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La Confédération des petites
et moyennes entreprises a décidé de contrattaquer, après la décision prise en
septembre par la juridiction la plus élevée de l’ordre judiciaire français.
Pour l’organisation patronale, « sur le fond, découpler travail
effectif et congés payés est profondément choquant ».
Pour la CPME, cela ne passe
pas. Dans un communiqué publié le 30 octobre, la Confédération des petites et
moyennes entreprises a annoncé le lancement d’une pétition contre l’acquisition
de congés payés pendant les arrêts maladie. Une règle qui n’existe normalement pas
en droit français, mais que le droit européen consacre.
Une directive de 2003 sur le
temps de travail dispose en effet que « les États membres [doivent prendre]
les mesures nécessaires pour que tout travailleur bénéficie d'un congé annuel
payé d'au moins quatre semaines, conformément aux conditions d'obtention et
d'octroi prévues par les législations et/ou pratiques nationales », et cela
sans condition.
Jusqu’ici, cette directive
n’avait pas été transposée dans le Code du travail français, qui ne considérait
pas le congé maladie comme une période de travail effectif permettant
d’accumuler des congés payés, au contraire notamment des périodes de congés
payés en elles-mêmes, des congés de maternité, de paternité et d'accueil de
l'enfant et d'adoption et des contreparties obligatoires sous forme de repos
pour certaines heures supplémentaires.
Mais le 13 septembre dernier,
la Cour de cassation a décidé d’écarter ces dispositions non conformes au droit
de l’Union européenne, avec un effet rétroactif sur les trois années précédant
cette décision. Quelques semaines plus tôt, c’est la cour d’appel de Versailles
qui avait jugé que les
salariés devaient acquérir des congés payés même en cas de longue
maladie.
La CPME dénonce une injustice
pour les salariés en poste
Dans son communiqué
accompagnant la pétition, la CPME a affirmé « s’opposer résolument »,
à cette règle. « Sur le fond, découpler travail effectif et congés
payés est profondément choquant. C’est la valeur travail qui est ainsi attaquée »,
a-t-elle expliqué.
Pour la confédération, cela
créerait une inégalité entre les employés : « Il est parfaitement
injuste qu’un salarié absent pendant une longue période bénéficie d’autant de
congés qu’un salarié présent à son poste. » La CPME s’est par ailleurs
insurgée de la rétroactivité de cette décision, « qui permettra aux
salariés de se retourner contre leur employeur et de réclamer des congés payés
au titre de leurs arrêts maladie des trois dernières années », la
qualifiant d’« inadmissible ».
À
lire aussi : Arrêt de travail : quelle règlementation ?
D’après une estimation de
l’organisation patronale française, la décision de la Cour de cassation
risquerait de coûter « plusieurs milliards d’euros chaque année aux
entreprises françaises, grandes ou petites, et de condamner certaines PME ».
Une projection « totalement inacceptable », a déploré la
confédération, qui a annoncé étudier de potentiels recours judiciaires, au
minimum afin de limiter les conséquences pour les entreprises. « Les
choses ne peuvent rester en l’état. Le gouvernement doit comprendre
l’indignation des chefs d’entreprise et agir. Il en a les moyens », a
également affirmé la CPME.
Dans un mail à destination
des chefs d’entreprise adhérents envoyé ce vendredi, François Asselin,
président de la CPME, a demandé d’« accroître la pression sur le
gouvernement », notamment grâce à la pétition. « Son efficacité
dépendra du nombre de signatures que nous obtiendrons », a-t-il
assuré, demandant aux patrons « de la diffuser le plus largement
possible aux chefs d’entreprise de [leur] entourage ».
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