Article précédent

L'an dernier, la baisse des créations d’entreprises s’est poursuivie, en même
temps que l’augmentation des sociétés en difficulté, qui atteint + 35 %.
Alors que le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a annoncé dimanche la prolongation, jusqu'en 2026, de l'accord avec les banques permettant aux entreprises de repousser leurs échéances de prêts garantis par l'Etat, le Baromètre national des entreprises, réalisé par le Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce (CNGTC) et Xerfi Specific vient de paraître.
Ce thermomètre qui révèle les grandes tendances économiques sur les
onze premiers mois de l’année 2023 vient confirmer que la marche initiée en
2022 se poursuit.
46 000 entreprises en
procédure collective
En effet, après une année 2022
difficile, la situation a été bien morose pour les entreprises françaises en
2023.
Bien que les entreprises
maintiennent leurs investissements malgré un contexte financier défavorable, la
plupart des indicateurs avancés montrent une détérioration de la situation,
notamment traduite par l’augmentation impressionnante des procédures collectives.
Le nombre d’entreprises en
difficulté bondit ainsi de 35 % par rapport à 2022, nous apprend le baromètre.
Plus de 46 000 entreprises ont été recensées. Parmi les secteurs les plus
durement touchés, celui de l’hébergement et de la restauration (+44 %) pâtit
d’une difficulté à recruter du personnel et d’une saison estivale plus timide
que prévu. Le secteur de l’information et de la communication (+43 %) est lui
aussi à la peine, tout comme le secteur de la construction (+38 %), qui souffre
principalement de l’augmentation du prix des matières premières.
80 % des procédures
collectives aboutissent par ailleurs à une liquidation judiciaire, un chiffre
en augmentation de 31 % par rapport à 2022. Cette fois, ce sont
particulièrement les secteurs de l’immobilier et du bâtiment qui sont les plus
exposés, en proie à l’atonie du marché immobilier liée à l’inflation et
l’augmentation des taux d’intérêts.
Le nombre de créations
d’entreprises connaît quant à lui un certain recul (-5 % par rapport à 2022), preuve
que la conjoncture actuelle agit aussi négativement sur les nouveaux projets
entrepreneuriaux. Cette diminution touche là encore particulièrement les
secteurs de l’immobilier (-26 %), mais également, plus étonnant, l’enseignement,
la santé et l’action sociale (-15 %).
Un recul marqué des
radiations
Sur un plan plus positif, le
baromètre témoigne à l’inverse d’une baisse du nombre de radiations (-19 %) sur
l’année 2023. Une baisse qui touche l’ensemble des secteurs économiques, qui
viendrait démontrer que la remise à niveau succédant aux années perturbées de
l’après-Covid est en voie d’achèvement. 55 % de ces radiations sont d’ailleurs
des radiations volontaires, là où les radiations d’office (-35 %) ou faisant
suite à une procédure collective (-25 %) reculent fortement.
40 % des radiations recensées
entre le 1er janvier et le 30 novembre 2023 touchent par ailleurs de jeunes
entreprises créées depuis 2020, mettant en évidence la vulnérabilité des
structures les plus récentes, mais qui relève aussi d’un phénomène de « dégonflement
» de la bulle des créations dans la foulée de la crise Covid. Ces radiations
touchent particulièrement des services prédominants pendant la pandémie,
notamment la livraison (9 801 radiations), la vente sur internet (8 293) ou la
restauration rapide (4 205).
La France reste en état
d’alerte, notamment en Outre-mer
Croissance des entreprises en
difficulté, baisse des radiations, repli limité des créations : ce tableau
général s’est vérifié à peu près dans toutes les régions sur les onze premiers
mois de 2023. Le Baromètre national des entreprises souligne toutefois certaines
disparités territoriales. Ainsi, du 1er janvier au 30 novembre 2023, certaines
régions comme l’Occitanie (-8,3%), la Bretagne (-8,7%) et les Pays de la Loire
(-10%) ont connu une forte baisse du nombre d’immatriculations d’entreprises.
Par ailleurs, aucune région
française n’a été épargnée par la hausse du nombre d’entreprises en difficulté.
Le Grand Est s’en sort le mieux, avec une hausse limitée à +20,8 % par rapport
à l’année 2022, tout comme les Hauts-de-France (+21,0%). La vigilance reste de
mise ailleurs, notamment pour certaines régions d’Outre-Mer comme la Réunion
(+48,3%) ou la Martinique (+55,3%). La Corse confirme par ailleurs les
tendances aperçues sur les précédents trimestres, enregistrant ainsi une forte
hausse de +57,4% du nombre d’entreprises en difficulté. À l’inverse, l’île a vu
son nombre de radiations diminuer de -21,4% par rapport à l’année dernière.
Pour ce qui relève des
radiations, l’ensemble des régions métropolitaines françaises a connu une
baisse générale de leur nombre. L’Outre-Mer, en revanche, connaît sur 2023 une
forte hausse de ces radiations, notamment la Guyane, avec +130,5%.
2024 démarre ainsi sur des
bases fragiles, avec une croissance prévue faible. Malgré la baisse de
l'inflation, l'année sera marquée par les effets de l'augmentation des taux
d'intérêt et le retournement de la courbe du chômage.
THÉMATIQUES ASSOCIÉES
Infos locales, analyses et enquêtes : restez informé(e) sans limite.
Recevez gratuitement un concentré d’actualité chaque semaine.
0 Commentaire
Laisser un commentaire
Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *