Selon une étude, bien que le
taux d’emploi des Franciliennes ait progressé de 7,4 points entre 2000 et 2023,
l’augmentation est bien plus marquée à l’échelle nationale (+11,7 points).
En Île-de-France, si les
femmes affichent historiquement un taux d’emploi supérieur à la moyenne
nationale - en 2000, il atteignait 66,3 %, dépassant de plus de six points le
niveau national (60 %) -, cet écart s’est progressivement réduit au fil des
décennies. C’est ce que révèle une étude publiée ce 6 mars 2025 par le
CROCIS, l’observatoire économique de la CCI Paris Île-de-France.
En effet, bien que le taux
d’emploi des Franciliennes ait progressé de 7,4 points entre 2000 et 2023,
l’augmentation est bien plus marquée à l’échelle nationale (+11,7 points). Résultat
: l’écart entre l’Île-de-France et le reste du pays, auparavant bien plus
marqué, s’est réduit à seulement deux points en 2023 (respectivement 73,7 % et
71,7 %). En un peu plus de 20 ans, la région-capitale a perdu de son avance,
enregistrant la plus faible progression du taux d’emploi féminin parmi les
régions françaises.
Plus en tête du classement
national, mais un « rééquilibrage progressif »
L’Île-de-France a
particulièrement souffert des crises économiques successives : « repli de
1,9 point en 2004-2005 après l’éclatement de la bulle internet, chute de 3,4
points entre 2008 et 2010 à la suite de la crise financière, puis un
ralentissement en 2020 dû à la crise sanitaire » énumère l’étude.
Désormais, l’Île-de-France ne
figure même plus en tête du classement national. « En 2023, elle affichait
seulement le sixième taux d’emploi des femmes, derrière des régions comme la
Bourgogne-Franche-Comté (75,7 %), les Pays de la Loire (75,6 %) ou encore le
Centre-Val de Loire (74,8 %) », souligne le CROCIS.
Pour autant, l’Île-de-France n’en
a pas moins contribué à la réduction des inégalités entre les sexes sur le
marché du travail. L’écart entre le taux d’emploi des femmes et celui des
hommes, qui s’élevait à 11,3 points en 2000 (66,3 % pour les femmes contre 77,6
% pour les hommes), s’est resserré à 6,0 points en 2023 (respectivement 73,7 %
contre 79,7 %). Une évolution qui témoigne d’un « rééquilibrage
progressif, malgré des disparités régionales persistantes ».
Un déséquilibre femmes-hommes
moins élevé qu’ailleurs en Europe
Quand elle compare
l’Île-de-France à plusieurs grandes régions européennes, dont la Bavière, la
Catalogne ou encore la Lombardie, l’étude met de nouveau en lumière une
évolution contrastée.
Autrefois en tête des grandes
régions européennes en matière d’emploi féminin, là encore, l’Île-de-France a
vu sa dynamique ralentir au fil des années. En 2000, elle affichait le taux
d’emploi des femmes le plus élevé du Vieux Continent, dépassant par exemple de
1,7 point la Bavière, de 2,7 points la région d’Amsterdam et de 6,3 points le
Land de Berlin.
Mais depuis, l’amélioration a
été bien plus marquée ailleurs. Tandis que le taux d’emploi des Franciliennes
n’a progressé que de 7,4 points, celui de Berlin a bondi de 14 points, et
l’effet de rattrapage a été encore plus spectaculaire à Madrid, où l’augmentation
atteint 23,3 points.
En revanche, si la
progression du taux d’emploi des femmes en Île-de-France reste plus modeste que
dans d’autres régions, « le déséquilibre femmes-hommes est moins élevé en
2023 en Île-de-France que dans les autres grandes régions européennes ».
Ce déséquilibre reste en
revanche particulièrement marqué en Lombardie, où il atteint 15,6 points,
malgré une nette réduction par rapport à l’an 2000, où l’écart était de 27,0
points. Plus largement, l’écart entre le taux d’emploi des femmes et celui des
hommes s’est resserré dans l’ensemble des grandes régions européennes, à
l’exception de Berlin, où il est passé de 7,1 points en 2000 à 7,7 points en
2023.
Enfin, ces dynamiques se
retrouvent aussi dans les écarts de taux de chômage entre les grandes régions
européennes. Ainsi, « si le taux de chômage des Franciliennes âgées de 20 à
64 ans est très supérieur à celui de la Bavière mais aussi à ceux des régions
d’Amsterdam, de Milan et de Berlin, il est inférieur de 1,0 point à celui des
Franciliens de la même classe d’âge » complète l’étude.
La stratégie Europe 2020 visait
notamment à porter le taux d’emploi des femmes de 69 % à 75 %. Si, à l’échelle
de l’Union européenne, le taux d’emploi des femmes est passé de 56,8 % en 2002
à 70,2 % en 2023, il demeure inférieur de près de cinq points à l’objectif
fixé. Une situation qui s’explique en partie « par la charge parentale, qui
constitue un frein à l’activité professionnelle des femmes et creuse l’écart
avec le taux d’emploi des hommes ».
Romain
Tardino