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À Herblay-sur-Seine, le gymnase des Beauregards a pris le 19 mars l’allure d’un événement de « speed dating » entrepreneurial à l’occasion de la 11e édition du salon Effervescence, consacré aux échanges inter-entreprises. 200 exposants et entrepreneurs ont profité de ce moment stratégique et convivial pour discuter affaires autour des mange-debout qui tapissent la salle. De quoi mettre toutes les entreprises réunies, jeunes pousses comme vétérans, au même niveau. « Qu’on soit important ou pas, on est sur un même pied d’égalité », soutient Philippe Ecran, cofondateur du salon et président de l’Association des entreprises du Sud Val-d’Oise (ADPAVAB). « CCI, CMA, CMPE, Medef… Ici, tout le monde travaille ensemble et le résultat est là. Ce salon Effervescence célèbre pour moi le #MadeIn95 », se réjouit Pierre Kuchly, président de la Chambre de commerce et d’industrie du Val-d’Oise.
#MadeIn95, c’est le nom d’un des quatre trophées décernés dans la matinée à des entreprises du département. Le sésame val-d’oisien récompense les structures les plus engagées pour l’emploi et la production sur leur territoire. Initié par l'ADPAVAB, le label a été repris par la CCI en 2019 et « compte aujourd’hui à peu près 1500 entreprises adhérentes », précise Pierre Kuchly. « Son but est de fédérer les entreprises du Val d’Oise qui produisent au moins 50% de leur valeur ajoutée dans le département et/ou qui ont au moins 50% des salariés qui habitent dans le Val d’Oise », rajoute le responsable.
La boutique de chocolats Nature et Cacao, située à Argenteuil, rafle le trophée annuel, tandis que le coup de cœur du jury est attribué à Cosmetange, spécialisée dans la fabrication de cosmétiques solides issus de plantes bio. Fondée par Angélique Godet, biochimiste de formation, cette entreprise familiale est non seulement inscrite dans une « démarche artisanale respectueuse de l’environnement » mais offre aussi « une opportunité d’intégration aux personnes en situation de handicap », détaille l’entrepreneure. Dans ce même esprit de soutien des savoir-faire en matière d’économie porteuse d’inclusion sociale, le trophée de l’innovation a récompensé l’entreprise originaire de Sannois, Rotam International. Son produit original intitulé « wallaby » est un fauteuil de sport qui vise à démystifier le handicap.
Nouveauté de cette 11e édition, le prix « Impact 95 » récompense une structure à la « démarche respectueuse de l'environnement, du bien-être de ses salariés et ancrée territorialement ». La présidente LR du département, Marie-Christine Cavecchi, a remis le sésame à la société de nettoyage LG Clean et sa fondatrice Caroline Le Guérinel. Côté coup de cœur, le jury a là-encore choisi de valoriser un projet porté par une femme, Aurélie Tourette. La jeune entrepreneure de 34 ans a créé en avril 2023 sa micro-entreprise Eco-Actitude, pour réaliser des ateliers éco-responsables et accompagner les entreprises et particuliers à la transition écologique. « Cette année j’ai pris un stand au salon car j’ai choisi de tout miser sur la visibilité », sourit l’entrepreneure.
Le salon Effervescence présente en effet quelques atouts pour les entrepreneurs en herbe. Pour le Medef 95, l’une des forces de ce rendez-vous mi-BtoB, mi-BtoC, est son prix attractif - une moyenne de 250 euros par exposant - et la possibilité de « croiser des décideurs, ou encore d’entretenir des relations, prendre quelques cartes de visite », argumente Frédéric Anfray, président de l’organisation patronale départementale. « On a besoin les uns des autres. Même si vous êtes une petite entreprise, vous pouvez optimiser votre temps. Après, il faut oser et aller voir les gens », développe le responsable. David Crocq, 41 ans, s’y est essayé avec succès. Bien que son entreprise soit encore en phase de finalisation, cet ancien post-producteur dans le secteur de la publicité est suivi par la CCI pour son projet de création d’un espace culturel japonais. Le salon lui a permis de prendre contact avec le Comité d’expansion économique du Val d’Oise (CEEVO), dirigé par Jean-François Benon.
D’après
ce dernier, le phénomène de la création d’entreprise
est particulièrement « dynamique » dans le département, l’un des plus jeunes de la France métropolitaine, « qui
a longtemps dû compter sur ses propres forces vives pour se développer ».
« Ici, les gens tournent beaucoup, il y a du sang neuf et une vraie énergie,
affirme le responsable. Etonnamment, ce dynamisme ne se situe pas
toujours là où on pense. Il vient essentiellement des quartiers populaires. Là où
on crée le plus d’entreprises dans le
95, c’est à Gonesse, Villiers-le-Bel,
Sarcelles ou Argenteuil. Il faut insuffler cet esprit d’entrepreneuriat
à tous les niveaux, du jeune qui n’a pas de
diplôme jusqu’à l’étudiant de l’Essec.
»
La bonne santé économique du Val d’Oise en chiffresLes chiffres sont « bons » dans le Val d’Oise pour le directeur général du CEEVO, Jean-François Benon. « Depuis trente ans, il n’y a pas eu une seule année où le Val d’Oise a perdu d’emplois en solde net, avance le représentant. Si des entreprises licencient, ce phénomène est compensé par celles qui créent. Autrement dit, quand il y a des disparitions de sociétés, il y a plus de créations. Cela n’est pas le cas partout en France. » Autre atout considérable : le Val d’Oise est un territoire ouvert à l’international grâce à sa proximité géographique avec deux aéroports mais aussi à son dynamisme en matière d’export. « Nous sommes le deuxième ou troisième département exportateur d’Ile-de-France », précise le directeur du CEEVO. Et depuis les années 80, un lien économique privilégié s’est tissé entre le département et le Japon. « On dénombre 70 entreprises japonaises dans le Val d’Oise, ce qui est le record de France, sur 650 au total », rappelle Pierre Kuchly, président de la CCI 95. |
Yslande Bossé
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