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Élu le 25 juin dernier pour
un mandat de deux ans, celui qui prend la suite de Frank Lodier compte mener à
bien le projet de création d’une chambre interdépartementale unique pour les
quatre départements du ressort de la cour d’appel. Objectif : « mutualiser
les tâches entre les instances ».
JSS : Quel a été votre
parcours avant la présidence du Conseil régional ?
Stéphane Lherbier : Mon
parcours dans les instances a débuté en 2004. Cela fait donc 20 ans. J'ai d’abord
été membre, rapporteur et premier syndic de la chambre interdépartementale des
notaires Yvelines Val-d’Oise. J’ai également été membre pendant dix ans du
comité technique, dit comité de contentieux, qui s'occupe de la responsabilité
civile des notaires au sein de la compagnie. J'ai présidé ce comité pendant
environ deux ans, avant de prendre la présidence de la chambre en 2019.
Au niveau du Conseil
régional, j'ai été trésorier, puis vice-président, et donc maintenant président.
JSS : Pourquoi avez-vous
décidé de vous porter candidat à cette présidence ?
S.L. : Cela
fait partie du parcours logique. Quand on est investi dans les instances, on
gagne de l'expérience au fil des ans et des postes que l’on occupe. Il y a des
moments plus propices que d’autres, j’ai pensé que celui-ci était
particulièrement intéressant, notamment parce qu'on s'interroge depuis
plusieurs années sur l'évolution et la transformation de nos instances. Il y a
un véritable enjeu, et je pensais que mon rôle pouvait être important à ce
moment-là.
JSS : Quelles sont les
missions de ce Conseil régional ?
S.L. : Le
Conseil régional des notaires représente la profession à l'échelon régional,
couvrant le ressort de la cour d'appel de Versailles. Il comprend quatre
départements : les Hauts-de-Seine, le Val d'Oise, les Yvelines, et
l'Eure-et-Loir. Il regroupe trois chambres : les chambres départementales des
notaires des Hauts-de-Seine et d’Eure-et-Loir et la Chambre interdépartementale
des notaires Yvelines Val d'Oise.
Cela représente environ 1 000
notaires, répartis sur plus de 350 études. Le Conseil régional compte 28
membres élus, huit permanents, ainsi que les trois présidents de chambre qui
font partie du bureau élargi. Notre instance est également représentée par
trois délégués au Conseil supérieur du notariat.
JSS : Quels sont les grands
projets pour votre mandat ?
S.L. : Le
gros projet est la création d'une chambre unique entre nos quatre départements,
qui ferait office de Conseil régional. Il s'agit de transformer les instances
actuelles. Si tout se déroule comme prévu, ce projet pourrait se concrétiser
pendant mon mandat.
À
lire aussi : Stéphane Lherbier, nouveau président du Conseil régional des notaires
de la cour d’appel de Versailles
Actuellement, il y a trois
chambres départementales et un Conseil régional, ce qui fait quatre instances.
L'idée est de les regrouper en une seule Chambre interdépartementale qui ferait
office de Conseil régional. Cela permettrait de mutualiser les tâches entre nos
instances, comme la formation et la communication, et d'avoir un budget unique,
ce qui apporterait plus de force, de visibilité, de lisibilité, de
simplification et donc d'efficacité.
JSS : Y a-t-il un portrait
type du notaire sur le territoire de la cour d'appel ?
S.L. : La
particularité de la cour d’appel de Versailles est sa grande diversité. Les
notaires des Hauts-de-Seine, proches de Paris, sont plus urbains, tandis que
les notaires d'Eure-et-Loir ont une activité plus centrée sur le droit rural,
notamment avec une clientèle agricole. Les notaires des Yvelines et du Val-d'Oise,
également proches de Paris, ont une activité essentiellement urbaine, mais ne
se considèrent pas forcément comme des notaires parisiens intra-muros.
En résumé, le notariat sur
notre territoire est assez éclectique et à la charnière de tous les notariats,
mêlant urbain et périurbain. Certains notaires ont aussi des spécialités, comme
le droit des sociétés ou le droit international privé.
Il y a également une
proportion importante de notaires femmes, comme on peut le voir sur le reste du
territoire national, qui représentent environ 60 % de nos effectifs.
JSS : Comment le nombre
d’offices a-t-il évolué ces dernières années ?
S.L. : Avec
la loi croissance de 2015, il y a eu lieu une première vague de création
d'offices qui a considérablement augmenté le nombre de notaires sur le ressort,
notamment dans les Yvelines, le Val d'Oise et les Hauts-de-Seine. Une deuxième
vague d'installation, puis une troisième, ont suivi.
Par exemple, pour la Chambre
interdépartementale des notaires Yvelines Val-d'Oise, que je connais bien, nous
sommes passés d'environ 100 notaires en 1999 à plus de 500 aujourd'hui. Il y a
eu une augmentation considérable du nombre de notaires depuis 2015-2016.
JSS : La médiation a pris de
l'ampleur dans de nombreux domaines du droit. Les notaires de la cour d'appel
de Versailles y ont-ils particulièrement recours ?
S.L. : Le
Conseil régional dispose d'un centre de médiation qui fonctionne depuis
plusieurs années et auquel les tribunaux ont aussi recours. Certaines chambres,
comme celle des Hauts-de-Seine, ont aussi leur propre centre de médiation. Mais
il est vrai que les notaires n’y ont peut-être pas suffisamment recours.
JSS : Le marché immobilier français
est déstabilisé depuis plusieurs mois. Quelle est la situation sur le
territoire de la cour d'appel ?
S.L. : La
crise continue, elle est profonde et on ne voit pas de fin à court terme. C'est
une crise durable, liée notamment à la période post-Covid où les prix ont
grimpé alors que les taux d'intérêt étaient très bas.
Aujourd'hui, même si la
hausse des taux s'est stabilisée, ceux-ci restent élevés et les prix, bien
qu'en baisse, ne sont peut-être pas suffisamment bas pour relancer le marché.
Le contexte politique actuel n’ajoute rien de bon à cela. La crise est partie
pour être longue et il faudrait des mesures chocs pour relancer le marché, mais
je doute qu'il y en ait dans les prochaines semaines ou mois.
JSS : À quelles mesures
pensez-vous ?
S.L. : Il
faudrait revoir toute la fiscalité immobilière pour la rendre plus attractive
pour les investisseurs, sans doute avec d’autres mesures incitatives. Cela
pourrait peut-être passer par la baisse des droits d'enregistrement.
À
lire aussi : Crise du logement : les
Yvelines en difficulté
On peut imaginer tout un tas
de choses pour relancer le marché, mais l’objectif principal est de rendre les
prix un peu plus accessibles. L'accès à l'immobilier est devenu très difficile,
notamment pour les jeunes ménages qui n'ont pas d'apport personnel ni d’aide de
leurs proches.
JSS : Comment cette crise
affecte-t-elle les notaires ?
S.L. : Nous
essayons de résister au mieux et de préserver les emplois. La gestion des
études doit être plus prudente que jamais. Certains notaires ont anticipé cette
crise. C’est le travail d’un chef d’entreprise que de veiller à l’équilibre de
ses comptes et prendre les mesures qui s’imposent.
L'activité notariale ne se
réduit pas uniquement à l'immobilier, fort heureusement. Il y a aussi le droit
de la famille, les successions, les transmissions de patrimoine immobilière qui
soutiennent l’activité des offices. Certains notaires se diversifient en droit
des sociétés ou en négociation. Les études qui ont su diversifier leur activité
s'en sortent le mieux, ou les petites structures ayant peu de charges.
Propos
recueillis par Alexis Duvauchelle
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