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DÉCRYPTAGE. Proposition d'un CDI à l'issue d'un CDD : quelles nouvelles obligations pour l'employeur ?

DÉCRYPTAGE. Proposition d'un CDI à l'issue d'un CDD : quelles nouvelles obligations pour l'employeur ?
Publié le 07/02/2024 à 17:47

La loi impose depuis le début de l’année aux entreprises de signaler auprès de France Travail tout refus d’un contrat à durée indéterminée de la part d’un employé auparavant recruté en contrat court. Zoom sur ces nouvelles dispositions avec Ida Christelle Makanda, juriste experte en droit du travail et présidente-fondatrice du cabinet de conseils ICM Legal Consulting.

Depuis le 1er janvier 2024, conformément à la loi du 21 décembre 2022 portant mesures d'urgence relatives au fonctionnement du marché du travail en vue du plein emploi, à son décret d’application n°2023-1307 du 28 décembre 2023 et à l’arrêté du 3 janvier 2024, l’employeur qui propose à un salarié un contrat à durée indéterminée en fin de contrat à durée déterminée ou de mission intérimaire, pour occuper le même emploi ou un emploi équivalent, a l’obligation de :

-         lui notifier cette proposition par tous moyens écrits (par lettre recommandée avec accusé de réception, par lettre remise en main propre contre décharge ou par tout autre moyen conférant date certaine à sa réception) ;

-         lui laisser un délai raisonnable (qui n'est pas encadré par le texte réglementaire) pour se prononcer sur la proposition de CDI. Dans celle-ci, il doit indiquer que l'absence de réponse de sa part dans le délai imparti vaut rejet de la proposition.

Cette même obligation s’impose à l’entreprise utilisatrice lorsqu’elle propose un CDI à un salarié intérimaire, à l’issue de sa mission.

Obligation de notification de la proposition du CDI au salarié

Le Code du travail prévoit des critères cumulatifs de rémunération équivalente, de rémunération équivalente, de classification équivalente et de non-changement du lieu de travail. Le nouvel article L1243-11-1 du Code du travail prévoit que « lorsque l'employeur propose que la relation contractuelle de travail se poursuive après l'échéance du terme du contrat à durée déterminée sous la forme d'un contrat à durée indéterminée pour occuper le même emploi ou un emploi similaire, assorti d'une rémunération au moins équivalente pour une durée de travail équivalente, relevant de la même classification et sans changement du lieu de travail, il notifie cette proposition par écrit au salarié. En cas de refus du salarié, l'employeur en informe l'opérateur France Travail en justifiant du caractère similaire de l'emploi proposé ».

En revanche, le Code du travail ne retient pas la même définition de l’emploi similaire, selon qu’il soit proposé à un salarié intérimaire ou à un salarié en contrat à durée déterminée. Ainsi, pour le salarié en fin de mission d’intérim, l’article L1251-33-1 du Code du travail dispose que « lorsque l'entreprise utilisatrice propose au salarié de conclure un contrat à durée indéterminée pour occuper le même emploi ou un emploi similaire, sans changement du lieu de travail, elle notifie cette proposition par écrit au salarié ». Les éléments de rémunération, de temps de travail et de classification ne sont donc pas pris en compte concernant les contrats d'intérim.

Par conséquent, exclusivement pour le salarié en fin de mission d’intérim, s’agissant d’un changement du lieu de travail, l’emploi proposé au salarié ne pourra pas être caractérisé d’emploi similaire tant et si bien que l’employeur n’aura pas l’obligation de notifier la proposition de CDI par écrit d’une part, ni d’informer l’opérateur France Travail en cas de refus de la proposition par le salarié concerné.

Refus du salarié et information écrite de l’employeur auprès de France Travail

Le salarié est donc en droit de refuser cette proposition. Toutefois, l’employeur (ou l'entreprise utilisatrice) devra en informer France Travail (ex Pôle Emploi) dans un délai d’un mois suivant le refus du salarié ou, en cas d'absence de réponse, à l'expiration du délai raisonnable accordé au salarié pour prendre sa décision, par voie dématérialisée, selon les modalités précisées par l’arrêté du 3 janvier 2024.

Cette information devra obligatoirement justifier des conditions contractuelles similaires au dernier emploi occupé à l’issue du contrat à durée déterminée ou de la mission d’intérim.

L'information destinée à France Travail est accompagnée de la mention relative :

-         au délai imparti laissé au salarié pour se prononcer ;

-         à la date de refus exprès du salarié ou, en cas d'absence de réponse, de la date d'expiration du délai imparti laissé au salarié pour se prononcer.

En outre, lorsqu'un salarié, au cours des 12 mois précédents, aura reçu au moins deux propositions de CDI à l'issue d'un CDD ou d'un contrat d'intérim pour le même emploi ou un emploi similaire, le bénéfice de l'assurance chômage ne pourra lui être ouvert que « s'il a été employé dans le cadre d'un contrat de travail à durée indéterminée au cours de la même période », précise la loi du 21 décembre 2022.

Toutefois, cette mesure ne s'appliquera pas lorsque la dernière proposition adressée au demandeur d'emploi n'est pas conforme aux critères prévus par le projet personnalisé d'accès à l'emploi (PPAE) si ce projet a été élaboré avant la date du dernier refus pris en compte.

Si l'information adressée par l'employeur (ou l’entreprise utilisatrice) est incomplète, France Travail lui adressera alors une demande d'informations complémentaires. L'employeur dispose alors d'un délai de 15 jours pour y répondre.

France Travail informe le salarié

À la réception de l'information complète du refus de CDI, France Travail en informe à son tour le salarié concerné. L’opérateur lui indique également les conséquences de son refus sur l'ouverture de droit à l'allocation de retour à l’emploi (ARE), comme indiqué dans le décret du 28 décembre 2023.

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