Économie

Augustin de Romanet prend les rênes du Cercle Turgot


mardi 26 septembre 20237 min
Écouter l'article
26/09/2023 17:36:50 1 11 3990 23 0 Le PDG d’ADP a pris la relève de Jean-Louis Chambon pour présider l'association (capture Youtube) 2605 3630 3753 INTERVIEW. 78e congrès des experts-comptables : « La facture électronique est la dernière marche de la digitalisation des cabinets »

Lancé mercredi matin, ce temps fort de la profession se déroule jusqu’à vendredi au parc des expositions de Montpellier. Un congrès axé sur la digitalisation des cabinets d’expertise comptable, à l’approche de la généralisation de la facture électronique. L’un de ses rapporteurs, Dominique Périer, nous en explique les enjeux.

JSS : Le congrès est cette année dédié en grande partie à la facture électronique, qui doit être généralisée dans les prochains mois, alors que la date initiale – le 1er juillet 2024 – a été abandonnée et qu’une nouvelle date doit être annoncée prochainement. Comment la profession s'est-elle préparée à cette généralisation ?

Dominique Périer : En effet, la généralisation a finalement été reportée. Apprendre une telle nouvelle au mois de juillet alors nous travaillons sur ce sujet depuis un certain nombre de mois voire d’années, c’est un peu vexant.

Pour répondre à votre question, notre profession est en cours d’adaptation. C’est d’ailleurs tout l’intérêt du congrès cette année : aider les confrères à prendre en main le sujet, qui est primordial. On a travaillé dur à ce titre, et j'espère que cela va fonctionner ! Ce qui est très rassurant, c'est que le nombre d'inscrits montre que la profession se mobilise sur cette question, puisqu’il s’agit du plus gros congrès qui n'ait jamais eu lieu.

Deux points seront plus particulièrement évoqués. Tout d’abord, le volet fiscal (au sujet de la remontée des factures directement à Bercy pour le calcul de la TVA, ndlr). L’autre axe concerne la partie business, puisque la facturation électronique n'est que, selon moi, la dernière marche de la digitalisation des entreprises et de l'économie. Les cabinets d’expertise-comptable se sont approprié ce sujet depuis plusieurs années, notamment en matière de liasse fiscale, de fiches de paye et de relevés bancaires, qui sont automatisés dans une majorité d’entre eux. Il manquait le dernier élément que sont les factures.

Je pense que le congrès va permettre aux confrères d’appréhender un peu plus cette partie-là, laquelle va avoir pour conséquence un meilleur accompagnement des entreprises et un changement dans l’organisation des cabinets.

JSS : En quoi l’organisation au sein des cabinets sera-t-elle différente ?

D.P : La facture électronique emporte un sujet d’accélération des flux. Cela va aussi faciliter un certain nombre de traitements, car nous allons pouvoir récupérer de la data auprès des factures, ce qui va faciliter un certain nombre de choses.

Aussi, à partir du moment où un système complet de digitalisation est en place, les cabinets vont devoir repenser leurs processus. Hier, on ne pouvait travailler qu’une fois que l'on avait les éléments en notre possession, ce qui arrivait une fois par mois, par trimestre ou par an, selon le client. On traitait donc les éléments comptables avec du décalage - voire beaucoup de décalage, dans certains cas. Demain, avec la facture électronique, on aura tout au fur et à mesure. Il n’y aura plus de problématique de report puisque tout se fera à l'instant T. On pourra accompagner les clients au fil de l’eau, et sans délai.

De fait, ceux-ci vont nous demander plus d'informations, et plus rapidement, au même titre que le public souhaite avoir une information plus rapidement depuis qu’Internet et les réseaux sociaux sont arrivés.

Les confrères vont devoir repenser l'organisation de leur cabinet tant sur les processus que sur la relation client et les ressources humaines, à travers des formations pour acquérir de nouvelles compétences. Peut-être qu'il faudra aussi créer des postes ou des profils qui n'existent pas aujourd'hui car de nouveaux métiers vont apparaître.

JSS : Au-delà de la profession, les entreprises sont-elles prêtes ?

D.P : Celles avec qui on en parle, oui. Elles voient cette généralisation sous un angle bénéfique par rapport aux principes de la digitalisation des éléments et de la facilitation des transferts de flux. Sur le sujet fiscal, les PME-TPE attendent beaucoup des experts-comptables pour qu'on les accompagne dans cette bascule.


Dominique Périer est l'un des deux rapporteurs du 78e congrès des experts-comptables

Pour ce qui est des grandes entreprises, certaines ne sont pas encore prêtes mais ne sont pas contre le modèle. Elles sont plutôt confrontées à une problématique de délai de mise en place pour que cela fonctionne correctement. Globalement, je pense que les entreprises sont plutôt favorables à cette mutation.

