Économie

Après l'explosion des ventes aux enchères en 2022, le marché s'est stabilisé


jeudi 28 mars 20245 min
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28/03/2024 18:00:51 1 11 4713 13 0 9056 4247 4405 « Réponses tardives et imprécises » : la commission d’enquête sur le narcotrafic épingle Bruno Le Maire Convoqué le 26 mars par la commission d’enquête sénatoriale sur le narcotrafic, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire est venu défendre l’engagement des services de Bercy dans la lutte contre ce phénomène, face à des sénateurs préoccupés et sceptiques sur l’efficacité de l’action de l’Etat.

« Risque de nouveaux Medellins au cœur de l’Europe », « gangrène qui gagne du terrain », « menace comparable à celle du terrorisme »... Bruno Le Maire n’a pas manqué d’images-chocs devant les sénateurs de la commission d’enquête sur le narcotrafic, ce mardi lors de son audition. Objectif : montrer que son ministère de l’Economie, à l’image du gouvernement, prend au sérieux la menace que les élus s'attèlent à documenter depuis plusieurs mois. Ces dernières semaines, l’exécutif affiche son activisme face aux trafiquants. Près d’un mois après l’audition en commission sénatoriale de magistrats marseillais, qui avait dit leur crainte d’être « en train de perdre la guerre contre le narcotrafic », se conclue à Marseille la première étape de l’opération « Place nette XXL », un vaste plan de lutte antistupéfiants, amené à se poursuivre ces prochaines semaines, partout en France.

Bruno Le Maire plaide pour les mesures déjà engagées

Des actions que Bruno Le Maire n’a pas manqué de saluer tout au long de son audition à la chambre haute, avant de tirer le bilan de son propre ministère dans la lutte contre le narcotrafic : 664 tonnes de drogues saisies depuis 2017, soit 5 milliards d’euros en valeur marchande. Le ministre a aussi mis en avant des renforcements d’effectifs au sein des douanes et du service de renseignement financier Tracfin. Techniquement, il assure que les moyens de surveillance aux frontières ont été modernisés avec le plan stup’ de 2019 et le plan de sécurisation des ports de 2023. Votée la même année, la loi douane aurait quant à elle permis « d'assouplir les procédures de saisies de solvants nécessaires aux drogues de synthèse, pour prévenir l’implantation de laboratoires sur le sol français, et élargi le recours aux techniques spéciales d'enquête, comme la captation d’images ou la sonorisation ».

Le ministre de l’Economie a cependant reconnu la nécessité de renforcer les moyens sur le plan juridique, en plaidant à nouveau pour la création d'une « procédure administrative » de gel des avoirs, déjà annoncée lors de ses vœux aux acteurs économiques début décembre. Si la mesure entre en vigueur, « des indices graves et concordants seront suffisants pour appliquer un gel des avoirs aux narcotrafiquants, aux gestionnaires financiers, aux gérants d'actifs, aux banques, assurances, notaires et agents immobiliers qui disposent des biens des narcotrafiquants », a assuré Bruno Le Maire. Les personnes soupçonnées seraient ciblées par Bercy et le ministère de l'Intérieur, l'autorité judiciaire étant simplement « associée à ces désignations ». « Ce nouvel instrument juridique serait un moyen d'entrave financière complémentaire à l'action judiciaire », insiste le ministre.

Les sénateurs s’interrogent sur la planification et le budget

Mais, après sept années passées aux affaires économiques, la réponse politique tardive du ministre suscite des interrogations, à commencer par celles du président de la commission d’enquête, Jérôme Durain. « Vous décrivez une situation alarmiste, mais les réactions amorcées sont tardives. Le présentation du plan stup’ II n’est pas encore programmée et la copie que nous avons pu nous procurer est assez famélique et imprécise », tacle le sénateur du groupe socialiste, écologiste et républicain. « Bercy a-t-il été associé à la production de ce plan ? Un certain nombre de mesures annoncées ces derniers jours n’y figurent pas explicitement, notamment celle du gel des avoirs », interroge l’élu. Sur ce point, le ministre a rappelé que son administration n’était associée qu’à 3 des 55 mesures du plan stup’, avant d’insister sur sa mesure-phare. « La procédure de gel des avoirs est une véritable révolution : passer par l’administratif et accepter une restriction des libertés publiques pour la protection de nos compatriotes », assène Bruno Le Maire, sans préciser de date pour son adoption au Parlement.

Interpellé par le rapporteur Etienne Blanc (LR) sur la question de la corruption, un sujet qui préoccupe grandement la commission d’enquête, Bruno Le Maire dit avoir demandé à l’Agence française anticorruption de lancer un audit sur les grands ports maritimes français, pour tester leurs processus de prévention et de détection du phénomène. « Une première », assure là encore le ministre. « Qu’en est-il des moyens capacitaires ? », demande en retour le président de la commission. « Nos nombreuses auditions montrent qu’il faut des moyens pour les policiers et la justice, alors que Bercy est engagé dans un grand plan d’économies [18 milliards d’euros pour 2024, ndlr]. Ne serait-il pas de bon ton d’investir dans la lutte contre le narcotrafic, pour aller capter ne serait-ce qu’une petite partie de ses 3,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel ? ». Si l’Etat devait investir, ce serait avant tout dans des technologies de pointe pour améliorer les capacités d’enquête - scanners mobiles, écoute de conversations cryptées - rétorque Bruno Le Maire, avant de confirmer sa doctrine budgétaire : « vers un Etat protecteur et non plus providence ».

Delphine Schiltz

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