En France, les délais d'accès aux forces de l'ordre sont très variables


samedi 7 octobre 20234 min
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Aller à la rencontre des autorités, par exemple pour déposer plainte, peut varier en moyenne du simple au sextuple selon le lieu où vous résidez.

95 % de la population vit à moins de 14 minutes d’un lieu d’accueil de la police ou de la gendarmerie nationales. Tel est le constat issu d’une étude Interstats du SSMSI (service statistique ministériel de la sécurité intérieure) publiée en juin dernier, consacrée au délai d’accès aux forces de l’ordre. En cause, « la distribution spatiale de ces équipements et la densité du réseau routier » qui permettent d’accéder plutôt rapidement à l’une des quelque 2 800 brigades de gendarmerie et 700 commissariats de police recensés en 2022.

5 minutes vs 30 minutes : des disparités géographiques

Toutefois, bien qu’en France, grâce au principe du « guichet unique », la déclaration d’une infraction peut se faire dans n’importe quel commissariat de police ou brigade de gendarmerie, « les contraintes d’accès à ces infrastructures, qu’elles soient liées à la localisation ou aux horaires d’ouverture, sont susceptibles de décourager les victimes à porter plainte », souligne le SSMSI.

En effet, « des disparités d’accès existent », nuance l’étude. Ainsi, alors qu’environ la moitié des résidents des grandes villes peuvent accéder à un commissariat de police ou à une brigade de gendarmerie en moins de 5 minutes, 12 minutes sont nécessaires en moyenne pour ceux des communes rurales « à l’habitat très dispersé », et dans les régions montagneuses comme en Corse ou certaines îles de la côte bretonne, les temps de trajet peuvent dépasser les 30 minutes, notamment quand « un passage par voie maritime est nécessaire pour rejoindre un lieu d’accueil du territoire continental ».

L’accessibilité s’avère également plus délicate dans les parcs naturels nationaux ou régionaux, à l’instar de la forêt landaise, des étangs de Camargue ou encore des marais et des vignobles du Médoc, car l’aménagement du territoire est « limité » dans ces espaces protégés. De la même façon, les installations militaires sur certains territoires tels que Biscarosse (Landes), Suippes et Marmellon-le-Grand (Marne), Mailly (Aube), cite l’étude, imposent de longs contournements.

L’accueil nettement réduit le weekend

En outre, plus de la moitié (51 %) des habitants accèdent plus rapidement à une gendarmerie qu’à un commissariat de police. Sachant que pour ces calculs, observe le SSMSI, le temps d’accès est à relativiser pour différentes raisons, notamment car l’usage de la voiture n’est pas systématique, ou parce que le choix d’une gendarmerie plutôt que d’un commissariat peut relever d’un choix personnel, etc.

Par ailleurs, l’accessibilité est étroitement liée aux horaires d’ouverture. En effet, l'accueil des commissariats et des gendarmeries est réduit le week-end : ainsi, le nombre de lieux d’accueil ouverts au public est maximal du lundi au vendredi entre 8h et 12h puis 14h et 18h : sur ces créneaux, plus de 2 400 établissements sont accessibles, soit 70 % de l’ensemble des structures d’accueil. Le chiffre tombe cependant à 62 % le samedi et à 45 % le dimanche. De plus, « environ 10,5 % des habitants ne peuvent pas se rendre auprès des forces de l’ordre les plus proches pendant les heures d'ouverture principales en semaine ». Ce pourcentage grimpe le weekend puisque « un tiers de la population doit se rendre dans un autre lieu d’accueil le dimanche ; et un quart le samedi ».

La nuit, 440 commissariats ouverts 24h/24h assurent une continuité d’accueil du public, mais « le lieu d’accueil le plus accessible de deux habitants sur trois est fermé ».

Des fermetures qui pèsent sur les temps de trajet nécessaires afin de se rendre dans un commissariat ou une gendarmerie. Leur durée augmente en moyenne de 4 minutes et 45 secondes le week-end pour 23,5 % de la population, apprend-on, mais ce sont surtout les habitants des communes rurales qui sont le plus affectés, puisque les trajets augmentent de presque 8 minutes pour 17,9 % des habitants des bourgs ruraux, et 39,1 % des habitants des communes rurales à l’habitat très dispersé.

Quatre fois moins de commissariats que de brigades

Le saviez-vous ? Bien que la France métropolitaine compte quatre fois plus de brigades de gendarmerie que de commissariats de police, la population est répartie de manière égale entre les deux institutions. La moitié des habitants est en effet « concentrée dans moins de 1 700 communes, là où 720 commissariats de police sont implantés (…) L’autre moitié est répartie dans plus de 33 100 communes qui correspondent à la zone de compétence de la gendarmerie nationale ».

Autre donnée intéressante : les zones de compétence des commissariats de police nationale ont une surface moyenne de 68 km², soit trois fois plus petite que celle des brigades de gendarmerie, mais elles sont « huit fois plus peuplées », avec une moyenne de 89 093 habitants pour les commissariats de police et de 11 404 habitants pour les brigades de gendarmerie.

Bérengère Margaritelli

Mathilde Aimard

 

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