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L’article du projet de loi de simplification de la vie économique qui prévoyait de repousser d’un an l’entrée en vigueur de la réforme a finalement été supprimé, après un vote favorable en séance publique à l’Assemblée nationale. D’abord favorable à une telle modification, le rapporteur du projet de loi a changé d’avis au cours de l’étude du texte.
Le report tant redouté par
les experts-comptables ne devrait pas avoir lieu. Vendredi 11 avril,
l’Assemblée nationale a supprimé l’article du projet de loi de simplification
de la vie économique relatif à l’ajournement de la généralisation de la
facturation électronique. L’article
2 bis A du texte, proposé par le rapporteur Christophe
Naegelen et initialement adopté en commission, visait à décaler d’un an
l’entrée en vigueur de l’obligation d’émission de factures à septembre 2027
pour les grandes entreprises et septembre 2028 pour les TPE-PME.
Mais une fois en séance, le
même député, qui avait visiblement changé d’avis, a demandé la suppression de
son propre article. « J’ai commencé par soutenir ce report en
commission, puis j’ai continué de consulter les professionnels directement
touchés », a-t-il raconté, semblant découvrir qu’« il y a bien un
décalage dans la mise en œuvre [de la réforme existante], selon la taille de
l’entreprise ».
Le rapporteur a été soutenu
dans cette demande de suppression par le gouvernement, qui avait déposé un
amendement en ce sens et souhaitait maintenir le calendrier actuel. La ministre
chargée des Comptes publics Amélie de Montchalin a argué qu’une telle réforme
permettait aux entreprises de réaliser une économie d’environ 9 euros par
facture, par rapport au coût d’émission d’une facture papier : « Une
facture électronique est directement envoyée, horodatée, sans frais
d’affranchissement ni délais de paiement ; le recouvrement est donc plus
facile. Tout cela entraîne de vraies économies pour l’entreprise, car ce qui
coûte cher, ce n’est pas de disposer d’un système de facturation électronique,
mais de faire appel à un expert-comptable, parfois à l’extérieur de
l’entreprise, ou d’employer des personnes pour remplir les obligations
afférentes. »
Les banques et les
experts-comptables à la rescousse pour remplacer le PPF
Des arguments qui ont achevé
de convaincre le rapporteur, qui aurait cependant préféré que la facturation
électronique soit gratuite, apportant « un gain supérieur »
aux entreprises. « Cela ne serait pas négligeable dans le contexte économique
très compliqué que nous connaissons, notamment pour les plus petites
entreprises. » Une manière de critiquer l’abandon
du portail public de facturation (PPF) annoncé en octobre dernier.
En réponse, Amélie de
Montchalin a laissé entendre que plusieurs banques allaient prochainement inclure
dans leurs offres dédiées aux professionnels des services de facturation
électronique. Les experts-comptables comptent également agir en ce sens.
À
lire aussi : Facturation
électronique : « Les entreprises ont besoin d’être rassurées et bien
accompagnées »
Contacté par le JSS,
le Conseil national de l’Ordre des experts-comptables (CNOEC) a confirmé
étudier le projet de
plateforme de facturation gratuite annoncé par la précédente mandature en
octobre dernier, au moment de l’abandon du PPF. L’Ordre précise également
travailler sur un guide référençant les différentes plateformes de
dématérialisation partenaire (PDP) « afin que chaque expert-comptable
et cabinet puisse choisir l'outil le plus adapté ».
La ministre a également
annoncé une phase de test pour cet été, durant laquelle les entreprises
pourront expérimenter le nouveau système. Un débat sur les modalités finales de
lancement devrait ensuite être organisé à l’Assemblée nationale à l’occasion du
projet de loi de finances.
L’un des objectifs de la
réforme vise à récupérer 3 milliards d’euros, « soit entre le tiers et la moitié du montant de la
fraude à la TVA, liée à l’omission, à la sous-déclaration ou à des déclarations
volontairement fautives », a expliqué Amélie de Montchalin.
La réforme plutôt approuvée
malgré les délais contestés
Bien que globalement
plébiscitée, la facturation électronique fait tout de même l’objet de quelques
réserves au sein de la représentation nationale. La députée LR Anne-Laure Blin
a regretté une réforme « qui n’a pas été demandée par les entreprises,
en particulier les très petites, petites et moyennes entreprises (TPE-PME),
mais par les services de Bercy, et qui est aujourd’hui mise en place à marche
forcée ». « Non », a simplement répondu Amélie de
Montchalin.
L’insoumise Sophia Chikirou a
elle insisté sur « les problèmes d’illectronisme et d’inaccessibilité
du numérique » de la dématérialisation des factures. « Pour
nombre d’entre elles, notamment les microentreprises, la transition est
difficile. Je pense aussi aux artisans, car je ne suis sûrement pas la seule
députée à recevoir des factures faites à la main par sa fleuriste »,
a-t-elle témoigné.
« Nous avons ce soir
exactement le même débat que celui qui a prévalu en 2014, en 2015, en 2016 et
en 2017 sur le prélèvement à la source », s’est remémorée Amélie de Montchalin,
soulignant le succès final de cette réforme. Malgré un report d’un à deux ans
décidé en 2023, la facturation électronique pourrait prendre le même chemin.
Alexis
Duvauchelle
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