ÉCONOMIE

Le CNGTC veut mieux armer les greffiers dans la lutte contre la criminalité financière

Le CNGTC veut mieux armer les greffiers dans la lutte contre la criminalité financière
Publié le 28/05/2024 à 15:08

Au titre des préconisations qu'il formule dans un livre blanc, le Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce suggère de fiabiliser le Registre des bénéficiaires effectifs en étendant le mécanisme de radiation d’office déjà en vigueur pour le Registre du commerce et des sociétés.

Un an après l’annonce par le ministère des Comptes publics d’un plan de lutte contre la fraude sociale et de ses mesures pour y parvenir, le Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce (CNGTC) a dévoilé ce 23 mai son Livre blanc portant 15 recommandations pour la profession, afin de donner plus de moyens aux greffiers pour lutter contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme (LCB-FT).

Ces experts font en effet partie des 48 professions assujetties à l’obligation de déclaration à TRACFIN d’opérations suspicieuses : en 2023, les greffiers de tribunaux de commerce ont envoyé 1 431 déclarations de soupçon auprès du service de renseignement français.

Donner l’accès aux greffiers à la base de données nationale FICOBA

Pour affermir l’arsenal à disposition des greffiers, le CNGTC préconise de renforcer les missions de police économique au service de la transparence, par exemple en donnant la possibilité aux greffiers de vérifier la réalité du compte bancaire déclaré par les sociétés au moment de leur création.

Car si les greffiers peuvent contrôler les pièces déposées justifiant de l’ouverture d’un compte au nom de l’entreprise en formation pour les SA et SAS, pour les SARL et EURL, « l’attestation de dépôt n’est pas nécessaire, il suffit d’indiquer librement dans les statuts le montant des apports constituant le capital ainsi que les nom et adresse de la banque » est-il expliqué dans le livre blanc.

Le CNGTC recommande en particulier d’automatiser les relations électroniques avec la Banque de France, ce qui permettrait d’identifier immédiatement les comptes ouverts par les entreprises en formation. Les greffiers seraient aussi autorisés à interroger la base de données nationale FICOBA qui recense les comptes de toute nature que gèrent les administrations publiques notamment.

Vers la création d’un registre officiel des entreprises exclues des marchés publics

Parmi ses recommandations également, le CNGTC fait le point sur les outils dont devrait se doter, selon lui, l’écosystème de la LCB-FT, afin de faciliter les missions des autorités et des professionnels assujettis. Deux d’entre elles entendent notamment créer deux registres distincts, dont un registre officiel des entreprises exclues de la passation des marchés publics.

En effet, contrairement aux États-Unis par exemple « où une liste de l’ensemble des personnes exclues des marchés publics est compilée par une agence publique et mise à disposition des acheteurs publics », ou bien « à certaines pratiques des banques de développement, qui, comme La Banque Mondiale, prévoient une exclusion des marchés publics pour les sociétés condamnées pour corruption et établissent des listes y afférentes », la France ne possède pas de tels dispositifs, pointe le CNGTC.

Par ailleurs, aucune mention de ce type de condamnation n’apparait sur l’extrait Kbis de l’entreprise. En créant ce fichier national dont la gestion serait confiée au CNGTC, le Conseil a pour ambition de permettre la sécurisation de la commande publique et constituerait « un outil de première importance dans le renforcement des dispositifs de prévention des difficultés des entreprises ».

Le livre blanc formule en outre cinq propositions afin de gagner en efficacité dans la tenue du Registre des bénéficiaires effectifs (RBE), dont celle d'étendre le mécanisme de radiation d’office actuellement en vigueur pour le Registre du commerce et des sociétés, une mesure qui selon le CNGTC permettrait « de fiabiliser le registre des bénéficiaires effectifs et serait une mesure de prévention, ces sociétés étant le plus souvent des coquilles vides qui peuvent être détournées à des fins frauduleuses ».

Une recommandation propose par ailleurs la restauration de l’obligation de déclaration des chaînes de détention au RBE qui prive actuellement « les administrations françaises et européennes d’éléments essentiels dans l’identification des bénéficiaires effectifs ».

Le président du CNGTC Victor Geneste l’assure, « La gestion de situations multiples et variées en lien avec l’ensemble des parties prenantes du monde de la justice économique a abouti à ces quinze mesures » pour lutter contre la criminalité financière. Plusieurs propositions ont d’ailleurs été reprises dans le rapport de la Commission d’enquête du Sénat sur l’impact du narcotrafic, dont les conclusions ont été présentées le 14 mai, telles que la recommandation sur la radiation d’office des entreprises ne respectant pas leurs obligations, indique un post LinkedIn du conseil.

Allison Vaslin

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