnisation et la durée requise d’affiliation avec des planchers respectifs fixés à 18 mois pour l’une et 6 mois de travail au cours des 24 derniers mois pour l’autre. Enfin, le texte supprimait le principe de contracyclicité de la loi du 21 décembre 2022 qui module le montant des indemnités en fonction du taux de chômage.

La loi visant à remédier aux déséquilibres du marché locatif

Après avoir été adoptée par l'Assemblée nationale le 29 janvier et par le Sénat le 21 mai, cette loi était bien partie pour être adoptée en juin, après son passage en commission mixte paritaire. Le texte prévoyait de réduire les avantages fiscaux liés à la location de meublés touristiques, en alignant leur régime fiscal sur celui du microfoncier.

Le projet de loi relatif au développement de l'offre de logements abordables

Après une première loi décriée par les défenseurs des mal-logés qui a durci les sanctions contre l'occupation illicite, le ministre délégué chargé du logement, Guillaume Kasbarian, s’est à nouveau attiré les foudres des associations avec un projet de loi proposant de réduire les obligations de construction de logements sociaux prévues par la loi SRU, en donnant la possibilité aux maires de les remplacer par des logements intermédiaires. Ce projet de loi devait être débattu au Sénat en séance publique à partir du 17 juin, mais la chambre haute du Parlement a cessé ses travaux dans l’attente de l’élection d’une nouvelle Assemblée.

La proposition de loi sur les Pfas

La proposition visant à protéger la population des risques liés aux substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées, dits Pfas ou « polluants éternels », déposée par le député écologiste Nicolas Thierry, a déjà été adoptée à l'Assemblée nationale le 4 avril, et au Sénat le 30 mai. Visant à interdire la fabrication, l'importation et la vente de ces substances, le texte devait être examiné en deuxième lecture avant la fin de l'année.

Le projet de loi d'orientation agricole

Adopté en première lecture à l'Assemblée le 28 mai après engagement de la procédure accélérée, le projet de loi d'orientation pour la souveraineté en matière alimentaire et agricole et le renouvellement des générations en agriculture, devait être discuté au Sénat en juin. Ce texte devait apporter des réponses à la crise que connaît le monde agricole en faisant de la souveraineté alimentaire un objectif structurant les politiques publiques. Il visait également à simplifier et à sécuriser les activités agricoles, par exemple en accélérant les contentieux, mais aussi à « former les agriculteurs de demain », via un programme national d’orientation et de découverte des métiers agricoles, et à « faciliter les transmissions et les installations ».

La proposition de loi organique de financement de l'audiovisuel public

A la suite de la suppression de la redevance télé par Emmanuel Macron en 2022, le financement de l'audiovisuel a disposé d'une fraction de la TVA, dispositif qui s'achève en fin d'année. Les députés Quentin Bataillon (Renaissance) et Jean-Jacques Gaultier (Les Républicains) ont déposé un projet de loi organique, pour assurer aux médias publics un financement pérenne, par un prélèvement sur les recettes de l’État.

La proposition de loi pour la gouvernance de l'audiovisuel public

Déposée par le sénateur UDI Laurent Lafon, la proposition de loi relative à la réforme de l'audiovisuel public et à la souveraineté audiovisuelle, adoptée par le Sénat en juin 2023, devait voir sa discussion se poursuivre en juin à l'Assemblée. Le texte prévoit la création d'une holding nommée France Médias, regroupant quatre filiales : France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et l'Institut national de l'audiovisuel (INA). Et ce dès janvier 2025, préfigurant une fusion un an plus tard. Ces annonces avaient déclenché une grève dans ces différents médias, les 23 et 24 mai dernier.

De leur côté, en cas de victoire aux législatives, les représentants du Rassemblement national ont annoncé leur souhait de privatiser l'audiovisuel public. L’incertitude sur le devenir de l’audiovisuel public ont fait chuter en bourse deux acteurs importants de l'audiovisuel privé : TF1, dont le titre a perdu plus de 8%, tandis que celui de M6 a reculé de 8%. A gauche, le Nouveau front populaire appelle à « garantir la pérennité » du service public de l’audiovisuel grâce à un « financement pérenne, lisible, socialement juste et garantissant son indépendance ».

Le projet de loi sur la simplification de la vie économique

L’examen en séance publique au Sénat début juin de ce texte a été interrompu avant d’arriver au vote. Ce projet de loi poussé par le ministre de l’Économie visait à simplifier les tâches administratives des PME, par exemple en facilitant l'accès à la commande publique.

La proposition de loi contre la fast fashion

La proposition de la députée Anne-Cécile Violland (Horizons et apparentés) a été adoptée à l'unanimité en première lecture à l'Assemblée le 14 mars, et a été annoncée en mai au Sénat. Imposant un malus lors de l’achat d’un vêtement jugé à fort impact environnemental, le texte était attendu par l'industrie française du textile.

La proposition de loi sur le financement des entreprises de défense françaises

Adoptée au Sénat le 5 mars et dans l'attente de sa programmation à l'Assemblée, ce texte visait à orienter une partie de l'épargne placée sur les livrets A et les livrets de développement durable et solidaire vers le financement des entreprises françaises de défense.

La proposition de loi sur l'intervention des cabinets de conseil dans les politiques publiques

Porté par une sénatrice communiste, Eliane Assassi, et un sénateur républicain, Arnaud Bazin, ce texte prévoyait une série de dispositions visant à assurer une meilleure transparence et un meilleur encadrement des interventions des cabinets de conseil dans le domaine public. Après une première navette parlementaire, le texte devait prochainement être inscrit à l’agenda de l’Assemblée pour une deuxième lecture.

La proposition de loi sur les frais bancaires liés à une succession

Face aux frais parfois importants que les banques facturent pour clôturer les comptes de leurs clients décédés, la députée socialiste Christine Pirès Beaune a proposé une loi pour les encadrer. Après une adoption en première lecture à l’Assemblée nationale et au Sénat, le texte a été renvoyé en commission des finances le 16 mai.

La proposition de loi sur le verdissement des flottes automobiles

Déposée par le député Renaissance Damien Adam, cette proposition visait à soutenir l'adoption du véhicule électrique. Dans ce but, elle relevait les ambitions des objectifs d'achat de véhicules électriques fixés par la loi d'orientation des mobilités de 2019. Il était prévu que la proposition soit discutée en septembre.

Au-delà de toutes ces propositions et projets de loi mis à l'arrêt, on peut évoquer la suspension de nombreuses commissions d'enquête : souveraineté alimentaire, violences commises dans les secteurs culturels, montage juridique et financier du projet d’autoroute A69, manquements des politiques de protection de l'enfance… Toutes lancées au cours des derniers mois, elles ont subitement été clôturées le soir de la dissolution, comme en atteste le site de l'Assemblée nationale.

Etienne Antelme

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