En tête des facteurs de
satisfaction pour plus de 85 % des juristes interrogés, ce taux régresse
toutefois légèrement par rapport à l’année précédente selon un baromètre. En
parallèle, la part d’entre eux qui s’estiment en situation de burn out a
progressé de quatre points en trois ans.
Début mai, le leader français
du management de transition juridique Oxygen+, avec le concours de l’Association
française des juristes d’entreprise (AFJE) et du Cercle Montesquieu, a publié
le quatrième baromètre national sur la satisfaction des juristes d’entreprises en
2024.
Basé sur une dizaine de
critères, le baromètre a pour objectif d’appréhender la satisfaction au travail
de ces juristes. Pour l’avocat et fondateur d’Oxygen+ Stéphane Lefer, ce
« regard est intéressant, car il permet aux directeurs et directrices
juridiques d’avoir un instantané de ce que pensent les juristes de leur travail
et des conditions de l’exercer afin de mener les actions utiles ».
Cette année, l’enquête révèle
que le niveau de satisfaction général reste bon pour 79 % des 464 personnes
interrogées, tout en perdant cependant trois points par rapport à l’année
passée. Plus précisément, le taux de juristes « très satisfaits »
est en baisse en 2024.
Autre taux en baisse - d’un point
cette fois -, bien que toujours maintenu à un haut niveau, celui relatif à
l’ambiance de travail au sein de la direction juridique, jugée « bonne »
pour plus de 85 % des répondants. Il s’agit du plus haut taux de
satisfaction parmi les différents critères évalués pour l’année 2024. Seuls
0,87 % des sondés s’inscrivent en faux avec cette affirmation.
La satisfaction des perspectives
d’évolution et de reconnaissance au travail perd du terrain
Réinterrogés sur les
perspectives d’évolution au sein de leur direction juridique, les juristes
d’entreprise ont de nouveau exprimé des réserves. Si le taux de satisfaction à
l’égard des perspectives d’évolution n’a jamais dépassé les 50 % depuis le
premier baromètre en 2021, il est en recul de 4 points cette année, avec 38 % de
juristes qui estiment pouvoir grimper les échelons au sein de leur direction
juridique.
Côté reconnaissance et
valorisation au travail, 3 juristes sur 10 disent souffrir d’un manque de
reconnaissance, d’après le baromètre. Pour Béatrice Bihr, vice-présidente
exécutive, secrétaire générale chez Pluxee, branche avantages aux salariés du
groupe Sodexo, ce chiffre s’explique par le fait que cette population de
professionnels « petite, discrète, est souvent méconnue au sein même
des entreprises qui les emploient (…) et alors même que leur charge de travail
mène 30 % d’entre eux au surmenage ».
En effet, près de 3 juristes
sur 10 s’accordent pour dire qu’ils se sentent actuellement en situation de
burn-out, soit une progression de 4 points en trois ans, pointe le baromètre.
Même constat concernant la charge mentale. Près de 85 % des juristes
sondés admettent ressentir une charge mentale. Un taux moins important qu’en
2023 (88 %), mais néanmoins toujours « élevé », jugent 22 %
de professionnels.
Le harcèlement moral, le
harcèlement sexuel et la discrimination, « sujets d’importance dans les
entreprises », ont également fait partie du champ des indicateurs de
satisfaction des juristes d’entreprise pour cette année. Si un peu moins d’un
juriste sur 10 considère avoir déjà subi une situation de harcèlement sexuel au
cours de sa carrière, ils sont plus de 4 sur 10 à avoir vécu des faits de
harcèlement moral dans ce même cadre, selon le baromètre, et 3 sur 10 estiment
avoir vécu des faits de discrimination.
53 % des juristes
d’entreprise estiment avoir une rémunération adéquate à leur travail
Malgré des taux en baisse,
certains indicateurs affichent une satisfaction plus haute au regard de 2023. La
rémunération et les avantages atteignent en effet 53 % de satisfaction chez les
juristes, soit un point de plus que l’année passée, mais également le plus haut
taux pour cet indicateur depuis le premier baromètre.
Quant au rapport entre
travail en présentiel et à distance (télétravail), près de 85 % des
juristes estiment avoir un bon équilibre, soit 5 points de plus qu’en 2023, et
une progression de 14 points en trois ans, soulève le baromètre. Il s’agit
également de la plus forte progression de satisfaction pour 2024, puisque 79 %
des juristes sondés l’an passés avaient répondu par l’affirmative.
Par ailleurs, si le baromètre
2023 avait opéré un focus sur la retraite, cette année, c’est l’intégration de
l’intelligence artificielle qui était visée. Globalement, l’arrivée de l’IA est
plutôt bien accueillie au sein de la profession, avec 67 % de juristes qui
y voient une source d’opportunités, et plus de 80 % qui estiment qu’elle
impactera positivement leur travail et qu’elle permettra à leur direction
juridique de mieux accomplir leurs missions. Et si les « juristes
semblent s’enthousiasmer pour l’IA sans être dupes, pointe le fondateur
d’Oxygen+, cela va bien évidemment changer leur exercice
professionnel ».
Allison
Vaslin