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« Gisèle Halimi est devenue l'avocate de la cause des femmes », a salué le président
Emmanuel Macron, qui a profité de cette célébration pour annoncer un projet de loi constitutionnel courant 2023 « afin de graver la liberté des femmes à recourir à
l’IVG ».
C’est en un lieu symbolique que vient d’être célébrée une grande dame à qui les femmes doivent beaucoup. Lors de la Journée internationale des droits des femmes, ce 8 mars, le président Emmanuel Macron a rendu un hommage national à la grande avocate et militante féministe Gisèle Halimi - morte en juillet 2020 à l’âge de 93 ans - à l’occasion d’une cérémonie au sein de la salle d’audience de la première chambre de la cour d’appel de Palais de justice de Paris, en présence de membres de la famille et de proches, ainsi que de représentants du gouvernement, comme l'indique le site de l'Élysée.
Son fils aîné Jean-Yves Halimi, avocat lui aussi, a débuté l’hommage par des mots forts à l'égard de sa mère : « Tu rejoins au Panthéon de notre récit national celles que j’appelais familièrement les deux Simone, de Beauvoir et Veil ». « Pour toi, [les combats féministes et l’engagement colonial] étaient un seul et même engagement, nourri par ta soif inextinguible de justice », a-t-il souligné. Et de rappeler : « Lors des dernières élections européennes, tu as défendu la clause de l’Européenne la plus favorisée. Elle vise à harmoniser par le haut les règles juridiques qui concernent les droits des femmes : c’est une œuvre de longue haleine qui mérite d’être poursuivie. »
« Pour [Gisèle Halimi], [l’avocature] n’était pas une profession, pas même une vocation. Sans doute, un peu plus qu’un idéal. C’était avant tout son tempérament, celui qu’elle exprimait dès son plus jeune âge (...) », a de son côté salué le président de la République. Déjà enfant, celle qui est née en Tunisie « était d'une fièvre indocile et d'une colère brûlante. Pour refuser d'accomplir les tâches ménagères dont ses frères étaient exemptés, celle qui s'appelait encore Zeiza Taïeb se rebella : à 10 ans, elle entreprit une grève de la faim. Elle porta cette exigence d'égalité avec ses frères ; elle en fit une question de principe. Elle ne revendiquait pas seulement pour elle ; elle plaidait une cause universelle. Et dans cette cuisine de La Goulette, elle était déjà à la barre, indignée, ardente, irréfutable. »
Révoltée née, la défense chevillée au corps, Gisèle Halimi a notamment consacré sa vie à défendre les droits des femmes pour que ces dernières puissent disposer de leur corps, mais aussi pour qu’elles puissent être indépendantes économiquement et égales aux hommes. Elle a livré une lutte acharnée pour la légalisation de l’avortement (et pour son remboursement ensuite) ainsi que pour la criminalisation du viol. « Gisèle Halimi est devenue l'avocate de la cause des femmes », a résumé Emmanuel Macron.
Un projet de loi pour « graver la
liberté des femmes » à recourir à l’IVG
Dans la
continuité de l’engagement de l’avocate pour le droit à l’avortement, le président de la République a annoncé un projet de loi constitutionnel « dans
les prochains mois » garantissant le recours à l'IVG.
En effet, Emmanuel Macron a fait part de sa préoccupation quant aux pays « revenus sur la marche des droits des femmes », a-t-il dit, en écho au recul du droit à l'avortement un peu partout dans le monde, « parce que des idéologies réactionnaires espèrent tenir leur revanche sur les avocates, les activistes, les engagées qui les ont jadis fait plier ; parce que le droit des femmes est toujours une conquête fragile. Gisèle Halimi, par ses mots, avait fait changer la loi. Je veux que la force de ce message nous aide à changer notre Constitution afin d'y graver la liberté des femmes à recourir à l’interruption volontaire de grossesse, pour assurer que rien ne pourra entraver ou défaire ce qui sera ainsi irréversible. Pour dresser aussi un message universel de solidarité à toutes ces femmes qui voient aujourd'hui cette liberté bafouée. »
Le 24 novembre, l’Assemblée nationale avait adopté en première lecture une proposition de loi constitutionnelle visant à inscrire le recours à l’IVG dans la Constitution. Le 1er février, le Sénat en a retenu une formulation juridique différente. « Les avancées issues du débat parlementaire permettront d'inscrire dans notre texte fondamental cette liberté (...) car nous ne voulons plus jamais de procès de Bobigny », a martelé le président de la République, en écho à la célèbre affaire, étape essentielle dans la marche jusqu'au droit à l'avortement.
Bérengère Margaritelli
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