Les défaillances d'entreprises au plus haut depuis 2019


jeudi 20 avril 20233 min
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D’après les données du cabinet Altares, le nombre de procédures collectives a retrouvé son niveau d’avant crise au 1er trimestre 2023, avec une hausse de 44% en un an. Les liquidations judiciaires sont quant à elles au plus haut depuis 2017.

Avec 14 317 procédures collectives ouvertes en trois mois, le niveau des défaillances au 1er trimestre 2023 a atteint un niveau plus observé depuis 2019, soit la période avant crise sanitaire, d’après une étude du cabinet Altares. La hausse atteint 44% par rapport au même trimestre de 2022. Celle-ci peut néanmoins s’expliquer par un rattrapage, le taux de défaillance ayant atteint un taux historiquement bas en 2021.

« Ce début d’année 2023 est loin de signer un record », nuance d’ailleurs le cabinet dans son étude. Entre 2009 et 2017, le nombre de défaillances dépassait les 17 000 en moyenne chaque premier trimestre. La tendance reste néanmoins à surveiller, d’autant que l’augmentation historique des défaillances en 2022 (+50%) est partie pour se poursuivre dans des proportions presque similaires en 2023, et que certains indicateurs ont dépassé les chiffres de 2019. « Si la volumétrie des défaillances peut paraitre conforme aux attentes, il demeure que le rythme ne ralentit pas et cela sans que les assignations URSSAF ne gonflent encore les ouvertures », prévient Altares, qui prévoit 55 000 défaillances d’entreprises pour 2023, alimentées par les assignations URSSAF qui devaient reprendre au mois de mars.

Toutes les procédures en hausse

307 procédures de sauvegarde, réservées aux entreprises n’étant pas en cessation de paiement, ont été enregistrés ce trimestre, soit une hausse de 39,5%.

Les procédures de redressement judiciaire ont quant à elles bondi de presque 50%, pour 3280 jugements prononcés. Elles restent cependant plus faibles qu’au premier trimestre 2019 (4057). Depuis janvier 2023, 27 sociétés de plus de 100 salariés ont été placées en redressement judiciaire, alors qu’on en comptait seulement 12 un an plus tôt.

Les liquidations judiciaires directes, qui représentent la majorité des cas de défaillances d’entreprises, sont au nombre de 10730, soit une hausse de 42%. Elles atteignent leur plus haut niveau depuis 2017.

Les jeunes entreprises moins touchées

L’étude montre par ailleurs une bonne résistance des entreprises fondées post covid. Seule une entreprise défaillante sur dix a moins de deux ans. 1 520 entreprises de moins de trois ans ont fait défaut, soit 21% de moins sur un an. Les sociétés ayant trois années ou plus sont en revanche plus vulnérables. Plus de 5 800 entreprises âgées de 6 à 15 ans ont défailli, soit 68 % de plus qu’un an plus tôt.

Le nombre de défaillances évolue également différemment en fonction de la taille des entreprises. Les PME et ETI sont particulièrement touchées, avec 1 125 sociétés d’au moins 10 salariés ayant fait défaut au cours du trimestre, un chiffre faisant jeu égal avec le 1er trimestre 2016.

Le secteur du textile et habillement confirme sa mauvaise santé en France, avec un nombre de défaillances qui a doublé en un an. Le nombre de promoteurs immobiliers dans une situation de défaillance a lui aussi été multiplié par deux, traduisant les difficultés sur ce marché depuis le début de l’année.

Au total, 59 000 emplois sont menacés par ces défaillances. 12 000 d’entre eux concernent la seule société gestionnaire d’Ehpad Orpea. « Si on exclut la procédure particulière de cette entreprise, ce sont donc 47 000 emplois menacés : un nombre au plus haut depuis 2017 », précise le cabinet Altares.

 

Alexis Duvauchelle

 

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