Entretien avec Ugoline Soler, fondatrice de RECNOREC et lauréate de Réseau Entreprendre Yvelines


vendredi 3 septembre 20215 min
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Fondée en 2018, RECNOREC apporte une solution de valorisation à tous les déchets plastiques orphelins de recyclage. Sa fondatrice Ugoline Soler, récemment lauréate de Réseau Entreprendre Yvelines, revient pour le JSS sur la genèse de la société.

 


Quand et comment est née RECNOREC ?

Après un diplôme d’ingénieure agronome spécialisée en ingénierie de l’environnement et gestion des déchets à l’École Nationale Supérieure d’Agronomie de Toulouse (ENSAT) en 1999, j’ai travaillé près de 20 ans dans les métiers de l’environnement. Mon dernier poste, responsable innovation, m’a conduite naturellement à la création de RECNOREC : la découverte de la solution sud-américaine en 2015 et mon licenciement ont été les déclencheurs de cette aventure.

J’avais envie d’entreprendre depuis longtemps pour mettre en œuvre d’autres modèles de création de valeur en entreprise, parfaitement alignés sur les principes du développement durable : business, bien sûr, mais aussi respect de l’environnement, créations d’emplois, inclusion et bien-être au travail. L’aventure entrepreneuriale est devenue une évidence lorsque je me suis retrouvée au chômage ! J’ai tout de suite compris que cette innovation pourrait totalement bousculer le milieu du recyclage et permettre de recycler les tonnes de plastiques qui terminent aujourd’hui enfouis ou incinérés. C’était une véritable solution pour préserver les milieux naturels, mais aussi pour limiter nos émissions de gaz à effet de serre. RECNOREC est donc une entreprise sociale à vocation industrielle.

Pour cela, j’ai obtenu en 2017 un diplôme universitaire de Business Management, parcours Entrepreneur social à l’université Paris-Dauphine. J’ai fondé RECNOREC en 2018 pour apporter une solution de valorisation à tous les déchets plastiques orphelins de recyclage. Le principe est simple : valoriser ces 90 % de plastiques même sales, même mélangés, sans sur-tri ni lavage, au travers d’un process low-tech... Tout un programme !

 

 

Pourquoi certains plastiques ne peuvent-ils pas être recyclés par les filières de recyclage traditionnelles ? Que deviennent-ils ?

Les raisons sont simples et variées. La plupart des plastiques ne sont pas recyclables aujourd’hui, car ils sont trop souillés, trop complexes, trop mélangés, trop dispersés pour être collectés en gros volumes, ou encore parce que les usines de recyclage ne sont pas capables d’absorber les énormes flux que nos activités produisent. En outre, le marché pour la matière recyclée n’existe pas suffisamment, car elle est souvent trop chère. Recycler peut coûter très cher...

 

 

 

« J’ai tout de suite compris que cette innovation pourrait totalement bousculer le milieu du recyclage et permettre de recycler les tonnes de plastiques qui terminent aujourd’hui enfouis ou incinérés. »

 

 

 

RECNOREC ambitionne donc de recycler les plastiques à usage unique. Comment procédez-vous ?

Nous réceptionnons les plastiques en mélange issus pour le moment des déchets des ménages. On y trouve en majorité du PEHD, PEBD, PP, PS, PET et un peu de PVC. De la barquette de viande aux pots de yaourt en passant par les films d’emballage, mousses, masques et sachets divers… Après caractérisation des gisements de déchets, nous ne les séparons pas et nous ne les lavons pas, nous les intégrons directement dans notre process innovant. Nous ne souhaitons pas concurrencer les filières existantes de recyclage des plastiques qui s’intéressent à des gisements purs, triés et lavés. Nous créons une nouvelle filière de recyclage afin de valoriser des déchets destinés à l’élimination (incinération ou enfouissement).

 

 

Pouvez-vous nous en dire plus sur l’opération « Bas les masques », actuellement menée par RECNOREC ?

L’opération « Bas les masques » permet aux entreprises et collectivités de soutenir notre Recherche & Développement. Elle nous permet de mettre au point notre solution en y intégrant ce nouveau déchet. Nous intégrons les masques à notre flux habituel de déchets sans tri manuel. C’est toute la différence de notre solution : elle est industrialisable ! Très prochainement, nous passerons en mode opérationnel avec une petite unité de production pour valoriser beaucoup plus de masques et autres équipements de protection individuelle.

 



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