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Depuis le 1er mars, toutes
les nouvelles pensions alimentaires fixées par le juge après une séparation
font désormais automatiquement l’objet d’une intermédiation par la Caisse
nationale des allocations familiales (CNAF). Un nouveau dispositif qui devrait
permettre de mieux prévenir les risques d’impayés, et de renforcer ainsi la
sécurité apportée notamment aux familles monoparentales.
Le service public des pensions alimentaires franchit une
nouvelle étape. Depuis le 1er mars, le versement des pensions
alimentaires par l’intermédiaire de l’Agence de recouvrement et
d’intermédiation des pensions alimentaires (ARIPA) fixées par les décisions
judiciaires de divorce prononcées est systématique.
Jusqu’à présent, le versement
intermédié par les Caisses d’allocations familiales (CAF) et la Mutualité
Sociale Agricole (MSA) se mettait en place à la demande d’au moins un des deux
parents, ou à l’initiative du juge en cas de violences conjugales. Désormais,
en rendant l’intermédiation financière des pensions alimentaires (IFPA)
systématique, le gouvernement s’engage à agir en amont du problème, en
s’inscrivant non plus dans une logique de réparation, mais bien dans une
logique de prévention. Il entend en outre répondre à une méconnaissance du
dispositif.
Garantir
le paiement des pensions alimentaires
Porté
par Éric Dupond-Moretti, garde des Sceaux, ministre de la Justice, et Olivier
Véran, ministre des Solidarités et de la Santé, ce nouveau pas dans
l’intermédiation financière du service public des pensions alimentaires vise à
offrir la garantie du paiement de ces pensions. Car comme le souligne le
cabinet du ministre des Solidarités et de la Santé, le non versement d’une
pension peut trop souvent être source de sanction ou un moyen de faire pression
auprès du parent receveur. Notons qu’aujourd’hui, près d’un million de familles
perçoivent une pension alimentaire, dont le montant moyen est de 170 euros par
mois et par enfant, et qu’environ 30 % de ces familles sont victimes
d’impayés. Pourtant, la pension alimentaire est un droit et un enjeu économique
majeur, rappellent conjointement les ministères, et représente en moyenne
18 % des ressources des familles monoparentales qui en perçoivent. Pour le
cabinet du ministre des Solidarités et de la Santé, ce dispositif tend ainsi à
s’inscrire dans une politique de lutte contre la pauvreté et l’égalité. En plus
d’offrir la garantie du paiement des pensions alimentaires via le versement
d’une allocation de substitution, il devrait permettre assurément d’apaiser les
tensions entre les parents séparés.
Un
dispositif généralisé en 2023
L’extension de cette politique initiée en 2017 est étendue
en deux temps.
Depuis le 1er mars, la mise en place
systématique concerne aujourd’hui toutes les pensions nouvellement fixées pour
tous les divorces (en cours ou à venir) devant le juge. Mais à compter du 1er janvier
2023, la réforme ira encore plus loin puisque dès qu’une pension alimentaire
sera fixée, et peu importe le type de décision (divorce judiciaire, divorce par
consentement mutuel extra-judiciaire, décision du juge concernant l’exercice de
l’autorité parentale pour les parents non mariés ou divorcés, titre exécutoire
délivré par la CAF…), l’intermédiation financière sera automatique.
L’intermédiation peut toutefois être écartée si les deux
parents s’y opposent conjointement, ou si le juge le décide, devant alors
motiver sa décision à l’aide de motifs précis (par exemple en cas de parent à
l’étranger ou de pension alimentaire directement versée à un enfant majeur). Il
n’est toutefois pas possible de l’écarter en cas de violences conjugales ou
familiales.
Le ministère de la Justice entend accompagner les
juridictions dans la mise en place de cette réforme, notamment par le
recrutement de 200 personnels de greffe et la mise en place de formations et
d’outils dédiés, « afin qu’aucun frein ne vienne enrayer cette avancée
sociale majeure », a précisé le cabinet du ministère.
Cette réforme, estimée à 120 millions d’euros par an
devrait au final bénéficier d’une enveloppe de 180 millions d’euros dès 2025,
pour répondre à l’accroissement du nombre de pensions intermédiaires versées.
Constance Périn
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