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Le président fraichement élu
du Medef a prononcé l’habituel discours de rentrée du syndicat patronal, ce
lundi 28 août à l’hippodrome de Longchamp. L’occasion pour lui de présenter ses intentions, et d'insister notamment sur la plus grande
confiance que l’État devrait, selon lui, accorder aux entreprises.
Comme à l’accoutumée, c’est le
président du Medef qui a ouvert la Rencontre des entrepreneurs de France 2023
(REF23), ce lundi 28 août 2023. Patrick Martin, élu à la tête de l’organisation
patronale en juillet dernier, y a donc fait le premier discours de rentrée de
son mandat. Il a profité de l’occasion et de la présence de la Première
ministre d’Élisabeth Borne, pour l’interpeller et donner son avis sur différents
sujets de la politique du gouvernement concernant les entreprises. Le président
l’a tout de même félicitée pour les réformes des retraites et du chômage, qui de
son point de vue, sont « courageuses et responsables, même si elles ne
soldent pas complètement tous les sujets ».
Patrick Martin a insisté sur
un « désaccord persistant sur l’usage que prévoit de faire le
gouvernement des excédents de l’Unédic ». L’organisme chargé de la gestion
de l’assurance chômage prévoit en effet un surplus de recette de 18,4 milliards
d’euros pour les années 2023 à 2025, comme indiqué dans la synthèse du bureau
de l’Unédic du 13 juin dernier. Dans un document de cadrage sur l’assurance
chômage datant de cet été, Matignon envisage de ponctionner 12 milliards
d’euros dans les caisses de l’Unédic d’ici à 2026. Le président du Medef marque
son opposition. D’après lui, cet excédent, qui « résulte des créations
d’emplois et de la revalorisation salariale faites par nos entreprises »,
devrait servir au désendettement de l’organisme, dont le déficit global est
évalué à 60 milliards d’euros.
De plus, pour le président du
syndicat patronal, la compétitivité et le salaire net de prélèvements sociaux sont
des enjeux majeurs pour les entreprises françaises. Ainsi, il a proposé qu’une
partie de cet excédent permette la baisse des cotisations chômage, car Patrick
Martin a estimé que si la baisse du chômage se poursuit, « l’organisme
coûterait plus cher pour traiter moins de dossiers ». De plus, le
Medef va lancer une mobilisation générale de ses entreprises afin de mieux
accompagner les chômeurs vers l’emploi, a précisé son président.
L’État envisagerait également
de mettre à la charge des entreprises les 4e à 7e jours
des arrêts maladie pour atténuer les dépenses de la Sécurité sociale, d’après
un communiqué de presse de la Confédération des petites et moyennes entreprises
(CPME). Les arrêts maladie ont augmenté de 8 % en 2022 par rapport à l’année
précédente, d’après le ministère de la Santé. Le président du premier syndicat
patronal de France a pointé une proposition injuste. « Mettre à la
charge des entreprises certains arrêts maladie dont elles ne sont
essentiellement pas responsables, seraient autant d’hypothèques sur notre
croissance et notre productivité », a-t-il alerté.
Autre sujet qui fâche, le
nouvel étalement de la suppression de la Cotisation sur la valeur ajoutée des
entreprises (CVAE), qui « serait un très mauvais signal pour nos
entreprises et altèrerait la confiance des entreprises dans la parole de l’État »,
a averti Patrick Martin, qui a défendu que les entreprises ont un impérieux
besoin de cette suppression, notamment « face à la concurrence
internationale qui s’intensifie, et alors que nous devons investir massivement
dans la décarbonation ».
Cette suppression, qui était
annoncée pour 2024, a déjà été intégrée dans les business plans des entreprises
en termes de décisions, d’investissements et d’embauches : « Elle
doit intervenir en temps et en heure », a-t-il martelé. Interrogée sur
la grande scène de la REF juste après le discours du président, Élisabeth Borne
a affirmé que le gouvernement fera aussi vite que possible pour la supprimer.
La CVAE sera définitivement supprimée d’ici la fin du quinquennat, a assuré la Première
ministre.
« Tout signal venant
saper leur confiance est contre-productif », a exhorté Patrick
Martin, tout en défendant la politique de l’offre qui selon lui donne de bons résultats.
Ainsi, l’allégement des taxes permettrait de les améliorer encore plus.
D’après l’Institut de
recherches économiques et sociales, les aides publiques aux entreprises n’ont
cessé d’augmenter depuis les années 2000, passant de 2,7 % du PIB à 6,4 %
en 2019. De plus, les dividendes en France versés au deuxième trimestre 2022 ont
atteint 46 milliards d’euros, ce qui représente une hausse de 13,3 %. En
Europe, les dividendes dans cette même période ont bondi de 10 % en moyenne, d’après
le journal Les Échos.
« Tant que la
politique de l’offre perdurera, les résultats seront là, comme ils l’ont
toujours été », a assuré le nouveau président du Medef. « Les défis
sont immenses », reconnaît-il. Pour y faire face, Patrick Martin
invite le gouvernement à faire plus confiance aux entreprises, qui selon lui ont
la solution et ne cessent de le prouver : « Les entreprises ont
répondu présentes en investissant, en embauchant, en partageant la valeur, en
recrutant des apprentis, en engageant résolument le verdissement de leurs
offres et de leurs modes de production. »
Tina
Millet
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