Olivier Corzani, maire de Fleury-Mérogis : « On met en place des actions de fond pour améliorer la qualité de vie des agents pénitentiaires »


mardi 4 mars4 min
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L’édile a récemment été décoré de la médaille de bronze du ministère de la Justice. Une distinction d’ordinaire attribuée aux agents du ministère, qui vient récompenser le travail quotidien de l’élu au plus près des besoins des agents pénitentiaires. Ceux-ci représentent en effet une forte proportion des habitants de la commune.

« Au début, j’ai cru à un canular, s’amuse le maire essonnien. J’ai été informé, deux semaines avant, par le ministère, qu’on voulait me remettre une médaille. C’est effectivement très rare, ce sont en général des récompenses qui sont remises en interne. J’en suis d’autant plus honoré ».

Olivier Corzani, maire (PCF) de Fleury-Mérogis, a été décoré en janvier dernier de la médaille de bronze du ministère de la Justice. Cette distinction vient saluer l’engagement de la municipalité auprès des acteurs du monde pénitentiaire, qu’il s’agisse des agents travaillant au centre pénitentiaire ou des détenus eux-mêmes : sur le terrain, la mairie participe aussi aux actions de réinsertion.

La commune de Fleury-Mérogis est connue pour abriter le plus grand centre pénitentiaire d’Europe, ce qui comporte son lot de particularités : avec la construction de la prison, ce qui était hier un petit village de 300 habitants compte aujourd’hui 6 000 âmes. Les quelque 1 600 agents pénitentiaires - et leurs familles, ainsi que les proches des détenus qui cherchent parfois à se loger à proximité - constituent ainsi une large part de la population communale.

Un partenariat du quotidien

La médaille, décernée par le ministère de la Justice, vient saluer le rôle que joue la municipalité dans le soutien aux personnels pénitentiaires. Olivier Corzani est le premier maire à bénéficier de cette distinction. « C’est vrai que l’on met en place, depuis plusieurs années, des actions de fond pour améliorer la qualité de vie des agents, souligne-t-il. A commencer par le logement, car tout ce personnel représente une forte demande ! J’ai eu à faire en sorte d’avoir un contingent de réservation des logements sociaux supplémentaire, pour pouvoir en faire bénéficier les fonctionnaires qui s’installent chez nous, notamment ceux des DOM-TOM. Nous avons dû parfois faire pression sur les bailleurs pour avoir des logements salubres et décents ».

Au-delà du logement, le travail de la municipalité de Fleury-Mérogis avec l’administration pénitentiaire passe aussi par l’adaptation et le développement des services publics de proximité. L’ouverture en horaire décalés des crèches et des services périscolaires permet par exemple aux parents qui travaillent à la prison de faire garder leurs enfants sur leurs temps de travail atypiques. L’accueil périscolaire du matin ouvre à 7h15 et la crèche municipale à 6h30, un fonctionnement plutôt exceptionnel pour une commune de cette taille.

Autre dispositif unique en son genre, la micro-crèche (10 berceaux) installée au sein de la maison d’arrêt des femmes, qui fonctionne avec du personnel communal - soit une directrice et deux auxiliaires de puériculture. « Les surveillants apprécient, reprend Olivier Corzani. Grâce à cette crèche, leur travail avec les femmes détenues est plus serein. Malheureusement, cet accueil est aujourd’hui menacé, avec les coupes qui pèsent sur le budget du département. S’adapter a un coût ».

« La prison fait partie de l’identité de Fleury »

Le coût est financier, mais aussi humain. Pendant la pandémie, la ville de Fleury a également permis aux personnels pénitentiaires – qui rappelons-le, n’étaient pas considérés comme prioritaires – de bénéficier d’aménagements de crise mis en place localement et a, pendant cette période exceptionnelle, mobilisé son personnel municipal. « Pendant le Covid, j’ai mis à disposition des modes de garde supplémentaires pour permettre aux agents d’aller travailler, et pas seulement pour les infirmières, rappelle l’élu. Nous avons ouvert ces accueils à tous les personnels, même ceux qui n’habitaient pas la commune. Je crois que ça a soulagé la prison ».

Outre le soutien à la vie quotidienne de ses agents, la municipalité s’efforce également de mettre à disposition de la DAP ses infrastructures, notamment pour les loisirs et les activités sportives. « Les associations de la ville sont nombreuses à leur proposer des animations, explique Olivier Corzani. Le monde associatif s’investit aussi en faveur des détenus, en leur proposant des actions de réinsertion, de l’accompagnement scolaire, etc. » Et chaque année, le 11 novembre, des détenus participent à la cérémonie de recueillement et de commémoration de l’Armistice organisée par la mairie.

En 2023, Éric Dupond-Moretti, alors garde des Sceaux, s’était rendu à Fleury pour la signature d’une convention, qui mettait à disposition de la mairie des terrains appartenant au ministère de la Justice. Objectifs : réaliser des jardins familiaux pour en faire bénéficier les habitants, mais aussi les agents de la maison d’arrêt, pour un vrai projet aux dimensions « écologiques et sociales ».

L’histoire de Fleury-Mérogis est étroitement liée à l’existence du centre pénitentiaire. Et Pour Olivier Corzani, le service public fait sens qu’il soit territorial ou ministériel. Tous les 31 décembre au soir, l’élu passe une partie du réveillon avec les surveillants pénitentiaires. « La prison fait partie de l’identité de Fleury. C’est ma manière à moi de les remercier et de saluer leur engagement. Ils rendent un service essentiel à la Nation. »

Mylène Hassany

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