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Entretien avec Marine de Beaufort, fondatrice de Voy’Agir


samedi 29 février 20205 min
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29/02/2020 10:00:43 1 1 1989 10 0 15208 1898 1957 Où Jean Cocteau a-t-il caché son chat préféré ?

Il aimait les chats et dessinait des oiseaux ; elle avait un nom d’oiseau, avait chanté au cabaret « Le chat noir », se laissant photographier avec un chaton blanc.



Il avait écrit « Les Enfants Terribles » ; elle était une éternelle enfant terrible.


Il est mort en octobre 1963, quelques heures seulement après Édith Piaf. Mais rien ne dit que le décès soudain, à 47 ans, de la seconde ait précipité la crise cardiaque emportant le premier à l’âge de 74 ans.


Comme nombre d’artistes et d’écrivains, Jean Cocteau aimait beaucoup les chats et avait même créé un Club des amis des chats.


Ses amis Jean Marais et Henri Matisse en possédaient plusieurs.


Colette avait une chatte blanche, « Kiki-la-Doucette », Anatole France était inspiré par son chat « Hamilcar », Brassens, fan des félins, chantait que Margot « donnait la gougoutte à son chat », l’acteur genevois Michel Simon dans sa grande maison séquanodyonisienne de Noisy-le-Grand et Paul Léautaud dans sa demeure altoséquanaise de Chatenay-Malabry en possédaient des dizaines, George Sand ne manquait jamais de déjeuner le matin en présence de son chat « Minou ». Baudelaire a consacré un poème à son chat (Viens, mon beau chat, sur mon cœur amoureux ; Retiens les griffes de ta patte, Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux, Mêlés de métal et d’agate… »). Alexandre Dumas et Émile Zola ont abondamment décrit les attitudes de leurs chats. Qui ne se souvient du film de Granier-Deferre, « Le Chat », joué par Jean Gabin et Simone Signoret, inspiré du roman éponyme écrit en deux semaines par Simenon ?


On rapporte souvent cette phrase de Cocteau : « Si je préfère les chats aux chiens, c’est parce qu’il n’y pas de chat policier », le poète et dramaturge affirmant par ailleurs : « J’aime les chats, parce que j’aime ma maison et qu’ils en deviennent, peu à peu, l’âme visible. Une sorte de silence actif émane de ces quelques fourrures qui paraissent sourdes aux ordres, aux appels, aux reproches. »


Ses engagements et comportements qualifiés d’ambigus pendant la Seconde Guerre mondiale ne l’ont pas empêché d’être élu en 1955 à l’Académie française dont les membres le considéraient comme un « génial touche-à-tout passé maître dans l’art du sortilège », où il décrivit la coupole ainsi : « quelque grotte sous-marine, une lumière quasi surnaturelle d’aquarium et sur des gradins en demi-cercle, quarante sirènes à queues vertes et à voix mélodieuses ».


Son engagement en faveur de l’objection de conscience a favorisé l’émergence d’un statut des objecteurs.


Ses œuvres, comme ses chats, sont multiples : littéraires, poétiques, cinématographiques, plastiques, murales, graphiques…


Il a adapté avec talent le célèbre conte universel révélé en France au XVIIIe siècle mettant en scène « la Bête » épargnant le père de « la Belle » ayant eu le tort de cueillir dans son château une rose défendue.





Jean Cocteau est inhumé dans la chapelle Saint-Blaise des Simples à Milly-la-Forêt (91), qu’il a décorée ; il a introduit dans le décor plusieurs chats, dont l’un, caché, amène les enfants qui visitent cette chapelle à le chercher sous forme d’un jeu de piste ; il est à l’envers au milieu d’un vitrail ;
pour le voir, il faut, soit faire le poirier, soit prendre la photo et l’inverser (à droite).



L’une de ses œuvres les plus étonnantes, et pourtant les plus méconnues, est sans doute le théâtre de plein air de Cap d’Ail (Alpes-Maritimes) réalisé en forme de théâtre antique à gradins entre 1959 et 1962 surmontant un mini temple maçonnique, au cœur du Centre méditerranéen d’études françaises créé par Jean Moreau (qui présidait une obédience maçonnique de rite écossais rectifié, d’essence chrétienne), alors qu’il venait de décorer la chapelle Saint-Pierre de Villefranche-sur-Mer accueillant la Prud’homie des pêcheurs*.


L’une de ses réalisations picturales les plus admirées est probablement le décor d’une petite chapelle francilienne.


Seul vestige d’une maladrerie du XIIe siècle, la chapelle Saint-Blaise, longtemps laissée à l’abandon, fut réhabilitée dans les années 1950 par la municipalité de Milly-la-Forêt (Essonne), qui confia à Jean Cocteau, lequel possédait une demeure dans la commune, le soin de la décorer. L’artiste choisit un décor botanique, dessinant ou peignant des plantes médicinales, telles la menthe, la renoncule, la valériane, la guimauve, mais aussi des plantes aromatiques telle la gentiane ou des plantes très toxiques tels l’aconit aux grappes de fleurs bleues impressionnantes et le colchique parfois surnommé le « tue-chien », ou telles la belladone et la jusquiame contenant de l’atropine.


Cocteau proposa en outre de réaliser un petit jardin de « simples » autour du petit édifice religieux.
Il fut inhumé quelques mois après sa mort dans la chapelle.


Avec pour seule épitaphe sur sa tombe : « Je reste avec vous ».


La minuscule église et son joli jardin se visitent.


D’autant que Cocteau y laisse un rébus ou une énigme, pour, toujours et encore, étonner les amateurs d’art. Il a placé plusieurs de ses chats dans le décor. Mais l’un est difficile à trouver. Il se cache en réalité au centre d’un vitrail qu’il a dessiné, mais à l’envers. Il faut donc, soit faire le poirier (ce que les visiteurs font rarement, l’auteur de la présente chronique ayant préféré rester debout pour faire son texte à l’endroit…), soit prendre le cliché et l’inverser sur l’ordinateur (voir illustration).


Cocteau, un créateur génial au talent perçant… amateur de chats persans… félin aimant et croquant les félins… poète flamboyant… au paradis des artistes facétieux !


* Voir à ce sujet notre chronique dans le JSS n° 9 du 3 février 2018.



Étienne Madranges,

Avocat à la cour,

Magistrat honoraire


 


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