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CHRONIQUE. Un jeune homme de 24 ans comparaît libre devant le tribunal correctionnel de Pontoise, le 21 novembre, 7 mois après les faits. Il avait été contrôlé en voiture en possession de cannabis. Il est en récidive.
La présidente
questionne Chérif : « Vous faites quoi dans la vie ?
-
J’étais
VTC, mais depuis qu’on m’a interpellé, je ne le suis plus. »
Forcément :
Chérif, 24 ans, a perdu son permis à la suite du contrôle qui l’amène à la
barre du tribunal correctionnel de Pontoise, ce jeudi 21 novembre.
« Donc
je réfléchis à une formation, voilà.
-
C’est
une façon de dire que vous ne faites rien.
- Oui », concède le prévenu gêné.
Comme si
c’était à mettre à son crédit, il ajoute : « Ma copine est cheffe sur
une péniche ! » Cheffe en cuisine, il précise.
Le 25 avril
2024, à Montmagny, les policiers contrôlent un véhicule. Au volant : Chérif,
qu’ils perçoivent se courber pour dissimuler quelque chose, interprètent-ils.
Dans l’habitacle : une odeur de stupéfiants. Chérif vient de fumer un joint
dont le mégot gît au sol. Sur la banquette arrière, une plaquette de shit sous
cellophane frappée d’une inscription, « Organic valley farms » - une
appellation healthy, à l’américaine. Et dans le vide poche : 110 euros
en espèces.
« J’étais
dans le déni »
« Qu’est-ce
qu’il s’est passé, Monsieur ?
-
Je suis
allé acheter ma consommation.
-
Vous
avez l’achetée dans le 19e arrondissement de Paris et vous habitez
Montreuil, pourquoi on vous interpelle à Montmagny ?
-
Je
devais rejoindre un ami, et j’y suis allé directement après avoir acheté.
-
Pourquoi
ne pas donner votre code d’accès à votre téléphone ?
-
Parce
que le dealer, c’est un ami d’enfance, je ne voulais pas le compromettre.
- Pourquoi vous achetez dans de telles
quantités (environ 200 grammes,
ndlr) ?
-
Parce
que c’est moins cher.
-
Vous
avez pensé à arrêter ?
-
J’ai vu
un addictologue dans le cadre de mon contrôle judiciaire.
-
En
janvier 2023, vous avez eu un sursis probatoire, et l’obligation de soins
figurait au nombre des obligations. Vous auriez dû le faire bien avant !
-
J’étais
dans le déni.
-
C’était
en comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité : vous étiez dans un
déni relatif. »
L’avocat de
la défense rectifie : « Il n’y a pas d’obligation de soins dans ce
sursis.
-
Oui,
vous avez raison. Vous en êtes où de votre consommation ?
- J’ai vraiment diminué mais pas vraiment
arrêté. » Chérif est
passé de quatre à un joint par jour.
Pas de client, pas de transaction, pas « d’offre ou cession »,
c’est la règle. Le parquet n’a pas cherché à savoir si le mis en cause
participait à un trafic et se contente de demander qu’il soit déclaré coupable
pour usage, détention, transport de stupéfiants et refus de donner le code de
déverrouillage de son téléphone. Son casier indique six condamnations : vol,
stup’, vol, stup’, stup’, vol, vol. La procureure demande 8 mois de prison,
aménageables.
À lire aussi : (75) Tribunal de Paris : « La réalité est floue, mais pour ma
cliente, elle est très palpable »
« Je
vois le mal dans ma consommation de cannabis »
La défense
voudrait qu’on ôte également la qualification de détention, puis souligne le
manque de sérieux de son client, un pauvre jeune addict qui laisse traîner une
plaquette de shit sur la banquette arrière - ce qui ne ferait pas très sérieux,
pour un dealer. Elle aimerait qu’il bénéficie d’un nouveau sursis probatoire et
rappelle cette phrase qu’a adressée Chérif à l’enquêtrice sociale rapide : « Depuis
que je me suis fait attraper, je vois le mal dans ma consommation de
cannabis ».
Le tribunal
mixte les peines demandées par accusation et défense : 12 mois, dont 8 mois
avec sursis probatoire. La partie ferme est aménagée sous la forme d’un
bracelet électronique à domicile (DDSE).
Julien Mucchielli
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