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Conclu avec cinq bailleurs
sociaux, cet accord permettra à des agents formés et assermentés de relever des
infractions commises au sein des résidences qui « contribuent au
sentiment d’insécurité », tels que les tapages nocturnes ou les dépôts
d’ordures.
Nouvelle étape dans la
justice de proximité à Lyon. Le parquet de la ville a en effet décidé de passer la vitesse
supérieure pour « lutter contre les incivilités et contribuer à la
tranquillité résidentielle des locataires » a annoncé ce mercredi le
tribunal judiciaire sur LinkedIn.
A ce titre, le procureur de la République Nicolas
Jacquet et cinq bailleurs sociaux (rassemblés au sein d’ABC HLM) ont signé, le
10 octobre, un protocole destiné à déployer le dispositif des gardes
particuliers assermentés sur le ressort de la juridiction.
Celle-ci ajoute que 35 agents volontaires,
collaborateurs des bailleurs sociaux, ont été « formés, agréés et
assermentés » afin de relever les infractions commises au sein des
résidences dont ils ont la charge ; infractions qui « concourent à
la dégradation de la qualité de vie des locataires et contribuant au sentiment
d’insécurité », déplore le TJ. Sont notamment visés les tapages
nocturnes, les dépôts d’ordures, les abandons d’épave, le déversement de
substances insalubres, la divagation de chiens dangereux et les dégradations
légères, illustre le tribunal judiciaire de Lyon.
La
juridiction affirme que ces infractions donneront lieu « à une réponse
pénale rapide et qualitative », via une convocation devant un délégué
du procureur pour la mise en place d’une mesure alternative aux poursuites,
laquelle pourra, le cas échéant, être assortie d’une indemnisation, d’une
remise en état ou d’une contribution citoyenne.
Si les gardes particuliers ne sont plus très
connus aujourd’hui, ils existent cependant depuis bien longtemps, puisque leurs
ancêtres sont les fameux « gardes champêtres ». Aujourd’hui, leurs
missions sont régies par un décret du 30 août 2006, modifié depuis.
La préfecture du Rhône rappelle qu’il s’agit
d’agents chargés d’une mission de police judiciaire assurant « la
surveillance des propriétés ou des droits de chasse ou de pêche », et
dotés du pouvoir d’établir des procès-verbaux d’infraction dans le territoire
confié à sa surveillance. Elle précise également que pour exercer ses
fonctions, le garde, agréé pour cinq ans, doit être commissionné par le
propriétaire ou le titulaire de droits particuliers sur la propriété, et la commission
doit « indiquer précisément la nature des infractions qu’il est chargé
de constater, et préciser le ou les territoires qu’il est chargé de surveiller ».
Par ailleurs, si dans l’exercice de ses fonctions,
le garde particulier doit détenir en permanence sa carte, ou sa décision
d’agrément, et la présenter à toute personne qui en fait la demande, il n’a pas
le droit de détenir une arme.
En mai dernier, le statut de ces agents avait fait
l’objet d’une question écrite du sénateur LR Laurent Burgoa, qui soulevait la
« nécessité de réviser le décret du 30 août 2006 ». L’homme
politique pointe en effet qu’un garde particulier « peut ne pas être
affilié à une structure départementale, ce qui le rend isolé », et
qu’il lui est alors difficile « de se tenir informé des évolutions de
la réglementation ou de pouvoir bénéficier de formations complémentaires
indispensables ».
Le sénateur souligne d’autre part qu’un garde
particulier doit relever les infractions de la 1re à la 4e
classe par procès-verbal, « n'ayant accès à aucune application de
format procès-verbal électronique (PVE) », et que les infractions de 5e
classe devant faire l'objet d'une procédure par procès-verbal (PV), « cela
limite grandement le relevé d'infraction », alors même que la
possibilité de relever par PVE les infractions de la 1re à la 4e
classe « désengorgerait les tribunaux ». La question,
transmise au ministère de la Justice, est aujourd’hui toujours en attente de
réponse.
En 2020, le député François-Michel Lambert
(Bouches-du-Rhône) avait quant à lui alerté la garde des Sceaux de l’époque sur
la « diminution importante des effectifs de gardes particuliers
assermentés, qui jouent un rôle crucial pour la protection de la population et
celle de l'environnement ». Mais le protocole signé par le tribunal
judiciaire de Lyon pourrait bien donner l’exemple et remettre ces agents
« oubliés » sur le devant de la scène.
Bérengère Margaritelli
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