JUSTICE

L’ENM crée un congé de prévention à l’intention de ses agents

L’ENM crée un congé de prévention à l’intention de ses agents
Publié le 28/06/2025 à 13:56

L’École Nationale de la Magistrature inaugure un congé spécifique pour encourager la prévention et les dépistages médicaux. L’initiative a été particulièrement bien accueillie par ses agents.  

L’École nationale de la magistrature a annoncé le 24 juin dernier la mise en place d’un nouveau droit en matière de santé, en instituant « une journée d’absence exceptionnelle consacrée à la prévention et aux dépistages du cancer ».

Avec ce dispositif d’accompagnement, l’école devient l’une des premières institutions publiques à s’engager dans cette voie, au bénéfice de ses personnels, quels que soient leur âge et leur sexe. Ce congé prend la forme d’une autorisation d’absence exceptionnelle et peut être accordé pour chaque agent une fois par an. Il est sans incidence sur les droits à congés et n'est soumis à aucun contrôle.

De l’épreuve personnelle au projet collectif

Derrière ce dispositif, une initiative de Raphaëlle Silvy-Leligois, magistrate et sous-directrice du département des formations professionnelles spécialisées à l’ENM : « Aujourd'hui, Santé publique France encourage trois types de dépistage : celui du cancer du sein, du colon et de l'utérus. A l’ENM, nous encourageons plutôt à ne pas se contenter de ces campagnes, exprime-t-elle.

Chacun a son histoire familiale, chacun a ses raisons de consulter un spécialiste... Ne serait-ce que pour un grain de beauté suspect. Ce jour de congé offert est un levier pour faire comprendre aux membres du personnel que leur employeur les encourage à vérifier leur santé au moins une fois par an. Et qu’ils doivent accorder plus d’importance à ces rendez-vous médicaux, qui sont souvent repoussés ou oubliés. »

Le projet est issu d’une initiative personnelle. Raphaëlle Silvy-Leligois a elle-même été confrontée à un cancer. Elle raconte : « A partir du moment où vous apprenez cette nouvelle, tout cela vous paraît injuste, insensé et incompréhensible. Rapidement, j’ai eu besoin de donner du sens à ce qui m’arrivait. J’ai d’abord envisagé la piste associative, pour m’y engager ou en créer une. Après réflexion, j’avais surtout envie de lier médical et environnement professionnel, puisque je continuais à travailler en même temps que mes soins ».

Le 4 février 2025, à l’occasion de la journée mondiale du cancer, Raphaëlle Silvy-Leligois apprend que le groupe Publicis lance le Screening Time Off, une initiative qui incite les entreprises à accorder du temps libre à leurs employés pour réaliser des dépistages de cancer. « Je me suis dit : c’est ce qu’il nous faut », indique la magistrate.

Une initiative appréciée en interne

Face à la demande de Raphaëlle Silvy-Leligois, Nathalie Roret, directrice de l’ENM, soutenue par son comité de direction, lui prête une « oreille attentive et bienveillante ». « Sur le principe, on m’a dit oui tout de suite. Il s’agissait ensuite d’étudier les modalités pratiques et opérationnelles. »

Aujourd’hui, le principal objectif de sensibilisation du public semble atteint. « Ils n’ont plus à poser un jour de congé ou de RTT. Plus besoin de demander l’autorisation à leur N+1 ». Au-delà de la sensibilisation au dépistage, pour celles et ceux qui auraient tendance à les oublier, il s’agit aussi de rappeler ce que doit être la priorité du quotidien : être en bonne santé.

Le premier bilan semble positif. « J’ai reçu de très bons retours, toujours reconnaissants, relate Raphaëlle Silvy-Leligois. Certains m’ont raconté des bribes de leur vie : un examen à faire chaque année, une famille à risque… Ceux-là se réjouissent de pouvoir se soigner sans que cela ne leur coûte un jour de congés. D’autres m’ont avoué qu’ils avaient eu un véritable déclic à la lecture de nos communications : ils ont immédiatement pris ce rendez-vous médical que leur vie personnelle ou professionnel empêchait jusqu’alors de planifier ». L’enjeu d’information étant d’autant plus important que la détection précoce permet de poser rapidement un diagnostic de cancer, pour une meilleure prise en charge.

Avec le recul, Raphaëlle Silvy-Leligois constate également que le lien « humain » au sein des personnels de l’ENM s’est renforcé. « Certaines personnes que je ne connaissais pas se sont confiées à moi. Des sujets liés à l’intime ont été évoqués : c’est rare dans un environnement de travail. » Au-delà de la prévention et du dépistage, la magistrate rappelle également que cette initiative sensibilise tout autant à l’épreuve même de la maladie. « On peut être malade tout en continuant à se sentir bien au travail. On peut revenir après avoir été malade sans appréhension. L’idée est aussi de donner un signe positif de l’après-maladie ».

Laurène Secondé


 

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