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Le 20
septembre dernier, une soixantaine de pays ratifiaient le BBNJ, traité portant
sur les enjeux de la biodiversité marine. Cet outil vient renforcer la CNUDM,
convention dont le 40e anniversaire avait été célébré en mai par l’institut monégasque Indemer, lors d’un colloque où l’importance de cet
« instrument juridique fondateur » avait été soulignée par le prince Albert II de Monaco.
Adopté en juin dernier, le BBNJ
(pour Biodiversity beyond national jurisdiction), surnommé « traité
sur la haute mer », a finalement été ratifié, le 20 septembre dernier,
à New York, par une soixantaine d’États – à l’instar de l’Allemagne, du Brésil,
de Singapour mais aussi de la France, qui a dépêché outre-Atlantique le
secrétaire d’État Hervé Berville. La signature de « 70 autres pays »
d’ici les prochaines semaines est attendue, précise le secrétariat d’État
chargé de la mer dans un communiqué, qui augure par ailleurs que le texte
« devrait être l’un des traités des Nations unies les plus importants
de ces prochaines décennies ».
Après des années de
négociations, les États-membres de l’UE s’étaient accordés sur le texte de ce
nouveau traité, en mars dernier à New York, destiné à assurer la conservation
et l'utilisation durable de la diversité biologique marine dans les eaux
internationales. « Cette action est une victoire pour le multilatéralisme et
pour les efforts mondiaux visant à contrer les tendances destructrices
auxquelles est confrontée la santé des océans, maintenant et pour les
générations à venir », avait déclaré António Guterres dans un communiqué
publié quelques heures après la conclusion de l'accord.
Un instrument d’application
renforçant la CNUDM
Ce
traité est en réalité le troisième instrument d’application qui vient renforcer
la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM), principal accord
international régissant les activités humaines en mer et dont le 40e
anniversaire a été fêté par l’Institut du droit économique de la mer
(Indemer) au mois de mai, lors du colloque international de
Monaco dédié à « l’obligation des États de protéger et préserver le
milieu marin ».
Lors de cet événement, le
secrétaire général adjoint aux affaires juridiques et conseiller juridique de
l’ONU, Miguel de Serpa Soares, a détaillé ce en quoi consistait le dispositif
de l’accord BBNJ. D’abord, a-t-il expliqué,
dans ce cadre, la Conférence des parties, qui rassemble les États parties à
l’accord, a pour fonction principale d’examiner et d’évaluer la mise en œuvre
de l’accord.
Le dispositif prévoit
également un organe scientifique et technique, « trait commun à de
nombreux accords multilatéraux dans le milieu marin », qui rend compte
à la Conférence de ses travaux, mais aussi un centre d’échanges, lequel
consiste principalement en une plateforme en libre accès permettant aux parties
d’obtenir, fournir, diffuser des informations, ainsi que d’ « autres
organes subsidiaires ».
« Maintenir l’héritage de la
Convention »
Le secrétaire général adjoint
a également souligné que le BBNJ est une étape importante, car il s’agit d’un
accord qui n’est « pas seulement un accord environnemental » :
en effet, en tant qu’accord se rapportant à la CNDUM pré-citée, il contribue
aussi à « développer le droit de la mer en précisant les modalités de mise
en œuvre de certaines dispositions de la Convention, dont l’obligation générale
des États de protéger et de
préserver le milieu marin et de coopérer dans la conduite de la recherche
marine ».
À ce titre, si Philippe
Weckel, professeur à l’Université Côte d’Azur et président du Conseil
scientifique de l’Indemer, a rappelé l’importance de la coopération internationale,
le spécialiste a également précisé que la particularité de la Convention résidait
dans l’établissement d’un « ordre juridique pour la mer » qui
ne peut se réaliser, a-t-il insisté, « que dans le respect de la souveraineté
de tous les États » ; c’est-à-dire en faisant appel à leur bonne
volonté, à leur sens des responsabilités, bien qu’ils soient « tenus
d’agir et d’exercer leur juridiction ». Ainsi, les activités marines
ont vocation à être organisées par le droit « pas seulement
international mais aussi national », a indiqué Philippe Weckel. Objectif :
arriver à un bon « ruissellement » de la Convention, « monument »
dont on « mésestime souvent l’importance », a-t-il regretté.
En écho, Albert II de Monaco
en personne, également présent lors du colloque, a qualifié le texte
d’ « instrument juridique fondateur » qui, lors de sa signature à Montego Bay, fin
1982, a symbolisé une « spectaculaire ouverture » en
recueillant près de 120 signatures : « Un tel soutien à l’époque
était totalement inédit », a-t-il mis en exergue. Désormais, a-t-il
considéré, il appartient donc aux États de « maintenir cet
héritage ». « L’anniversaire de la Convention est l’événement
par lequel les États ont réitéré leur promesse de tout mettre en œuvre pour la
préservation des mers et des océans afin que [ces derniers] puissent continuer
à jouer un rôle de régulateur pour le climat et pour la planète », a assuré
le prince souverain.
À noter par ailleurs que Philippe
Weckel a appelé à passer « d’une approche spéculative à opérative »,
c’est-à-dire du simple échange sur les connaissances à une dynamique de
l’action. Pour cela, il a ainsi plaidé pour un « rapprochement entre
juristes et scientifiques avec une logique d’action ». « Avec
le BBNJ, le constat doit être fait qu’un cycle s’achève », a pour sa
part commenté Elie Jarmache, membre du Conseil scientifique de l’Indemer.
« Les planètes se sont alignées, ce n’était pas gagné. Mais que
reste-t-il à faire ? L’histoire n’est pas finie. »
Bérengère
Margaritelli
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