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L’édile a récemment été décoré de la médaille de bronze du ministère de la Justice. Une distinction d’ordinaire attribuée aux agents du ministère, qui vient récompenser le travail quotidien de l’élu au plus près des besoins des agents pénitentiaires. Ceux-ci représentent en effet une forte proportion des habitants de la commune.
« Au début, j’ai cru
à un canular, s’amuse le maire essonnien. J’ai été informé, deux
semaines avant, par le ministère, qu’on voulait me remettre une médaille. C’est
effectivement très rare, ce sont en général des récompenses qui sont remises en
interne. J’en suis d’autant plus honoré ».
Olivier Corzani, maire (PCF) de
Fleury-Mérogis, a été décoré en janvier dernier de la médaille de bronze du
ministère de la Justice. Cette distinction vient saluer l’engagement de la
municipalité auprès des acteurs du monde pénitentiaire, qu’il s’agisse des
agents travaillant au centre pénitentiaire ou des détenus eux-mêmes : sur
le terrain, la mairie participe aussi aux actions de réinsertion.
La commune de Fleury-Mérogis
est connue pour abriter le plus grand centre pénitentiaire d’Europe, ce qui
comporte son lot de particularités : avec la construction de la prison, ce
qui était hier un petit village de 300 habitants compte aujourd’hui 6 000 âmes.
Les quelque 1 600 agents pénitentiaires - et leurs familles, ainsi que les
proches des détenus qui cherchent parfois à se loger à proximité - constituent ainsi
une large part de la population communale.
Un partenariat du quotidien
La médaille, décernée par le
ministère de la Justice, vient saluer le rôle que joue la municipalité dans le
soutien aux personnels pénitentiaires. Olivier Corzani est le premier maire à
bénéficier de cette distinction. « C’est vrai que l’on met en place,
depuis plusieurs années, des actions de fond pour améliorer la qualité de vie
des agents, souligne-t-il. A commencer par le logement, car tout ce
personnel représente une forte demande ! J’ai eu à faire en sorte d’avoir un contingent
de réservation des logements sociaux supplémentaire, pour pouvoir en faire
bénéficier les fonctionnaires qui s’installent chez nous, notamment ceux des DOM-TOM.
Nous avons dû parfois faire pression sur les bailleurs pour avoir des logements
salubres et décents ».
Au-delà du logement, le
travail de la municipalité de Fleury-Mérogis avec l’administration
pénitentiaire passe aussi par l’adaptation et le développement des services
publics de proximité. L’ouverture en horaire décalés des crèches et des
services périscolaires permet par exemple aux parents qui travaillent à la
prison de faire garder leurs enfants sur leurs temps de travail atypiques.
L’accueil périscolaire du matin ouvre à 7h15 et la crèche municipale à 6h30, un
fonctionnement plutôt exceptionnel pour une commune de cette taille.
Autre dispositif unique en
son genre, la micro-crèche (10 berceaux) installée au sein de la maison d’arrêt
des femmes, qui fonctionne avec du personnel communal - soit une directrice et
deux auxiliaires de puériculture. « Les surveillants apprécient,
reprend Olivier Corzani. Grâce à cette crèche, leur travail avec les femmes
détenues est plus serein. Malheureusement, cet accueil est aujourd’hui menacé,
avec les coupes qui pèsent sur le budget du département. S’adapter a un coût
».
« La prison fait
partie de l’identité de Fleury »
Le coût est financier, mais
aussi humain. Pendant la pandémie, la ville de Fleury a également permis aux
personnels pénitentiaires – qui rappelons-le, n’étaient pas considérés comme
prioritaires – de bénéficier d’aménagements de crise mis en place localement et
a, pendant cette période exceptionnelle, mobilisé son personnel municipal.
« Pendant le Covid, j’ai mis à disposition des modes de garde
supplémentaires pour permettre aux agents d’aller travailler, et pas seulement
pour les infirmières, rappelle l’élu. Nous avons ouvert ces accueils à
tous les personnels, même ceux qui n’habitaient pas la commune. Je crois que ça
a soulagé la prison ».
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Outre le soutien à la vie
quotidienne de ses agents, la municipalité s’efforce également de mettre à
disposition de la DAP ses infrastructures, notamment pour les loisirs et les
activités sportives. « Les associations de la ville sont nombreuses à
leur proposer des animations, explique Olivier Corzani. Le monde
associatif s’investit aussi en faveur des détenus, en leur proposant des
actions de réinsertion, de l’accompagnement scolaire, etc. » Et chaque
année, le 11 novembre, des détenus participent à la cérémonie de recueillement
et de commémoration de l’Armistice organisée par la mairie.
En 2023, Éric Dupond-Moretti,
alors garde des Sceaux, s’était rendu à Fleury pour la signature d’une
convention, qui mettait à disposition de la mairie des terrains appartenant au
ministère de la Justice. Objectifs : réaliser des jardins familiaux pour
en faire bénéficier les habitants, mais aussi les agents de la maison d’arrêt,
pour un vrai projet aux dimensions « écologiques et sociales ».
L’histoire de Fleury-Mérogis
est étroitement liée à l’existence du centre pénitentiaire. Et Pour Olivier Corzani, le service public fait sens qu’il soit territorial ou ministériel.
Tous les 31 décembre au soir, l’élu passe une partie du réveillon avec les
surveillants pénitentiaires. « La prison fait partie de l’identité de
Fleury. C’est ma manière à moi de les remercier et de saluer leur
engagement. Ils rendent un service essentiel à la Nation. »
Mylène
Hassany
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