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Aller à la rencontre des
autorités, par exemple pour déposer plainte, peut varier en moyenne du simple
au sextuple selon le lieu où vous résidez.
95 % de
la population vit à moins de 14 minutes d’un lieu d’accueil de la police ou de
la gendarmerie nationales. Tel est le constat issu d’une étude Interstats du SSMSI
(service statistique ministériel de la sécurité intérieure) publiée en juin
dernier, consacrée au délai d’accès aux forces de l’ordre. En cause, « la
distribution spatiale de ces équipements et la densité du réseau routier »
qui permettent d’accéder plutôt rapidement à l’une des quelque 2 800 brigades de gendarmerie et 700
commissariats de police recensés en 2022.
Toutefois, bien
qu’en France, grâce au principe du « guichet unique », la déclaration d’une
infraction peut se faire dans n’importe quel commissariat de police ou brigade
de gendarmerie, « les contraintes d’accès à ces infrastructures,
qu’elles soient liées à la localisation ou aux horaires d’ouverture, sont
susceptibles de décourager les victimes à porter plainte », souligne le
SSMSI.
En effet, « des disparités d’accès existent »,
nuance l’étude. Ainsi, alors qu’environ la moitié des résidents des grandes villes
peuvent accéder à un commissariat de police ou à une brigade de gendarmerie en
moins de 5 minutes, 12 minutes sont nécessaires en moyenne pour ceux des
communes rurales « à l’habitat très dispersé », et dans les
régions montagneuses comme en Corse ou certaines îles de la côte bretonne, les
temps de trajet peuvent dépasser les 30 minutes, notamment quand « un passage par voie maritime est nécessaire pour
rejoindre un lieu d’accueil du territoire continental ».
L’accessibilité
s’avère également plus délicate dans les parcs naturels nationaux ou régionaux,
à l’instar de la forêt landaise, des étangs de Camargue ou encore des marais et
des vignobles du Médoc, car l’aménagement du territoire est « limité »
dans ces espaces protégés. De la même façon, les installations militaires sur
certains territoires tels que Biscarosse (Landes), Suippes et
Marmellon-le-Grand (Marne), Mailly (Aube), cite l’étude, imposent de longs
contournements.
En
outre, plus de la moitié (51 %) des habitants accèdent plus rapidement à une
gendarmerie qu’à un commissariat de police. Sachant que pour ces calculs, observe le SSMSI, le temps
d’accès est à relativiser pour différentes raisons, notamment car l’usage de la
voiture n’est pas systématique, ou parce que le choix d’une gendarmerie plutôt
que d’un commissariat peut relever d’un choix personnel, etc.
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moins qu’ailleurs
Par ailleurs, l’accessibilité est étroitement liée
aux horaires d’ouverture. En effet, l'accueil des commissariats et des
gendarmeries est réduit le week-end : ainsi, le nombre de lieux d’accueil
ouverts au public est maximal du lundi au vendredi entre 8h et 12h puis 14h et
18h : sur ces créneaux, plus de 2 400 établissements sont accessibles,
soit 70 % de l’ensemble des structures d’accueil. Le chiffre tombe cependant à 62
% le samedi et à 45 % le dimanche. De plus, « environ 10,5 % des
habitants ne peuvent pas se rendre auprès des forces de l’ordre les plus
proches pendant les heures d'ouverture principales en semaine ». Ce pourcentage grimpe le weekend puisque « un
tiers de la population doit se rendre dans un autre lieu d’accueil le dimanche
; et un quart le samedi ».
La nuit,
440 commissariats ouverts 24h/24h assurent une continuité d’accueil du public,
mais « le lieu d’accueil le plus accessible de deux habitants sur trois est
fermé ».
Des
fermetures qui pèsent sur les temps de trajet nécessaires afin de se rendre
dans un commissariat ou une gendarmerie. Leur durée augmente en moyenne de 4
minutes et 45 secondes le week-end pour 23,5 % de la population, apprend-on,
mais ce sont surtout les habitants des communes rurales qui sont le plus
affectés, puisque les trajets augmentent de presque 8 minutes pour 17,9 % des
habitants des bourgs ruraux, et 39,1 % des habitants des communes rurales à
l’habitat très dispersé.
Le saviez-vous ? Bien que la France
métropolitaine compte quatre fois plus de brigades de gendarmerie que de
commissariats de police, la population est répartie de manière égale entre les
deux institutions. La moitié des habitants est en effet « concentrée dans moins de 1 700 communes, là où 720
commissariats de police sont implantés (…)
L’autre moitié est répartie dans plus de 33 100 communes qui correspondent à
la zone de compétence de la gendarmerie nationale ».
Autre donnée intéressante : les zones de
compétence des commissariats de police nationale ont une surface moyenne de 68
km², soit trois fois plus petite que celle des brigades de gendarmerie, mais
elles sont « huit fois plus peuplées », avec une moyenne de 89
093 habitants pour les commissariats de police et de 11 404 habitants pour les
brigades de gendarmerie.
Bérengère Margaritelli
Mathilde Aimard
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