JSS : Vous avez été à l'initiative de la plateforme "jefacture.com". Quel est son but ?

D.P : Cette plateforme, que l'on a initiée il y cinq ans, est gérée par une filiale de l'Ordre. Son objectif est de faciliter la vie des entreprises et des cabinets. Les entreprises déposent leurs factures dessus, puis elles sont analysées et validées. Les informations nécessaires à la déclaration de la TVA sont ensuite envoyées à Bercy, puisque l’avantage principal de l’administration est de limiter la fraude à la TVA. Et les entreprises peuvent recevoir la facture en direct par mail lorsqu’elle est validée.

La plateforme a candidaté auprès de l’administration pour devenir une plateforme de dématérialisation partenaire (PDP).

JSS : La data fait partie des autres thèmes phares du congrès. Comment l'expert-comptable peut-il tirer profit de l'explosion du nombre de données traitées en raison de la généralisation de la facture électronique ?

D.P : Les données récupérées leur permettront de faire des analyses statistiques, à condition d’avoir un « data lake » (un emplacement de stockage de données en grande quantité, ndlr), car il faut que l'échantillon que l'on utilise soit suffisamment conséquent pour pouvoir faire des comparatifs. Ce qui veut dire que les données obtenues sur un dossier pourraient être comparées sur un secteur d'activité particulier ou une région. Cela peut permettre de vérifier si son client est dans les clous ou non.

Il va falloir que nous apprenions à traiter et analyser tous ces nouveaux éléments différemment et à être réactifs auprès de nos clients. Les intelligences artificielles qui existent aujourd'hui vont nous préparer des tableaux d’analyses. Mais il va manquer la valeur ajoutée que nous, experts-comptables, apportons, c’est-à-dire l’expérience que l’on a sur les dossiers et sur le marché, pour accompagner nos clients au mieux.

JSS : Le Guichet unique des entreprises a connu des difficultés depuis son lancement au début de l'année. Quelles conséquences pour les experts-comptables ?

D.P : Dans notre cabinet, nous avons eu beaucoup de difficultés et avons pris du retard dans le traitement des dossiers au niveau du service juridique. Les clients sont tout à fait au courant de ce qui se passe, mais cela tend forcément les relations et cela oblige à revenir sur les dossiers, à vérifier que tout va bien fonctionner. C'était malgré tout un beau chantier qui nous a largement occupés. Il a fallu gérer les équipes du service juridique qui étaient sous tension.

Actuellement, ce n’est pas terminé et il reste encore quelques sujets à traiter. Mais globalement, on est sur la phase positive du projet.

JSS : Le Conseil a lancé en juillet dernier le réseau des ambassadeurs du climat. Quel est son objectif ?

D.P : Vu de ma fenêtre, le but des ambassadeurs du climat et de parler et de diffuser de l'information auprès des cabinets des entreprises pour motiver les entreprises à rentrer dans ce monde d'adaptation de nos pratiques, et limiter au mieux les impacts que nos actions ont aujourd'hui sur le climat.

C’est un sujet dont la profession s’est emparée et cela accélère très vite. Cela fait partie des éléments qui intéressent les jeunes : si on leur montre que l’on a une démarche RSE, on peut capter leur intérêt.

JSS : Le CNOEC a lancé un label "L'école de la profession", dans le but d'offrir une plus grande visibilité aux établissements enseignant les métiers de l'expertise comptable. Selon vous, quelles sont les autres stratégies à mettre en place pour améliorer l'attractivité de la profession ?

D.P : Le sujet de l’attractivité de la profession fait clairement partie des problématiques. Initier une réflexion dans les écoles est une piste intéressante. Il faut rencontrer les jeunes, et se focaliser sur ceux qui rejoignent la profession.

Il faudrait aussi adapter l'enseignement, mais c’est une problématique du ministère de l'Éducation nationale. Si on veut attirer davantage, il faut travailler sur la partie RH.

JSS : Quelles autres actualités ayant marqué la profession ces 12 derniers mois retenez-vous ?

D.P : L'inflation et l'accompagnement des clients sont au cœur de nos préoccupations. Avec toutes les aides supplémentaires qui ont été accordées aux entreprises, cela rajoute toujours plus de couches administratives, pour le bien - ou pas - des entreprises. La demande d’accès à ces aides n’est pas d'une grande simplicité, mais il est important d’accompagner nos clients.

Propos recueillis par Alexis Duvauchelle

Partager l'article


0 Commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Abonnez-vous à la Newsletter !

Recevez gratuitement un concentré d’actualité chaque semaine.