Experts-comptables et commissaires aux comptes ont récompensé les bons
élèves de leurs professions en matière de durabilité et de responsabilité
sociétale. Un geste qui s'inscrit dans un contexte de ralentissement
réglementaire sur ces sujets.
La remise des prix a soufflé
le chaud et le froid. Mardi 8 juillet, à Paris, Porte de Versailles, la
Compagnie nationale des commissaires aux comptes (CNCC) et le Conseil national
de l'ordre des experts-comptables (CNOEC) ont récompensé les meilleurs acteurs
de leurs professions en matière de durabilité dans une atmosphère teintée
d'espérance et d'inquiétude.
Cette première cérémonie
commune intervient en effet dans un contexte difficile pour les sujets de
durabilité et de responsabilité sociétale des entreprises (RSE). D'une part,
les tensions géopolitiques mondiales ou l'incertitude politique française
perturbent la vie des entreprises et affectent, en conséquence, leur volonté de
s'engager dans des démarches durables. D'autre part, et plus encore, les
derniers signaux réglementaires ont été plutôt négatifs.
Des directives européennes ralenties
Le plus symbolique d'entre
eux est le vote, au printemps dernier, par le Parlement européen, du report de
l'application des directives CSRD et CS3D. Ces textes communautaires ambitieux,
composants du Pacte vert européen, entendaient imposer aux grandes entreprises
des critères stricts à respecter en matière de droits humains et de l'environnement.
« Il s'agissait de vraies propositions courageuses politiquement,
le message envoyé par le report est vraiment regrettable car il n'empêche pas
l'urgence environnementale d'être bien là », a déploré Yannick Ollivier, président de la commission
durabilité du CNOEC, lors d'une discussion en préambule de la remise des prix.
Dans ce dispositif, les
professionnels du chiffre seraient déterminants pour l'accompagnement et la
certification des rapports. Ils sont donc aux premières loges pour constater le
désintérêt des entreprises. « Sur le terrain, 80 % de celles qui s'étaient
engagées arrêtent, surtout les ETI (établissement de taille intermédiaire,
NDLR) », selon l'expert-comptable.
Garder le cap
Mais, cérémonie et congés d’été
obligent, l'ambiance n'était pas qu'à la morosité. Au contraire, ce climat
compliqué pour les acteurs de la durabilité les pousse à garder le cap.
L'enthousiasme des lauréats et leur détermination à améliorer les pratiques
dans l'expertise et l'accompagnement des entreprises s'est fait sentir dans
toutes les prises de parole. La qualité et le nombre de candidatures pour les
différentes catégories prouvent que ces sujets progressent.
Celles-ci sont venues
récompenser des cabinets engagés en matière de RSE, œuvrant notamment pour
réduire l'empreinte environnementale de leur propre activité. « Nous avons participé à la convention des
entreprises pour le climat et calculé notre empreinte carbone, explique
Anaïs Crain, directrice RSE du cabinet lyonnais Inelys. Celle-ci n'est logiquement pas très élevée compte tenu de notre métier,
mais cela permet tout de même de travailler. »
Surtout, les acteurs de la
durabilité essaient de profiter de leur position de conseil pour convertir
leurs clients à des pratiques plus vertueuses. « Notre clientèle est essentiellement composée de PME, ce qui rend la
tâche difficile, mais nous ne lâchons pas et essayons d'amorcer des changements
dès que nous sentons une ouverture », encourage-t-elle.
Presque un sacerdoce.
Louis
Faurent
Les palmarès complets :
Pour les 4e challenges Durabilité – RSE organisée par la
CNCC
Prix du meilleur Reporting CSRD : Ex-aequo pour Accor et Crédit Mutuel
Arkéa
Prix du meilleur mémoire Audit (DEC) : Kévin Dogan pour son mémoire intitulé
« Vers un commissariat aux comptes durable ». Pour la première fois, un
étudiant issu d'un master Comptabilité-contrôle-audit (CCA) est récompensé.
Prix de la meilleure démarche RSE entreprise : Crowe Fideliance
Pour les 25e trophées Durabilité du CNOEC
Prix de la meilleure initiative en matière de durabilité en cabinet
: Cabinet Inelys
Prix Hervé Gbego du meilleur mémoire expertise (DEC) : Neilla Bensafi pour son mémoire sur
l’accompagnement d’un expert-comptable à la mise en place d'une politique de
finance verte dans les sociétés de capital-investissement.
Prix coup de cœur du jury : Cabinet Altonéo