Portrait - Jean-Marie Burguburu

Un défaut : Le contradictoire, non pas au sens procédural du terme, mais au sens de la contradiction, soit en réfutant des propos qui me sont adressés, soit en étant capable de soutenir avec autant de vigueur des opinions divergentes, voire opposées. Mais n’est-ce pas le propre de l’avocat ?

 Une qualité : L’amitié, autant celle donnée que celle reçue, toutes partagées comme un enrichissement réciproque. L’amitié implique de dire et d’entendre des choses qui seraient insupportables entre simples relations. Les Romains écrivaient : « Et monere et moneri, est proprium verae amicitiae » (Donner des conseils et en recevoir, c’est la véritable amitié). Tout est dit.

Une devise : Je préfère ne pas retenir une devise claquant comme un drapeau sous la mitraille, mais citer Gramsci : « Le pessimisme de la raison nous oblige à l’optimisme de la détermination ».

Un tableau : Quel embarras ! Pourquoi n’en choisir qu’un alors que tant d’œuvres sont capables de soulever une réelle émotion ? Alors, un peu de contradictoire :

• « La jeune O’Murphy » de Boucher et toute la grâce du XVIII^ème siècle

• « Guernica » de Picasso et toute la violence du XX^ème avec une résurgence basque en plus, qui me convient.

Un juron : Eh bien, je n’en ai pas plus de favori que de devise véritable. Est-ce à dire que je ne jure jamais ? Je ne saurais le jurer… Zut, je risque de devenir incompréhensible. Voilà, c’est fait, je l’ai écrit, c’est simple et formé d’une seule voyelle que j’aime bien.

Un livre : Plusieurs encore me viennent à l’esprit et choisir, c’est éliminer. Dois-je brûler mes bibliothèques ? Comment hésiter entre l’histoire, la philosophie, les bons romans, les essais ou les biographies ? Je retiens la poésie avec un livre dont le petit format me permet de l’avoir souvent dans ma poche et de le lire et de le relire sans fin : « Les Fleurs du mal ». Baudelaire ne vieillit pas.

Un contemporain du sexe opposé : A peine l’avais-je choisie qu’elle vient de s’éteindre : Edmonde Charles Roux, pour « Oublier Palerme » d’abord et pour sa vie extraordinaire au sens propre. Comme j’ai eu la chance de la rencontrer plusieurs fois, je reste marqué par cette personnalité aussi forte et « irrégulière » que celle qu’elle a donnée, sous ce titre, à Coco Chanel dans une scintillante biographie. Et il y aurait encore tant d’autres choses à dire…

Mais j’ajoute la jeune Malala, si courageuse  ?  dont la vie a été menacée  ?  déjà reconnue internationalement et qui est une promesse pour l’avenir.

Un plat : Un champignon noir, trop souvent utilisé comme un appoint, voire une garniture, alors qu’il peut être apprécié pour lui-même : Tuber melanosporum. La truffe noire, non pas sous la peau de la poularde demi-deuil ni pour recouvrir un carpaccio de Saint-Jacques, mais seule : en feuilletage par exemple, ou sous la cendre. D’accord, ce n’est pas un plat de tous les jours, mais telle n’était pas la question, ni celle du vin qui va avec.

Un personnage historique : Louis XI (1423-1483) « L’universelle aragne » selon Philippe de Comines, son biographe, si mal connu alors qu’il fut, parmi tous ceux qui régnèrent, celui qui lutta le plus contre les puissances féodales, les autres rois et ducs qui lui disputaient les territoires, pour réussir à agrandir le royaume de France et à affermir le pouvoir royal.

Un rêve : « Rêve d’amour » de Liszt, une des plus jolies mélodies qui soit. (...)

Propos recueillis par Clémence Thévenot

Retrouvez la suite de ce portrait dans le Journal Spécial des Sociétés n° 34 du 30 avril 2016

S’abonner au journal