L’activité a été marquée,
à la fin du premier trimestre 2022, par la poursuite de la hausse des coûts de
production. Les restrictions très strictes en Chine dues aux confinements
successifs ont notamment eu pour effet de créer de nombreuses pénuries et
générer des perturbations d’une durée indéterminée. Les bassins industriels
asiatiques sont encore régulièrement en sous-production (vêtements, chaussures,
puces électroniques, composants, pièces détachées). Parallèlement, les
réductions d’activité des ports ont également renchéri les tarifs du fret
maritime.
La guerre en Ukraine
À ces problématiques
s’ajoute désormais une très forte tension sur les marchés des matières
premières énergétiques (pétrole, gaz), dans un contexte de crise internationale
née du conflit militaire en Ukraine. L’ensemble conjugué de ces phénomènes a
pour effet de générer un terreau inflationniste lié à une
hausse nécessaire des prix de vente afin de pouvoir préserver les marges des
entreprises.
L’inquiétude des chefs d’entreprise
En cette période de clôture des bilans 2021, les
perspectives de croissance pour l’année à venir sont revues à la baisse, et
l’inflation sur 12 mois est portée à plus de 4 %. L’inquiétude
des dirigeants est donc multiple, il faut :
• réorganiser les chaînes d’approvisionnement pour faire
face aux différentes ruptures ;
• anticiper les hausses de coûts et avoir la capacité de
les répercuter sur les prix de ventes au consommateur final ;
• évaluer l’évolution des marchés et l’impact du contexte
international sur la consommation.
Ces questions se posent par exemple, et de manière non
limitative, dans les domaines d’activités que nous rencontrons :
•
automobile : rupture
d’approvisionnement des composants électroniques, puis désormais des faisceaux
électriques ;
• agro-alimentaire :
hausse des cours des matières premières, grilles tarifaires déjà fixées avec la
grande distribution ;
• industrie :
impacts très importants du coût du gaz et de l’électricité, par exemple dans
l’imprimerie, la cartonnerie, du prix des matériaux (notamment le bois et
l’acier) et du prix du gaz qui aura un impact sur tous les produits
manufacturés ;
• transport : poste carburant prépondérant ;
• négoce : rupture de matières premières (argiles pour
production de carrelages par exemple, etc.).
Le plan de résilience du gouvernement
Pour faire face au poids significatif de ces hausses de
coûts, un plan de résilience a été présenté le 16 mars 2022 par le
gouvernement, avec pour objectif de faire face aux difficultés de trésorerie
rencontrées.
Tout d’abord, le PGE (Prêt Garanti par l’État),
dispositif mis en place lors de l’épidémie de Covid-19, demeure disponible sous
ses modalités actuelles, jusqu’au 30 juin 2022 et pour toutes les entreprises
éligibles et pour quelque motif que ce soit. Pour les entreprises impactées par
les conséquences économiques du conflit ukrainien, le gouvernement a de surcroît
décidé de relever le montant du PGE pour qu’il puisse atteindre 35 % du chiffre d’affaires, contre 25 % dans le
dispositif général.
Parallèlement, les prêts bonifiés de
l’État sont également prorogés jusqu’à la fin de l’année 2022. Ils sont quant à
eux adaptés aux entreprises n’ayant pas pu bénéficier d’un PGE, mais qui
présentent des perspectives réelles de redressement économique.
Le prêt croissance industrie, mis en place en décembre
dernier, est désormais ouvert aux entreprises du BTP.
Enfin, les recours au report de
paiement des obligations sociales et fiscales est aussi facilité pour les
entreprises mises en difficulté par l’augmentation des prix de l’énergie.
En ce qui concerne les aides ciblées,
des remises carburants, notamment pour les professionnels du transport, sont
octroyées. Le sont également des aides aux entreprises dont les dépenses de gaz
et d’électricité représentent une part élevée des charges, et au moins 3 % du chiffre d’affaires, et qui du fait du
renchérissement de leurs dépenses en énergie, deviendraient déficitaires en
2022.
L’incidence de l’ensemble de ces
facteurs économiques a pour effet de renforcer la vigilance du commissaire aux
comptes, une de ses prérogatives consistant à s’assurer que les mesures
nécessaires au maintien d’une activité pérenne sont prises et efficaces.
Les
conseils du commissaire aux comptes
Face à ces incertitudes, et dans le
cadre de ses missions, le commissaire aux comptes est à même d’éclairer les
dirigeants sur les différentes possibilités qui s’offrent à eux afin de
minimiser les effets.
Il existe par exemple un outil
permettant d’atténuer, dans le temps, l’incidence de la hausse des coûts des
matières stockées et donc l’impact à venir des baisses de marges : la
provision pour hausse de prix. Sa constatation, en franchise d’impôt, peut être
réalisée pour toute hausse de cours supérieure à 10 %. Nous invitons nos
clients dirigeants à se positionner sur cette option facultative. Toutefois,
cette mesure comptable et fiscale n’a pas d’incidence sur la trésorerie de
l’entreprise, sauf une économie d’impôt.
Olivier Smague,
Commissaire aux
comptes et associé chez Talenz Audit