Seine-Saint-Denis : un réseau de blanchiment d’argent démantelé


jeudi 12 décembre 20243 min
Écouter l'article

Le parquet de Bobigny a récemment achevé une enquête révélant deux plateformes de blanchiment d’argent, avec des flux financiers totalisant 27 millions d’euros et qui impliquent plus de 14 sociétés. Quatre personnes mises en cause comparaîtront en février 2025.

27 millions d’euros. C’est le montant des flux financiers démantelés lors d’une enquête sur un réseau de blanchiment d’argent en Seine-Saint-Denis, a annoncé le procureur de la République, Éric Mathais, dans un post publié sur LinkedIn le 10 décembre 2024. Après une longue période d’investigation, le parquet de Bobigny a mis au grand jour une affaire impliquant deux plateformes de blanchiment d’argent associées à 14 sociétés. Entre 2021 et 2024, ces structures auraient permis de détourner près de 27 millions d’euros via des transactions incluant des paiements en espèces, l’achat de véhicules de luxe et même des objets d’art.

Le procureur a également précisé que l’origine des fonds provenait principalement d'espèces issues du Centre international de commerce de gros France-Asie (Cifa) à Aubervilliers. Un centre situé entre le Stade de France et la Porte de la Chapelle, qui abrite plus de 250 boutiques de grossistes spécialisés dans le prêt-à-porter.

D’ailleurs, ce lieu est déjà bien connu pour son implication dans plusieurs affaires, notamment en mars 2024, où deux complices de narcotrafiquants, ainsi que douze grossistes et cinq intermédiaires travaillant au Cifa, avaient été accusés en 2015 de blanchir l’argent issu du trafic de cannabis. Ces derniers avaient été condamnés à des peines de prison allant de six mois à cinq ans, accompagnées d’amendes totalisant 1,7 million d’euros et à la confiscation de plus de 700 000 euros.

1 million d’euros de saisies et quatre personnes mises en cause

Dans les faits, quatre personnes ont été mises en cause et sont actuellement placées sous contrôle judiciaire avec des mesures strictes. Cela inclut une interdiction de quitter le territoire et la remise de leurs passeports, une interdiction de contact entre elles, ainsi que des cautionnements allant de 50 000 jusqu’à 100 000 euros.

Des saisies importantes ont également été effectuées, comme l’a détaillé Éric Mathais. Parmi elles, on trouve : « un pavillon d’une valeur estimée à 430 000 euros, une BMW X5 évaluée à 100 000 euros, des montres de luxe, de la maroquinerie, ainsi que des saisies bancaires s’élevant à 310 000 euros et 50 000 euros en numéraire ». Le total des saisies avoisine ainsi le million d’euros. L’audience des prévenus est prévue pour février 2025. En ce qui concerne l’infraction de blanchiment d’argent, l’article 324-1 du Code pénal prévoit une peine de 5 ans d’emprisonnement et une amende de 375 000 euros. Cette sanction peut être alourdie dans certains cas, notamment lorsque le délit est commis en bande organisée, avec des peines pouvant aller jusqu’à 10 ans d’emprisonnement et 750 000 euros d’amende.

Pour celui qui a également occupé le poste de directeur adjoint des affaires criminelles et des grâces au ministère de la Justice de 2011 à 2014, cette affaire illustre la stratégie du parquet de Bobigny. Selon lui, « cela démontre l’efficacité des enquêtes financières, menées par des services spécialisés, en l’occurrence la brigade de recherches et d’investigations financières de la DPJPP, sous la direction de la division des affaires économiques et financières (DAEF) du parquet de Bobigny. Nous ciblons à la fois les flux monétaires et leurs bénéficiaires ».

Romain Tardino

Partager l'article


0 Commentaire


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Abonnez-vous à la Newsletter !

Recevez gratuitement un concentré d’actualité chaque semaine.