Article précédent

La Loi de séparation des Églises et de l’État renferme toutes les réponses aux Polémiques d’aujourd’hui. Au sujet du texte de 1905, qui a entrainé des discussions aussi interminables qu’indispensables (trois mois et demi, 48 séances à la chambre), Jean Jaurès avait déclaré qu’il s’agissait de « la plus grande réforme qui ait été tentée depuis la Révolution française ». Il est nécessaire de lire les débats et les propos d’Aristide Briand, le rapporteur de la loi. Ils sont éclairants. Sur l’esprit du texte, il dit : « Le projet que vous présente la majorité des membres de votre Commission est de nature à vous faciliter la tâche. Conçu, discuté, voté dans un large esprit de tolérance et d’équité, il sauvegarde tout ensemble les légitimes et respectables réoccupations des consciences, les intérêts des personnes et les droits supérieurs de l’État. Ce n’est pas une œuvre de passion, de représailles, de haine, mais de raison, de justice et de prudence combinées ». Plus loin, il ajoute : « Des lois seront édictées pour dégager progressivement les intelligences enfantines de l’obscurité du dogme ».
Les discussions de la loi ont donné lieu à un débat entre le député Chabert et Aristide Briand. Le premier proposait de prescrire « aux prêtres de ne porter le costume que pendant les exercices du culte ». Le second a répondu avec ces mots : « Il a paru à la Commission que ce serait encourir, pour un résultat plus que problématique, le reproche d’intolérance et même s’exposer à un danger plus grave encore, le ridicule, que de vouloir, par une loi qui se donne pour but d’instaurer dans ce pays un régime de liberté au point de vue confessionnel, imposer aux ministres des Cultes l’obligation de modifier la coupe de leurs vêtements. La soutane une fois supprimée, l’ingéniosité des prêtres et des tailleurs aurait tôt fait de créer un vêtement nouveau. (…) La soutane devient, dès le lendemain de la séparation, un vêtement comme un autre ». Le vêtement a changé, mais le débat, lui, est toujours là.
Ce numéro 85 du Journal Spécial des Sociétés propose également deux interviews l’une de Chantal Arens et l’autre de Christian Lefebvre. La première présidente de la Cour d’appel de Paris et l’ambassadeur de la médiation notariale reviennent sur les enjeux de la médiation et de la conciliation.
Victor Bretonnier
Retrouvez ce dossier dans le Journal Spécial des Sociétés n° 85 du 16 novembre 2016
Infos locales, analyses et enquêtes : restez informé(e) sans limite.
Recevez gratuitement un concentré d’actualité chaque semaine.
0 Commentaire
Laisser un commentaire
Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *