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Baromètre CNGTC : 2023, une année bien morose pour les entreprises


lundi 8 janvier 20244 min
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L'an dernier, la baisse des créations d’entreprises s’est poursuivie, en même temps que l’augmentation des sociétés en difficulté, qui atteint + 35 %.

Alors que le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a annoncé dimanche la prolongation, jusqu'en 2026, de l'accord avec les banques permettant aux entreprises de repousser leurs échéances de prêts garantis par l'Etat, le Baromètre national des entreprises, réalisé par le Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce (CNGTC) et Xerfi Specific vient de paraître. 

Ce thermomètre qui révèle les grandes tendances économiques sur les onze premiers mois de l’année 2023 vient confirmer que la marche initiée en 2022 se poursuit.

46 000 entreprises en procédure collective

En effet, après une année 2022 difficile, la situation a été bien morose pour les entreprises françaises en 2023.

Bien que les entreprises maintiennent leurs investissements malgré un contexte financier défavorable, la plupart des indicateurs avancés montrent une détérioration de la situation, notamment traduite par l’augmentation impressionnante des procédures collectives.

Le nombre d’entreprises en difficulté bondit ainsi de 35 % par rapport à 2022, nous apprend le baromètre. Plus de 46 000 entreprises ont été recensées. Parmi les secteurs les plus durement touchés, celui de l’hébergement et de la restauration (+44 %) pâtit d’une difficulté à recruter du personnel et d’une saison estivale plus timide que prévu. Le secteur de l’information et de la communication (+43 %) est lui aussi à la peine, tout comme le secteur de la construction (+38 %), qui souffre principalement de l’augmentation du prix des matières premières. 

80 % des procédures collectives aboutissent par ailleurs à une liquidation judiciaire, un chiffre en augmentation de 31 % par rapport à 2022. Cette fois, ce sont particulièrement les secteurs de l’immobilier et du bâtiment qui sont les plus exposés, en proie à l’atonie du marché immobilier liée à l’inflation et l’augmentation des taux d’intérêts.

Le nombre de créations d’entreprises connaît quant à lui un certain recul (-5 % par rapport à 2022), preuve que la conjoncture actuelle agit aussi négativement sur les nouveaux projets entrepreneuriaux. Cette diminution touche là encore particulièrement les secteurs de l’immobilier (-26 %), mais également, plus étonnant, l’enseignement, la santé et l’action sociale (-15 %).

Un recul marqué des radiations

Sur un plan plus positif, le baromètre témoigne à l’inverse d’une baisse du nombre de radiations (-19 %) sur l’année 2023. Une baisse qui touche l’ensemble des secteurs économiques, qui viendrait démontrer que la remise à niveau succédant aux années perturbées de l’après-Covid est en voie d’achèvement. 55 % de ces radiations sont d’ailleurs des radiations volontaires, là où les radiations d’office (-35 %) ou faisant suite à une procédure collective (-25 %) reculent fortement.

40 % des radiations recensées entre le 1er janvier et le 30 novembre 2023 touchent par ailleurs de jeunes entreprises créées depuis 2020, mettant en évidence la vulnérabilité des structures les plus récentes, mais qui relève aussi d’un phénomène de « dégonflement » de la bulle des créations dans la foulée de la crise Covid. Ces radiations touchent particulièrement des services prédominants pendant la pandémie, notamment la livraison (9 801 radiations), la vente sur internet (8 293) ou la restauration rapide (4 205).

La France reste en état d’alerte, notamment en Outre-mer

Croissance des entreprises en difficulté, baisse des radiations, repli limité des créations : ce tableau général s’est vérifié à peu près dans toutes les régions sur les onze premiers mois de 2023. Le Baromètre national des entreprises souligne toutefois certaines disparités territoriales. Ainsi, du 1er janvier au 30 novembre 2023, certaines régions comme l’Occitanie (-8,3%), la Bretagne (-8,7%) et les Pays de la Loire (-10%) ont connu une forte baisse du nombre d’immatriculations d’entreprises.

Par ailleurs, aucune région française n’a été épargnée par la hausse du nombre d’entreprises en difficulté. Le Grand Est s’en sort le mieux, avec une hausse limitée à +20,8 % par rapport à l’année 2022, tout comme les Hauts-de-France (+21,0%). La vigilance reste de mise ailleurs, notamment pour certaines régions d’Outre-Mer comme la Réunion (+48,3%) ou la Martinique (+55,3%). La Corse confirme par ailleurs les tendances aperçues sur les précédents trimestres, enregistrant ainsi une forte hausse de +57,4% du nombre d’entreprises en difficulté. À l’inverse, l’île a vu son nombre de radiations diminuer de -21,4% par rapport à l’année dernière.

Pour ce qui relève des radiations, l’ensemble des régions métropolitaines françaises a connu une baisse générale de leur nombre. L’Outre-Mer, en revanche, connaît sur 2023 une forte hausse de ces radiations, notamment la Guyane, avec +130,5%.

2024 démarre ainsi sur des bases fragiles, avec une croissance prévue faible. Malgré la baisse de l'inflation, l'année sera marquée par les effets de l'augmentation des taux d'intérêt et le retournement de la courbe du chômage.


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