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Le projet de loi de finances
pour 2024 est depuis mardi en cours d’examen en commission des Lois à
l’Assemblée nationale. Le 27 septembre dernier, Éric Dupond-Moretti avait
présenté le volet dédié au ministère de la Justice. Le budget, qui atteint pour
la première fois les 10 milliards d’euros, doit notamment permettre de procéder
à 2 110 recrutements en un an, ainsi que d’augmenter les salaires,
notamment via des revalorisations catégorielles.
La barre symbolique des 10
milliards d’euros de budget annuel pour la justice est atteinte. C’est ce qu’a
annoncé le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti le 27 septembre dernier,
lors de la présentation du budget 2024 pour la justice. Plus précisément, ce
sont 10,1 milliards d’euros qui seront alloués à ce ministère, soit une hausse
de 503 millions d’euros par rapport à 2023 (+5,3%). En 10 ans, l’augmentation
atteint 29 %.
« L’ambition de ce
nouveau budget est d’abord d’améliorer la qualité de la justice qui doit être
rendue aux justiciables et donc à tous nos compatriotes », a affirmé
le garde des Sceaux lors de sa présentation des finances pour le ministère.
Première annonce : l’enveloppe des rémunérations versées aux agents du
ministère passera de 4,7 milliards d’euros en 2023 à 5,1 milliards d’euros en
2024, soit environ 8,5 % de hausse. « C’est la traduction directe
et concrète de ma politique de ressources humaines : des recrutements
massifs conjugués à une forte revalorisation des rémunérations »,
s’est congratulé Éric Dupond-Moretti.
Dans le détail, c’est la
justice judiciaire qui profite le plus de l’augmentation cette année. Avec 362
millions d’euros supplémentaires, son budget atteint 3,8 milliards d’euros.
Objectif principal d’après le ministère : poursuivre le renforcement de la
justice de proximité.
La modernisation et
l’agrandissement de l’immobilier juridictionnel fait également partie des
chantiers, avec 362 millions d’euros qui seront notamment consacrés à la
poursuite de la construction de trois nouveaux palais de justice, à Lille
(Nord), Saint-Benoît (Réunion) et Saint-Laurent du Maroni (Guyane). Une
quinzaine de restructurations ou d’extensions de palais de justice aura
également lieu, comme à Paris, Versailles et Nantes. Des bâtiments tiers seront
notamment réhabilités à Niort et Valenciennes, afin d’y construire des annexes
aux palais de justice.
Une enveloppe catégorielle multipliée
par dix en quatre ans
Une augmentation de
l’enveloppe catégorielle a également été annoncée, avec 170 millions d’euros
consacrés à des mesures de revalorisation de la rémunération des agents, soit
une hausse de 55 % par rapport à 2023. Depuis 2020, cette enveloppe a été
multipliée par 10, affirme le ministère. La revalorisation de salaire des
magistrats de 1 000 euros brut en moyenne par mois, mise en place le 1er
octobre 2023, est prise en compte dans le budget. Son montant s’élève à 88,5
millions d’euros. D’après Éric Dupond-Moretti, cette mesure « est
nécessaire pour maintenir l’attractivité de ce métier et pour aligner la
rémunération de nos magistrats de l’ordre judiciaire avec leurs collègues de
l’ordre administratif ».
33 millions d’euros de
crédits interministériels permettront également de financer des mesures
catégorielles. L’injection de cinq points d’indice supplémentaires pour
l’ensemble des agents du ministère aura lieu le 1er janvier 2024,
« afin de prendre en compte la hausse de l’inflation », a
assuré le garde des Sceaux.
Avec 3,9 milliards d’euros,
l’administration pénitentiaire se voit attribuer un montant similaire à celui
de 2023. Une « consolidation » du budget, qui devrait repartir
à la hausse en 2025, d’après le ministère.
Une partie de ce montant (438
millions d’euros) sera utilisée pour poursuivre le plan visant à construire
15 000 nouvelles places de prison d’ici 2027 (soit 75 000 places au
total), ainsi que pour améliorer la maintenance des établissements existants.
Sur les 51 établissements du plan, 23 devraient être opérationnels d’ici fin
2024. C’est le cas notamment du futur centre pénitentiaire de Noisy-le-Grand,
qui sera inauguré l’an prochain.
À
lire aussi : L’inflation législative (de nouveau) accusée d’avoir
« largement contribué à l’embolie de l’institution judiciaire »
Comme annoncé en début
d’année, le changement de catégorie des agents de
l’administration pénitentiaire aura lieu le 1er janvier 2024. Les
surveillants pénitentiaires passeront de la catégorie C à la catégorie B, quand
les officiers migreront de la catégorie B à la catégorie A. Un changement qui
s’accompagnera de revalorisations catégorielles, pour un montant de 47 millions
d’euros.
Le budget alloué à la
protection judiciaire de la jeunesse atteint pour sa part 950 millions d’euros.
Il doit permettre de renforcer l’accompagnement des jeunes et mettre en œuvre
la réforme de la justice pénale des mineurs.
Le budget réservé au
secrétariat général du ministère s’élève quant à lui à 702 millions d’euros. Ce
montant doit notamment permettre d’accélérer le plan de transformation
numérique de la justice, alors que l’objectif du ministre de la Justice est
d’atteindre 100 % de numérisation d’ici 2027, et que le nombre de
procédures transmises chaque mois de manière dématérialisée des enquêteurs vers
les tribunaux a été multiplié par près de 300 en trois ans. En ce sens, les
crédits d’investissement informatique vont être portés à 209 millions d’euros,
soit une hausse de 7,2 % en un an.
2 110 recrutements en un an
Cette hausse de budget doit
permettre d’accélérer les recrutements, alors que la création de 10 000
emplois supplémentaires d’ici la fin du quinquennat a été sanctuarisée
dans la loi de programmation du ministère de la Justice pour
2023-2027, et définitivement adoptée début octobre. « Des créations
nettes d’emplois, qui autrement dit viennent en plus du remplacement de tous
les départs en retraite », a insisté le ministre. Par exemple, la
création de 1 500 postes de magistrats supplémentaires en cinq ans va
nécessiter en réalité le recrutement de 2 800 magistrats.
Au total, 2 110 autorisations
de recrutements sont prévues pour l’année 2024, avec notamment la création de
327 postes de magistrats, de 340 postes de greffiers et de 400 postes
d’attachés de justice. La création d’un corps de greffier de catégorie A pour
des fonctions juridictionnelles est prévue, tout comme la revalorisation du
déroulement de la carrière des greffiers de catégorie B.
S’ajoutent à cela les 599
emplois au sein de l’administration pénitentiaire – comprenant 512 surveillants
pénitentiaires et 3 recrutements à l’École nationale de l’administration
pénitentiaire (ENAP) –, 112 postes au secrétariat général et 92 recrutements au
sein de la protection judiciaire de la jeunesse. 33 emplois seront également
pourvus à l’École nationale de la magistrature (ENM), dont la directrice
Nathalie Roret vient d’être reconduite à son poste,
afin de pouvoir augmenter le nombre d’élèves dans l’école et ainsi répondre à
l’objectif de recrutement de magistrats.
« 2024 sera donc une
nouvelle étape majeure dans le rattrapage de plus de 30 ans d’abandon
budgétaire, politique et humain de notre justice », a martelé Éric
Dupond-Moretti.
94 916 équivalents temps
plein seraient ainsi présents au ministère de la Justice fin 2024, avec
l’objectif d’atteindre les 100 000 en 2027, année où le budget annuel de
la justice devrait atteindre les 11 milliards d’euros.
Alexis
Duvauchelle
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